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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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et d’hommes désespérés, rames valsant en tout sens, dérivant sans direction, alors que les Turcs, en panne à trente pieds, rechargeaient leurs armes. Un groupe d’archers turcs criblaient les survivants chrétiens stupéfaits de volées de flèches vicieuses jaillies de leurs arcs de corne. Il y avait peu d’armes à feu sur les bateaux chrétiens, les mousquets de Saint-Elme passant directement des morts aux vivants. Le second bateau s’éloignait rapidement du premier, ramant avec force vers le quai de Saint-Elme. Un choix avisé dans de telles circonstances. Il y avait plus que de fortes chances pour que la barque de Tannhauser reçoive la seconde volée de balles. Ensuite les Turcs auraient tout loisir de les exterminer tous. Bors épaula le mousquet de Damas.
    Tannhauser l’arrêta. « Garde ta balle, mon vieux.
    – Je ne suis pas venu aussi loin pour me noyer comme un foutu marin.
    – Moi non plus. »
    Ils étaient assis sur le premier tiers avant du bateau, près de cinq frères de la langue aragonaise vêtus de leur tenue de combat complète. Le  caballero Geronimus Aiguabella, du prieuré de Gerona, commandait. Tannhauser lui saisit l’épaule et Aiguabella, un fanatique au visage en lame de couteau et aux yeux noirs comme des perles de rosaire, se retourna pour l’écouter.
    « Déplacez vos frères vers la poupe, pour que leur poids soulève la proue. » Tannhauser accompagna ses mots de gestes pour préciser la manœuvre. « Puis ordonnez à l’homme de barre de viser la barque turque en plein milieu, en oblique. Vous comprenez ? »
    Aiguabella cligna des yeux et regarda l’eau pour envisager l’idée de Tannhauser.
    « Au dernier moment, sur votre ordre, nos rameurs devront rentrer leurs rames, dit Tannhauser. Les rames des Turcs formeront une rampe qui nous fera passer par-dessus, et le bateau des infidèles se renversera dans notre sillage. »
    Aiguabella était tout oreilles, mais il le regardait d’un air dubitatif.
    « C’est ça, ou essuyer leur feu, ajouta Tannhauser. Si nous ralentissons assez pour essayer de les prendre au corps à corps, ils nous tireront comme des lapins.
    – Bueno  », dit Aiguabella.
    Il lança des ordres à ses chevaliers et mena la procession maladroite et cliquetante vers la poupe. Le timonier maltais, chantant le rythme d’une voix calme et saumâtre, avait déjà lancé les rameurs à pleine vitesse. Le sifflement de leurs respirations accompagnait le raclement des dames de nage, et de l’écume jaillissait sur les plats-bords à chaque coup. Si quelqu’un voulait tenter une manœuvre si hasardeuse en mer, songea Tannhauser, il ne pouvait pas souhaiter mieux qu’un Maltais à la barre. Tandis qu’il préparait son mousquet, la chaloupe changea de trajectoire pour filer droit sur le bateau turc, maintenant à moins de deux cents pieds. Bors et lui étaient désormais tout à l’avant de leur équipage, et ils pouvaient voir les mousquetaires musulmans qui bataillaient pour recharger leurs armes, les bourrer et les allumer. Ils étaient une quarantaine, vêtus de costumes bariolés et hétéroclites. Des cris d’alarme furent échangés quand ils virent que la proue de la barque chrétienne écumait le vif-argent de l’eau à toute vitesse, et leur frénésie augmenta, leurs rameurs relevant les lames de leurs rames pour reprendre de la vitesse.
    « Des corsaires ! » dit Bors. Il poussa l’allumage de son arme jusqu’à un jaune intense. « C’est agréable de leur faire un tour de corsaire !
    – Leur barreur, tu le vois ? demanda Tannhauser.
    – Oh oui », répondit Bors.
    Bors cala son pied contre un banc, posa son coude sur son genou et épaula son arme. Il suivit le balancement de la proue pendant deux coups de rames, le laissant gagner son corps. Quand la chaloupe s’éleva une troisième fois, il pressa la gâchette et se maintint bien en équilibre le temps que la mèche atteigne le bassinet. Le canon de neuf paumes rua et retentit, et Tannhauser s’accroupit sous la fumée pour regarder. Le barreur musulman fut éjecté de son siège et disparut dans l’obscurité enfumée derrière la poupe.
    « En pleine poitrine », gloussa Bors. Il embrassa l’acier trempé d’eau du canon de son mousquet. « Quel baptême pour cette beauté. Son premier tir. Je vais l’appeler Salomé, en l’honneur de Jean le Baptiste. Salomé était une saleté de musulmane, non ?
    – Il n’y

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