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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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des prédateurs, et quand ils comprirent enfin que leur seule chance de salut était de battre en retraite, une migration convulsive éclata en direction de la brèche. Des poternes de fer crissèrent en s’ouvrant dans la nouvelle enceinte et de macabres escouades de chevaliers s’aventurèrent dehors pour mettre les fuyards en pièces à coups d’épées et de haches. Et alors que leurs proies étaient enfoncées jusqu’à la taille dans les corps sanglants et que ceux qui couraient se réfugier sur le Grand Terre-Plein étaient abattus dans le dos, les chevaliers levèrent leurs armes vers le ciel et prièrent Dieu.
    Le Borgo tiendrait. Au moins pour aujourd’hui.
    Tannhauser revint observer le combat pour Saint-Michel. Des colonnes de solaks hurlants grimpaient aux échelles et avaient déjà planté leurs bannières frappées de l’étoile et du croissant aux côtés de la croix. Les chevaliers et les Maltais luttaient pied à pied, mais avec peu de soutien à venir du Borgo, et les réserves quasi inépuisables de Mustapha, les perspectives semblaient bien sombres pour Saint-Michel. Si la citadelle tombait, le Borgo suivrait en moins d’une semaine. Mustapha remplirait L’Isola de ses canons de siège, et, se retrouvant à quelques centaines de pieds, il écraserait le flanc sans défense de la ville, avant de traverser la crique des Galères avec ses chaloupes pendant que l’enceinte serait assaillie en masse du côté du Grand Terre-Plein.
    Tannhauser ne connaissait pas assez bien les sentiers de l’île pour se frayer un passage vers le Borgo à la faveur de l’obscurité, du moins pas depuis ce côté-ci. Il ne connaissait pas assez bien non plus la disposition des lignes turques côté est. Il avait besoin d’un des éclaireurs maltais de La Religion pour passer. Ils connaissaient chaque sente et chaque creux de ce terrain accidenté et portaient des messages à Mdina ou en rapportaient, selon la volonté du grand maître. À ce qu’il savait, aucun d’eux ne s’était jamais fait prendre. Mdina était à quatre milles de distance. S’il voulait retourner dans le Borgo, il fallait qu’il commence par aller à Mdina.
     
    TANNHAUSER FIT TOURNER son cheval et partit à travers les collines aussi hâtivement qu’il l’osait. Il grimpa le flanc de Corradino et passa au large de la tente d’Abbas, pour retrouver Orlandu en train de pelleter du crottin dans une brouette. Orlandu laissa tomber sa pelle tandis que Tannhauser sautait à bas de sa selle.
    « Nous n’allons plus nous voir pendant un bon moment », dit Tannhauser.
    Le garçon parut immédiatement découragé, mais il redressa ses étroites épaules.
    « Tu vas rester dans l’entourage du général Abbas. Il est sage et juste, et il veillera à ce qu’il ne t’arrive rien. Ne lui dis rien de notre amitié. Dis-lui, si tu y es contraint, ce que je lui ai dit moi-même : que tu as été généreux envers moi quand j’étais en esclavage à Saint-Elme. Je mourais de soif et tu m’as donné de l’eau d’une outre en peau de chèvre. C’est tout. En te rachetant à l’Algérien, j’ai remboursé cette faveur, comme Allah l’ordonne. Tu as compris ? »
    Orlandu opina. « Une outre en peau de chèvre.
    – Souviens-toi que tu es homme maintenant et un Maltais de surcroît, et je ne connais pas de race plus solide, et comme saint Paul l’avait écrit, tu dois abandonner tes manières puériles. Travaille dur, prie avec les païens, apprends leur langue. Tu as survécu à la captivité de Salih Ali ; dans ce campement tu vivras comme un duc. »
    Il fit un pas en avant et se pencha vers lui, les mains sur les hanches.
    « Maintenant, écoute-moi bien, Orlandu. Si Malte tombe, et que je ne suis pas revenu, et qu’Abbas repart en bateau pour le vieil Istanbul, comme il le fera tôt ou tard, tu devras aller avec lui. »
    Orlandu se crispa. « De l’autre côté des mers ?
    – Considère ça comme une éducation, car ç’en sera une. Donne-moi ta parole maintenant. Sur les larmes de la Vierge.
    – Je vous donne ma parole, sur les larmes de la Vierge.
    – Bien. Tant que tu resteras auprès d’Abbas, je pourrai te retrouver, même si cela doit prendre des mois, ou même des années. »
    C’était plutôt dur à accepter, mais Orlandu ravala sa peur et n’hésita pas.
    « Tu as confiance en moi ? insista Tannhauser.
    – C’est la seule chose que je n’ai pas besoin de

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