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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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endroits elles se rejoignaient pour peindre des sections entières de la cour d’une gélatine noirâtre. Ici et là demeuraient les traces de bâtiments plus petits, démolis soit à dessein, soit par les tirs des canons. Leurs pierres avaient été utilisées pour renforcer les vagues murets qui zigzaguaient un peu partout dans cet espace ouvert, car il restait à peine un pied carré à n’être pas désormais sous le feu des mousquets turcs.
    Sur leur droite, le mur nord-ouest était ouvert de trous béants, et un second rempart avait été érigé derrière lui avec des pierres arrachées ailleurs, de la terre, des poutres à moitié déchiquetées et des paillasses. Cet ouvrage défensif n’était pas gardé pour l’instant et il avait l’air d’une folie érigée par un dément et abandonnée dans un instant d’irritation.
    Côté sud, faisant face aux avant-postes capturés et aux principales positions turques sur le mont Sciberras, le mur d’enceinte ne pouvait plus vraiment être décrit comme un mur, mais plutôt comme un vaste tas de cailloux – convenant mieux à des troglodytes qu’à une armée moderne – remontés pour former une sorte de remblai défensif brut. Sous leurs yeux, des chaînes d’esclaves s’épuisaient au clair de lune, sous les sifflets et le fouet, nus et comme des fantômes, couverts qu’ils étaient d’une croûte de poussière collée par la sueur et le sang, passant des blocs de maçonnerie de mains sanglantes en mains sanglantes, jusqu’à ce que les pierres regagnent le rempart d’où elles étaient tombées. Le bord de l’avant-poste en forme de V pris par les Turcs était désormais plus haut que les défenses chrétiennes. De derrière ce voile protecteur provenaient les aboiements intermittents de tirs de mousquets hostiles.
    Mais l’avant-poste était une diversion. Le gros de l’attaque de nuit de Mustapha était dirigé contre une énorme brèche dans la pointe occidentale du saillant sud du fort. C’était là que la lumière des flammes, la brillance des explosions et le désespoir des combats étaient les plus intenses.
    En ce jour, la garnison comprenait peut-être cinq cents miliciens maltais – dont le courage et la ténacité avaient surpris tout le monde, et les Turcs les premiers –, plus deux cent cinquante des légendaires tercios espagnols et à peu près quatre-vingts chevaliers de l’ordre. La moitié de cet ensemble était engagée pour repousser les vagues d’assauts. Des sentinelles étaient postées à divers points du périmètre pour signaler une éventuelle attaque secondaire. Quelques canons chrétiens mugissaient depuis leurs emplacements précaires et dévastés. La plupart des réserves étaient installées à l’abri du mur ouest et protégées des tireurs d’élite par les murets et les fortifications intérieures improvisées. Des esclaves chrétiens affranchis – criminels, homosexuels, hérétiques – étaient employés à ramasser les projectiles dans la cour pour alimenter les canons. Des Juifs libérés étaient employés comme brancardiers et faisaient un va-et-vient incessant vers le front, courbés sur leurs brancards, emportant les hommes touchés vers un solide bâtiment, proéminent parmi ceux qui étaient accolés sous le mur nord, côté mer.
    Les yeux de Tannhauser scrutaient la mêlée sauvage et tempétueuse. Où pouvait bien être Orlandu dans de tels ravages ? Il n’avait aucun talent de combattant et guère de force. Face à un danger si omniprésent, il avait très bien pu subir le même sort que les morts entassés en abondance près de l’enceinte.
    « Toi qui connais Orlandu, dit-il, où l’aurais-tu assigné ? »
    Bors fronça les sourcils. « Au transport de poudre ? Ou comme porteur d’eau ? »
    Tannhauser avait repéré quatre batteries à l’intérieur du fort. Il y en avait une cinquième, comprit-il, sur un cavalier élevé à l’extérieur de l’enceinte et relié par un pont au mur septentrional, côté mer. Cela ne faisait qu’une journée qu’Orlandu était ici. « La poudre, je n’y crois pas. Il faut apprendre trop de choses et c’est terriblement hasardeux. »
    Bors était trop content de partager cet avis. « Porteur d’eau le placerait en plein dans la bagarre. »
     
    L’INTÉRIEUR DE LA CHAPELLE tremblotait sous les lueurs des chandelles et était parfumé d’encens et de fumée de thym. Les bancs avaient été retirés pour

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