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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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colonel Pierre Vercoran Le Mas qui avançait lentement vers eux. Il boitait et portait une échelle de points de suture tout frais en travers de la mâchoire, ainsi que sur le cou, sous la jugulaire de son casque. Il sourit et tendit les deux bras pour embrasser Tannhauser. Sa cuirasse était couverte d’une sorte de tablier de sang coagulé.
    « M’attendais pas à vous voir ici, dit Le Mas. Il n’y a certainement aucun profit à en tirer, et je ne vous ai jamais considéré comme un adepte du martyre.
    – On nous a dit que l’air, ici, était très bon pour la santé », dit Bors.
    Le Mas respira par le nez. « Vraiment, c’est charmant. Non, sérieusement.
    – Nous sommes venus pour ramener un garçon dans le Borgo, dit Tannhauser. Sur les ordres du grand maître. Orlandu Boccanera. Un fugueur. Il peut se faire appeler Orlandu di Borgo.
    – Un garçon d’une telle importance mérite un surnom aussi stylé. Je ne le connais pas, mais je vais faire passer le mot. Je vais vous dire, s’il était garçon en arrivant, il ne l’est déjà plus. Mais venez voir par vous-mêmes. Mes Provençaux et une foule de vos Espagnols, nous montons au combat. »
    Le Mas leva une hallebarde dont les multiples tranchants vicieux étaient affûtés de frais. Bors dégaina son énorme épée à deux mains allemande.
    « Donnez à Mattias une demi-pique, dit Bors, ou un de ces adorables couteaux à découper les Turcs.
    – Il y aura plein d’armes à ramasser là-bas », dit Le Mas.
    Quand des hommes sont rassemblés pour le grabuge, il faut plus que la simple volonté pour se mettre à l’écart. Tannhauser se soumit aux événements, et ils accompagnèrent Le Mas là où il fit se relever sa section qui se reposait. Certains saisirent leur chance de vider leurs intestins et leurs vessies, puis se secouèrent, posèrent leurs piques sur leurs épaules et vérifièrent les équipements les uns des autres. Tannhauser fit la queue devant le tonneau d’eau et s’envoya dans la gorge deux pleins quarts. Puis il rejoignit le colonel à la tête de la colonne. Le Mas, malgré l’incroyable vacarme général, conversait comme s’il arpentait un chemin en pleine campagne.
    « Qui est à la tête de votre taverne, l’Oracle ? Le Juif ?
    – L’Oracle est encore moins réparable que ce fort. Il n’en reste que des cendres.
    – Comment se fait-il ?
    – L’Inquisition.
    – Alors ma conscience est encore plus lourde. Je suis heureux d’avoir la chance d’implorer votre pardon.
    – Pourquoi ?
    – Quand je suis revenu de Messine, j’ai dit à frère Jean (La Valette) quel genre de brave vous étiez, et comment vous aviez recruté les ex- tercios pour me faire une faveur, et ainsi de suite, et il a eu l’air étonnamment intéressé. De plus, et il faut que cela soit dit, malgré toute sa piété, il est doté d’un esprit habile et sans scrupule. Ensuite, je savais que vous gagneriez son estime complète quand vous avez réussi à sortir de nulle part ce janissaire grec. Donc, si quelqu’un doit être blâmé pour votre présence ici, c’est bien moi.
    – Il a fallu un beaucoup plus gros paquet de gredins que vous et La Valette.
    – Le paquet comprenait-il des femmes ? »
    Tannhauser le regarda et Le Mas se mit à rire. « Vous savez, dit-il, frère Jean m’a demandé : “Est-il un homme à femmes ?” et j’ai répondu, eh bien… » Il le regarda. « Eh bien, je vous le demande, Mattias, qu’auriez-vous voulu que je réponde ? »
    Il se remit à rire, et Tannhauser avec lui, et s’il y avait eu quelque chose à pardonner, c’était pardonné, et ils progressèrent jusqu’à la limite fracturée du mur d’enceinte qui se dessinait sur leur droite. Alors, aux oreilles de Tannhauser, le vacarme devint un requiem du diable ; les appels à Dieu dans une douzaine de langues différentes, les jurons et les malédictions, le fracas et le cliquetis de milliers de lames brandies, le crépitement du feu grégeois et les détonations des canons se mélangeaient et tourbillonnaient vers le ciel comme la clameur d’une griserie mortelle. Des flammes plus brillantes que le jour, et assez chaudes pour faire fondre le cuivre, s’élevaient tout le long de la ligne. Du côté du saillant le plus au sud du fort en forme d’étoile, une section du rempart, minée, s’était effondrée sur une largeur de cinquante pas et changée en un énorme tas de débris.

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