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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Tannhauser avait laissé échapper un secret qu’il voulait garder. Tannhauser se passa le pouce dans la barbe. Il étudiait la vaste étendue d’obscurité qui encerclait la ville.
    « C’est de l’aide du diable dont je vais avoir besoin si je veux la libérer. Mais il a toujours été plus qu’heureux de me faire crédit. »

MARDI 7 AOÛT 1565
    Santa Margharita – La route de Mdina
– Le mont San Salvatore
    L’AUBE SE LEVAIT, sans vent, calme, et une odeur fétide infectait tout l’air du camp. Quand Tannhauser se leva pour la prière, la puanteur lui fournit la raison de l’humeur maussade d’Abbas la nuit précédente. Le prélude à chaque bataille incluait, entre autres choses, une énorme masse de fèces, et de fèces d’une qualité particulièrement malodorante. Ce n’était pas une manière de mesurer la couardise, plutôt un fait de la nature ; trente mille hommes se préparaient à sacrifier leurs vies pour Allah ; et même les plus braves avaient la sagesse de vider leurs corps de cet excès de poids.
    Les bataillons avaient manœuvré dans le noir pour se mettre en place et, le temps qu’il ait récupéré sa jument baie et qu’il soit passé de Corradino à Margharita, la sourate de la Conquête fut clamée sur les hauteurs environnantes. Les timbales et les fifres des fanfares des mehterhane résonnaient et les cornes d’appel lancèrent le signal d’une double offensive des légions du Grand Turc. L’amiral Piyale commandait l’assaut contre le Borgo, le pacha Mustapha celui contre L’Isola.
    Puisque leur intention était de prendre les deux citadelles à n’importe quel prix, Tannhauser passa la matinée sur les hauteurs de Margharita, feignant le rôle d’aide de camp d’Abbas quand c’était nécessaire, et, de là-haut, il observait les prodiges de violence et de valeur déployés en contrebas. Après tout, il ne servait à rien de se faufiler dans le Borgo – son plan depuis qu’il avait entendu l’ultime musique nocturne de la comtesse – si les Turcs franchissaient les remparts. En ce cas, il descendrait la colline à cheval pour les rejoindre, dans l’espoir de pouvoir sauver au moins Amparo et Carla du saccage qui s’ensuivrait. Et saccage il y aurait. Soliman lui-même avait échoué à retenir les janissaires – à Budapest, Rhodes et ailleurs – et les rancunes nourries par cette guerre étaient plus profondes que jamais. La Valette avait tout fait pour. Le rouge coulerait des rues pendant une journée, peut-être même deux ou trois. Les atrocités abonderaient. Des hommes s’entretueraient à coups de couteaux pour les miettes d’un butin médiocre. Les chevaliers endureraient le plus gros des tortures et des exécutions, ce qui n’était que justice. Mais plus vite que prévu, l’abcès serait percé, et, une fois affirmé que les propriétés, humaines ou matérielles, vouées à la destruction appartenaient au sultan, Mustapha commencerait à faire pendre ses propres hommes par douzaines.
    Tannhauser se demandait s’il arriverait à récupérer Buraq – après avoir mis les deux femmes en sécurité, supposait-il – et il se disait qu’il lui faudrait pour cela un peu de marche à pied, une bonne quantité d’opium et probablement quelques meurtres.
    Quand le bombardement préliminaire s’arrêta, fumée et poussière s’éclaircissant, une énorme brèche dans l’enceinte du Borgo se révéla là où une section de rempart de quarante pieds de large s’était effondrée sur les cadavres empilés dans la douve. Les bannières du sultan se précipitèrent à travers le Grand Terre-Plein et les troupes tartares de Piyale, en uniformes et coiffes jaune brillant, lâchèrent une pluie de flèches qui s’envola, avant qu’eux-mêmes ne se précipitent vers les arquebuceros de la Religion. Des dizaines d’entre eux tombèrent sur l’argile glissante de sang des glacis. Ceux qui le pouvaient commencèrent à grimper et trébuchèrent dans l’enfer, car cela devint diabolique de feu grégeois et de gras de porc bouillant, vomis dans la brèche par les mâchicoulis en enfilade. Lorsque des azebs apportèrent des échelles pour tenter d’escalader le poste de Castille, un coin écarlate d’infanterie spahi s’avança dans le flot jaune des Tartares.
    Sur les collines, d’autres bataillons et d’autres encore – comme si Piyale pouvait les faire apparaître du néant – franchissaient les crêtes pour se joindre

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