Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
Vom Netzwerk:
servir aux parapets et les blessés étaient allongés le dos sur les dalles, ou assis contre les murs, tordus d’angoisse. Un chapelain portant les riches habits de Pascha Rosatum disait la messe sur un autel de pierre couvert de feuilles de roses, et que quelqu’un se soit fatigué à apporter ces feuilles dans ces lieux de laideur et d’horreur semblait à la fois merveilleux et démentiel. Des cris de douleur jaillissaient des hommes opérés par les chirurgiens, qui n’étaient plus que deux. Ils se tenaient autour d’une table dans un bourbier de sang coagulé qui envahissait le sol du chœur. Ils étaient aussi incarnats que des bouchers, et leurs visages étaient grisâtres de cette fatigue particulière qui provient de l’infliction de tourments pour chercher à soulager. Un homme se contorsionnait sur la table entre eux deux, et, derrière ses cris, on pouvait entendre le grasseyement d’une scie. Malgré leurs tribulations inhumaines, et le fait qu’ils ne dormaient que deux ou trois heures par jour depuis quinze jours, les chirurgiens arboraient une expression imperturbable – peut-être même une sérénité rongée d’inquiétude – qui était plus émouvante et plus majestueuse que tout ce que Tannhauser avait vu de sa vie. Après tout, ces chevaliers étaient les hospitaliers, et ces héros si graves étaient les gardiens de la flamme sacrée.
    Inspirés par une telle noblesse placide, ou peut-être par la découverte que crier ajoute souvent à la douleur, tous les autres patients étaient silencieux, attendant leur tour. Les corps de cinq chevaliers morts étaient alignés dans le vestibule, couverts de linceuls immaculés, attendant d’être emportés vers la crypte de San Lorenzo. Comme Tannhauser l’avait espéré, leurs armures et leurs épées étaient placées près d’eux. Les chevaliers traitaient leurs propres morts avec une délicatesse particulière, et, contrairement à toute raison, ils n’auraient jamais même imaginé passer leur équipement au commun des soldats dont cela aurait pourtant augmenté la longévité – et dont les cadavres étaient jetés à la mer avec bien moins de cérémonial.
    « Choisis vite et bien. Jambières, cuissardes, chausses. Gantelets, s’ils vont.
    – Où vas-tu ? demanda Bors.
    – Donner de la laine aujourd’hui pour pouvoir prendre quelques moutons demain. » Il ouvrit son sac. « Souviens-toi de ma devise : Celui qui a de l’opium n’est jamais sans ami. »
    Pendant que Bors choisissait parmi les plus larges pièces d’armure, Tannhauser s’approcha de l’autel. Il regarda les chirurgiens achever l’amputation d’une jambe sous le genou. Ils scellaient le moignon grâce à un ingénieux arrangement de lambeaux de peau, avec seulement l’utilisation la plus subtile d’un fer à cautériser, et cela lui donnait une chance d’obtenir leur attention.
    « Est-ce là la nouvelle technique recommandée par Paré ? » demanda-t-il.
    Le chirurgien qui avait l’air de diriger le regarda avec surprise. « Vous êtes très bien informé, messire.
    – J’étais à Saint-Quentin, où monsieur Paré était chirurgien général quand il s’est insurgé contre l’abus de la cautérisation par le feu. » Il se rappela soudain que Paré était un huguenot, et par conséquent un hérétique, et il espéra qu’il n’avait pas fait mauvaise impression. « Je présume que vous approuvez.
    – Les résultats parlent d’eux-mêmes. »
    Tannhauser tendit la main. « Mattias von Tannhauser, de la langue allemande.
    – Jurien de Lyon, de Provence. »
    Jurien hésita à lui serrer la main, car la sienne était pleine de sang, mais Tannhauser la prit comme si de rien n’était. Il dit au noble chirurgien qu’il était mandaté par La Valette pour l’inspection des défenses, et lui montra le sceau du grand maître sur le parchemin qu’il avait obtenu de Starkey. Puis il entama avec Jurien une discussion sur l’état des blessés et fit l’éloge de sa politique de n’envoyer sur les barques que ceux ayant quelque espoir de survie et de retour au combat. Il impressionna vivement frère Jurien par ses connaissances de la magie naturelle et des potions vulnéraires, secrets appris de Petrus Grubenius, et il commença à sortir de son bagage divers sacs de chanvre dont il décrivit le contenu.
    « Dans ceci nous avons consoude, pirole et aristoloche, relevées avec du Tanacetum parthenium et de

Weitere Kostenlose Bücher