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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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de gratteur de bernacles. Je suis déçu.
    – Où allons-nous ? demanda Orlandu.
    – Quoi ? Aucune gratitude ?
    – Je pensais que vous étiez mort. J’ai pleuré et j’ai prié pour votre âme, même si je pensais que vous étiez damné.
    – Ton manque de foi te fait honte ! Ne t’avais-je pas dit que nous nous rencontrerions à nouveau ?
    – Pourquoi avez-vous mis si longtemps ?
    – Attends, dit Tannhauser, ce n’est pas moi qui me suis fait capturer par les corsaires du sultan alors que j’étais en mission secrète pour La Valette. »
    Orlandu lâcha les rênes et s’arrêta. Les yeux du garçon étaient humides, blessés et enragés. Tannhauser avait parlé en toute légèreté, sans intention de cruauté. Mais le garçon était trop jeune pour l’accepter comme tel.
    « Écoute, dit Tannhauser, tu t’es bien débrouillé pour survivre six semaines en compagnie des corsaires. » Si Orlandu avait été moins mal dégrossi et plus angélique, sa perpétuelle fraîcheur aurait certainement été souillée, mais il ne le lui dit pas. « Tu as été résolu et brave et je suis fier de toi. Si fier que j’ai décidé de faire de toi mon partenaire dans une entreprise fameuse. »
    Orlandu s’éclaira. Il était d’une nature pleine d’entrain, peu enclin à des ruminations sans intérêt ; pour Tannhauser, c’était une force digne d’admiration. « Votre partenaire ? dit Orlandu.
    – En première instance, tu seras plutôt un peu comme mon apprenti. Après tout, tu ne connais rien aux affaires, ni à grand-chose d’autre. Mais avec le zèle requis et en, je dirais, dix ans environ, tu pourras devenir un jeune homme prospère, un homme du monde pas moins, avec un diamant dans ton turban et un navire ou deux sous tes ordres. »
    Tannhauser se rendit soudain compte que c’était une affirmation extravagante venant de quelqu’un qui portait des vêtements prêtés, aussi beaux soient-ils, et qui était assis sur un cheval d’emprunt. Mais Orlandu ne douta pas une seconde de son mentor.
    « Je vais devoir porter un turban ? dit Orlandu.
    – Tu vas devenir un Turc, mon jeune ami.
    – Je hais les Turcs !
    – Eh bien, apprends à les aimer. Ils ne sont pas pires que n’importe quel type d’homme, et ont l’avantage sur la plupart en bien des manières.
    – Ils sont venus ici pour nous tuer et voler notre terre.
    – C’est une habitude qu’ils partagent avec nombre de peuples et de tribus. On ne peut pas retenir contre eux qu’ils aient prouvé en ces choses une valeur hors du commun. La Religion aussi est un envahisseur.
    – Mais nous avons combattu les Turcs, protesta Orlandu. Vous les avez combattus aussi.
    – Pour et contre, selon mon propre temps, dit Tannhauser. Les Français combattent les Italiens, les Allemands se battent entre eux – comme le font chrétiens et musulmans – et les Espagnols combattent à peu près tous ceux qu’ils peuvent trouver. Se battre est une habitude aussi naturellement innée que d’aller chier. Comme tu l’apprendras, l’identité de l’ennemi importe souvent peu aux combattants. En tout cas, nous sommes assez mal placés pour nous quereller avec les Turcs aujourd’hui. »
    Le visage d’Orlandu se crispa de confusion. Il était assez brillant pour apprécier le pouvoir de la logique mais, comme beaucoup, cet art ne lui était pas familier. « Et Jésus ? demanda-t-il.
    – Vénère-le si tu veux. Les Turcs ne t’attacheront pas au pilori pour ça. Mais il y a grand intérêt à professer une allégeance envers Allah et son Prophète, que la paix soit sur lui, même si ce n’est pas sincère.
    – Comment peut-on prétendre croire en un dieu ? »
    Tannhauser se mit à rire. « Écoute-moi bien, il y a des canailles en mitres rouges au Vatican qui, à cette minute précise, doutent de son existence même. Ils sont juste assez fourbes pour ne pas le dire.
    – Nous allons finir dans les feux éternels de l’enfer !
    – C’est un endroit plutôt surpeuplé. Mais si tu étais Dieu, te soucierais-tu de savoir par quel nom l’humanité t’appelle ou par quels moyens elle se vautre devant toi ? Vraiment, est-ce que tu te soucierais de ce que nous faisons ?
    – Jésus nous aime. Ça, je le sais.
    – Alors il nous pardonnera une petite tromperie destinée à nous sauver de la bastonnade. Et maintenant, avec ta permission, nous devons nous mettre en route. Il est tout à fait

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