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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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l’absolution totale de tous ses péchés, quels qu’ils puissent être ou avoir été. Pour un peuple plus que familier avec la dureté, la torture et les souffrances de toutes sortes, savoir que dans l’au-delà il ne passerait pas une heure à endurer les peines du purgatoire – en opposition aux siècles qu’il s’attendait à y passer –, auraient un effet plus qu’extraordinaire sur son moral.
    « Dans sa sagesse, Sa Sainteté a parlé bien plus vrai que nous n’aurions pu l’imaginer, dit La Valette. Ceci vaut cinq mille hommes, si j’ose prendre la liberté d’y mettre un prix. »
    Il tourna ses yeux gris fer vers Ludovico, et Ludovico comprit qu’il avait largement dépassé toutes les attentes que le grand maître avait pu placer dans sa mission à Rome.
    « Au bon moment, comme vous dites, ceci restaurera foi et courage dans les cœurs les plus défaillants. » La Valette se leva. « Que chacun d’entre nous reconnaisse qu’en aidant à trouver des renforts, et en nous apportant au prix de telles difficultés cette précieuse bénédiction de notre Saint-Père de Rome, nous sommes les débiteurs de fra Ludovico d’une dette que nous allons nous empresser de rembourser. »
    Les autres baillis se levèrent et inclinèrent la tête en direction de Ludovico. Il se leva et leur rendit humblement leurs saluts. Il s’inclina devant La Valette en dernier. « Votre Excellence, dit-il, je ne suis pas revenu à Malte pour mener les affaires du Vatican ni du Saint-Office, mais plutôt pour combattre. Pour ce faire, j’ai reçu de notre Saint-Père une dispense spéciale. »
    Quelqu’un frappa du poing sur la table en guise d’approbation.
    La Valette dit : « Nous sommes honorés que vous fassiez un tel sacrifice spirituel. »
    Si son commentaire était empreint d’ironie, seul Ludovico sembla la percevoir. Il se tourna vers l’amiral de la flotte et chef de la langue italienne, Pietro Del Monte. « Et donc je demande votre permission, amiral, de prendre mes quartiers avec vos soldats et de servir dans leurs rangs.
    – Avec les soldats ? fit Del Monte en secouant la tête. En tant que fils de Naples, vous êtes invité à loger avec les chevaliers à l’auberge d’Italie, et plus que bienvenu. »
    Une fois le conseil achevé, Ludovico accompagna Del Monte à l’auberge d’Italie. Il déclina l’offre d’une cellule privée, insistant pour avoir un banc de pierre dans l’un des dortoirs, où quelque cent quarante chevaliers italiens étaient logés. Il apprit que plus de trente de leurs compagnons étaient morts à Saint-Elme. Le luxe le laissait indifférent, et dans les dortoirs il récolterait nombre d’informations. Comme Del Monte s’en allait, Ludovico le retint quelques instants et joua sa deuxième carte.
    Il montra à Del Monte une chaîne d’argent où était accroché un cylindre d’argent, de la taille d’un doigt, avant de lui détailler le pas de vis ingénieux qui fermait le couvercle. L’extérieur du cylindre était orné de la croix et de l’Agneau de Dieu, les symboles du Baptiste. L’intérieur était recouvert de peau de chevreau, protégeant une petite fiole de cristal fine et élancée. Le fond de la fiole, quand il la sortit, semblait contenir une petite quantité d’un résidu terre de Sienne foncé.
    « J’ai pour instruction de vous remettre ce cadeau personnel, à vous et à la langue italienne, de la part du cardinal Michele Ghisleri, qui prie quotidiennement pour votre sauvegarde et votre salut, et met toute confiance en cette relique sacrée, dûment attestée par les autorités les plus éminentes et les plus élevées, pour qu’elle vous apporte protection et délivrance dans les jours à venir. »
    Del Monte prit la fiole dans sa main ravinée par sa vie de marin comme s’il avait peur que son toucher le plus léger ne brise le cristal.
    Ludovico dit : « C’est une goutte du sang de saint Jean le Baptiste. »
    Les yeux de Del Monte s’emplirent de larmes, il tomba à genoux et ses mains tremblaient quand il porta la fiole de sang sacré à ses lèvres avant de prier. Jamais la dévotion vraie n’avait été incarnée avec plus de sincérité. Cette vue donna satisfaction à Ludovico. Les faveurs de Del Monte étaient certaines, et même si l’homme ne le savait pas – et ne le saurait jamais –, il venait d’achever les fondations du plan de Ludovico. Ces premières étapes de son intrigue étaient

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