Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
Vom Netzwerk:
l’aigremoine. Faites bouillir le cataplasme dans les proportions d’une once pour deux onces de vin et, après avoir mélangé avec une pincée de sel, attachez les herbes sur la blessure. Le vin qui reste peut être administré en décoction, une cuiller matin et soir suffit. »
    Jurien de Lyon, familier de ce régime, hocha la tête pour exprimer sa gratitude.
    Tannhauser sortit ensuite un flacon de verre hermétiquement fermé, plein d’une huile rouge grenat. « Huile d’Hispanus : graines de lin et extraits de camomille augmentés de baies de laurier, de bétoine, de cannelle et de moût de Saint-Jean. Quelques gouttes prises dans du vin noir, trois fois par jour, aident à soulager les blessures en contractant les nerfs qui les enflamment. Gardez-le bien fermé, sinon ses vertus s’évaporent et disparaissent. »
    Il y eut soudain un tel fracas venu du vestibule qu’il coupa court aux gémissements de douleur, et le malaise qui s’ensuivit poussa Tannhauser à être plus généreux que nécessaire dans son dernier don. Il sortit de son sac deux plaques d’opium emballées dans du tissu huilé.
    « Ceci n’a pas besoin que je vous le présente. Opium des champs de pavot d’Iran. »
    Jurien fit presque un pas en arrière. « Frère Mattias, vous êtes l’envoyé des cieux.
    – Comme toutes les merveilles de cette sorte, le pavot est une libéralité de Dieu, même s’il fleurit le mieux sur les terres des diables chiites. Acceptez ces modestes contributions, donc, de la part de votre frère allemand. »
    Malgré un dernier regard circonspect vers le sac, Jurien était très ému par cette générosité et il lui assura que toute faveur demandée lui serait accordée. Comme il jugeait l’homme incapable du moindre écart, Tannhauser boucla son sac et le confia à la garde de Jurien.
    En retraversant le vestibule, il commit l’impensable en volant l’épée d’un chevalier mort. Il la choisit d’instinct, et donc il choisit bien. Même dans son fourreau, l’épée semblait une extension de son bras. Sa propre rapière, de Julian del Rey, était sans égale dans un combat de rue, mais trop délicate pour l’ouvrage qui l’attendait. Pour la bataille, il fallait un instrument qui ait la résistance d’un soc de charrue. Il laissa la del Rey près du cadavre et se faufila dehors.
    Il retrouva Bors dans une allée près de la chapelle, debout au milieu d’un amas d’acier et essayant d’introduire ses pieds gros comme des barques dans une paire de sabatons en forme de pattes d’ours. Tannhauser les trouvait assez grands pour recouvrir ses propres bottes et examina le reste de la collection. Il n’y avait pas de jambières assez longues pour lui convenir, il fit donc sauter quelques rivets pour démonter diverses plaques, roula ses bottes jusqu’à ses genoux, et enfonça une paire de jambières dedans. Il trouva des genouillères qui pouvaient être remodelées facilement pour s’accommoder à ses genoux. Il remonta ses bottes jusqu’à l’aine, et glissa des cuissardes d’acier sur leur devant. L’ensemble bougeait un peu ici et là, mais était largement préférable à un coup de cimeterre en travers des tibias. Il défit son propre paquetage et revêtit sa cuirasse striée qui avait été forgée à Nuremberg par Kunz Grunwalt. Bors l’aida à boucler les épaulières et les hauts-de-bras. Il abandonna les sabatons mais lutta pour la seule paire de gantelets qui pouvait aller à l’un d’eux. À cause du mousquet de Damas, Tannhauser gagna et les passa dans sa ceinture. Bors trouva une paire de mitaines de fer et s’en contenta. Leurs casques étaient des morions, avec une haute crête, laissant le visage découvert, mais protégeant les joues et la mâchoire avec des gardes d’acier attachées sous le menton par des rubans de soie rouge. Tous deux plus lourds d’une cinquantaine de livres, ils prirent leurs longs fusils et commencèrent à avancer vers le périmètre ouest, vers les flammes.
    En passant devant les réserves, ils s’enquirent d’Orlandu. Personne ne le connaissait. C’était de la chair fraîche, et nul ne s’en souciait. La mathématique séculaire était à l’œuvre : plus longtemps vous surviviez, plus longtemps vous aviez de chances de survivre. Dans des conditions d’une telle sévérité, où huit heures d’assaut suivaient immédiatement douze heures de bombardement, les vétérans étaient forgés en deux jours,

Weitere Kostenlose Bücher