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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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avait pas de musulmans à cette époque, l’informa Tannhauser. Il n’y avait qu’une douzaine de chrétiens, ou à peu près. »
    Bors prit cela pour une plaisanterie. « Mais plein de garces, de ça on peut être sûr. »
    Tannhauser épaula et visa en regardant les rameurs corsaires qui trouvaient leur rythme et commençaient à faire filer leur barque. Les Algériens se présentaient par le travers. Pour pouvoir se remettre proue devant, il fallait qu’ils virent, de tribord vers bâbord, mais sans le barreur pour les guider la plus grande confusion régnait. Un autre homme bondit pour prendre le gouvernail et Tannhauser, qui attendait une telle manœuvre, fit feu quand il était en haut de la vague, expédiant l’homme au milieu de ses compatriotes, toussant du sang. La collision était désormais inévitable. Il glissa le mousquet en travers du banc sous ses cuisses, espérant le maintenir au sec. Il saisit les deux plats-bords, les pieds bien calés, et s’accrocha, se cramponnant à la vie. Bors enfonça la mèche de son arme, encore allumée, dans le revers de sa botte et attendit la suite. Des flèches volaient vers eux et venaient se planter dans la proue. Ils parcoururent les cent derniers pieds à une vitesse alarmante, irrésistible. La rangée de rames musulmanes brassait l’eau juste devant eux. Leur chaloupe filait à la surface de l’eau. Aiguabella poussa un rugissement et Tannhauser entendit le cliquetis des dames de nage quand leurs rameurs soulevèrent leurs rames.
    Les dents des corsaires étincelaient dans leurs visages féroces, des Algériens d’après leur allure, et une douzaine de mousquets tardifs firent feu, sauvagement. Du bois éclata en charpie d’échardes et Tannhauser s’accrocha à la vie quand la proue se souleva devant lui, ses entrailles dégringolèrent, et tout ce qu’il put voir fut un éclair du ciel criblé d’étoiles. Il y eut des cris et des jurons et le rugissement de la mer qui s’abattait sur les corsaires. Son estomac remonta quand la proue replongea vers le bas. Il se retrouva trempé par les énormes éclaboussures de l’eau escaladant la coque. Ils étaient de nouveau à niveau, roulant et tanguant, mais à flot, et il entendit les rames se remettre en place pour les stabiliser. Il se retourna.
    Dans leur sillage flottait la quille de la barque corsaire retournée. Autour d’elle, un groupe d’hommes désespérés pataugeaient en éclaboussant partout, bouches ouvertes. Des survivants du premier bateau chrétien éclata un chœur de hourras. Aiguabella demanda au barreur de faire demi-tour et l’équipage se leva de ses bancs comme de terribles harponneurs, et pendant que les Algériens balbutiaient leurs dernières oraisons, les Maltais les achevèrent à coups de rames.
     
    ILS S’AMARRÈRENT au quai de Saint-Elme et le soulagement de Tannhauser en sentant la terre ferme sous ses pieds fut indescriptible. Au-delà de la silhouette menaçante et dévastée du fort en ruine, une lueur jaune sauvage envahissait le ciel enfumé. De grands pans de maçonnerie arrachés aux remparts s’empilaient, à moitié submergés, au bas de la pointe rocheuse sur laquelle le mur était construit. L’accueil qu’on leur réserva fut chaleureux mais bref et ils grimpèrent les marches taillées dans la pierre derrière Aiguabella et ses frères chevaliers. Sur la terre ferme, les chevaliers étaient aussi agiles que des chèvres, malgré leur armure. Tannhauser portait sur son dos son casque et sa cuirasse, qu’il n’avait pas passés dans le bateau par crainte de l’eau.
    « Si nous allons dans le chaudron, je veux un peu plus d’acier que ça sur ma peau.
    – Eh bien, dit Bors, allons nous trouver quelques morts. »
    Quand ils atteignirent la porte, Tannhauser demanda aux gardes où se trouvait l’hôpital de campagne, et on le dirigea vers la chapelle située à l’extrémité nord du fort. Ils passèrent la poterne et là ils s’arrêtèrent, bouche bée, le spectacle qu’ils avaient sous les yeux étant visible par très peu d’hommes. Et, de ceux-là, encore moins resteraient en vie pour le raconter.
    La cour intérieure du fort était une étendue désertique crevée de cratères sur laquelle aucun homme n’osait s’aventurer. Ses dalles éclatées et pulvérisées étaient jonchées de boulets de fer et de granit, certains assez gros pour s’asseoir dessus, et maculées de taches sinistres si nombreuses que par

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