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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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ses émotions, il les gardait invisibles. Carla se battit pour arrêter de bouillir. « Que ton honneur soit damné, comme tu as damné le mien.
    – Aujourd’hui, je ferais un choix différent.
    – Le seul choix qui existe ce soir est mien et je te le dis une fois encore : sors d’ici.
    – Entends ce que j’ai à dire. »
    Elle faisait tout son possible pour ne pas lui hurler au visage.
    « J’ai porté ton enfant. »
    Il dit : « Je sais.
    – Tu sais ? »
    Elle se sentit volée de cette révélation. Qu’il sache cela violait plus sa vie privée que cette visite outrageante. « Comment l’as-tu su ? » dit-elle. Avant qu’il ne puisse répondre, elle dit : « Quand l’as-tu découvert ?
    – Depuis que je suis revenu avec les renforts, j’ai appris bien des choses.
    – Par tes espions et tes familiers. » Sa voix prit des relents de mépris. Cela n’émut pas Ludovico le moins du monde.
    « Il existe dans cette ville peu de choses dont je ne sois pas au courant, dit-il. Peu dans ce monde. Tes recherches d’un garçon inconnu n’étaient pas vraiment un secret. Un garçon de douze ans. Né la veille de la Toussaint en 1552. Qui aurait-il pu être d’autre que mon propre sang ?
    – Il était le fruit de notre amour. Il était tout ce qui avait une valeur pour moi. Même après ton départ, je l’ai porté sans honte.
    – De toi, je n’en aurais pas attendu moins.
    – On l’a arraché à mes bras avant que je puisse mettre sa tendre bouche sur mon sein. J’ai vu mon père, que j’adorais, se changer en monstre. J’ai vu ma mère brisée par le chagrin, par la disgrâce, par la ruine de tous ses rêves les plus précieux. »
    Ludovico dit : « Je suis désolé. »
    La lampe était derrière lui. La pâle lueur argentée qui émanait de la fenêtre plongeait la moitié de son visage dans l’obscurité. Il dit : « On m’a dit que ton fils est mort en héros à Saint-Elme. »
    Carla prit une soudaine et pesante respiration et la garda, craignant, si elle la laissait ressortir, de se mettre à sangloter et que, dans un sens assez obscur, il aurait alors gagné.
    « Si je pouvais effacer tes souffrances, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir, dit Ludovico. Mais les choses dont tu parles sont arrivées il y a bien longtemps, et nous ne sommes plus, ni l’un ni l’autre, ce que nous étions alors.
    – N’essaie pas, toi plus que qui que ce soit au monde, de me consoler », dit-elle.
    Soudain, toute la brûlure de sa colère disparut. Elle laissa l’air quitter ses poumons. Elle ne ressentait plus qu’un besoin désespéré d’être seule.
    « Mon fils, dit-elle, a eu une mort absurde et je n’ai pas réussi à l’arrêter.
    – Te blâmer toi-même pour cela est pure folie.
    – Il était ici, à ma table, et je ne l’ai pas reconnu. » Elle se rappelait cette soirée avec amertume. C’était moins de deux mois auparavant, ici dans cette maison, et pourtant cela semblait avoir eu lieu dans un autre univers. Et être arrivé à une autre femme. Une femme triviale et stupide, aveuglée par les préjugés et la vanité. « Je cherchais quelque chose de toi en lui, et je ne l’ai pas trouvé.
    – À cet âge, les traits d’un homme ne sont qu’à demi formés. Et peut-être te ressemblait-il plus.
    – J’ai cherché le battement de mon propre cœur, et je ne l’ai pas entendu.
    – Il est difficile de se voir dans un autre. Peut-être surtout s’il est issu de sa propre chair.
    – Il était vulgaire. Il était insolent. » Elle ressentit un soulagement aigre dans son mépris d’elle-même. « Je le trouvais très en dessous de moi. De nous. Et maintenant, je lave de tels garçons qui meurent dans leur propre saleté. Et je considère ce service comme le plus merveilleux cadeau que Dieu m’ait fait. »
    Ludovico leva la main et la tendit vers elle – non pour la consoler, mais plutôt comme s’il voulait qu’elle la prenne pour le laisser la guider. « La guerre a œuvré de son amère alchimie sur chacun de nous. Peut-être que nous voyons plus clairement le chemin de notre vie.
    – Peut-être. Mais mon chemin est à moi seule. »
    Ludovico dit : « Avec la grâce de Dieu, nous pourrions faire un autre fils. »
    Carla le fixa, comme s’il était fou, et peut-être l’était-il.
    « Si la croix l’emporte, et si nous survivons à ce siège, mon travail sera alors accompli, dit Ludovico. Aucun

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