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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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si je réussis à ramener Orlandu, et si vous le voulez encore, nous nous marierons, vous et moi, et Amparo souffrira, et ainsi en sera-t-il. »
    Il attendit et Carla hocha la tête.
    « Jusqu’à cet instant, je penche pour laisser les choses telles qu’elles sont. La mer est déjà en tempête, alors pourquoi faire basculer la barque ? Pouvez-vous accepter cela ? »
    Ce qu’il donnait d’une main, il le reprenait de l’autre ; pourtant il osait être ce qu’il était, et sa franchise la bouleversait. Si elle était folle, eh bien qu’il en soit ainsi. Son corps n’était plus qu’envie douloureuse, et sans réfléchir elle leva la bouche et il l’embrassa. Il la serra contre lui et la souleva sur la pointe des pieds, et elle sentit sa propre envie contre son ventre. Un désir irrésistible de s’abandonner, là, dans cette ruelle, l’envahit soudain. Un instinct contraire le combattait, mais sa bouche était chaude contre son cou, ses mains encerclaient sa taille et elle n’avait plus de souffle. Elle sentit sa robe bruisser sur sa peau tandis qu’il la relevait et la roulait autour de sa taille. Ses paumes calleuses caressèrent ses cuisses, et ses intérieurs se convulsèrent et elle se sentit défaillir. Une guerre éclata en elle. Elle pensa : « Je ne renierai pas cela, par peur ou par fausse piété. » Mais elle ne trouva aucune de ces notions en son cœur, et c’était déjà une victoire en soi. Elle avait d’autres raisons, de bonnes raisons, de ne pas vouloir concrétiser sa passion dans une ruelle, comme une souillon. Et même si lui était prêt à laisser tomber Amparo – et c’était un homme qui venait juste d’émerger d’un flot de sang, et elle ne le jugerait pas pour cela –, elle n’y était pas prête. Ses doigts se glissaient entre ses jambes et caressaient sa moiteur – Oh Dieu, Seigneur Dieu –, et elle le serra fort contre lui et s’écarta. Défiant tous ses instincts naturels, elle posa une main contre son torse. Il comprit immédiatement, et même si ses yeux brillaient de désir, il n’insista pas. Il se recula et, d’un geste de la main, balaya les cheveux de son front.
    « Jusqu’à ce moment-là, dit-elle, laissons les choses telles qu’elles sont.
    – Pardonnez-moi, dit-il d’une voix rauque. La folie chevauche le vent, ce soir. Et nombre de bêtes sauvages sont entassées dans son chariot. » Il lui fit un sourire chagrin. « En cette occasion, du moins, vous vous êtes montrée plus avisée que moi. » Il jeta un regard vers l’extrémité de la ruelle ouvrant sur la piazza de l’hôpital. « C’est aussi bien. Vous êtes presque arrivée, murmura-t-il. Et des affaires urgentes m’appellent. Donc, je vous dis au revoir. »
    Elle sentit un soupçon sans réelle substance. « Quelles affaires urgentes ?
    – Des affaires militaires. »
    Elle perçut le même sang-froid, la même absence dans sa psyché qu’elle avait sentie sur la route de Syracuse quand il avait tué le prêtre. Elle vit qu’il n’avait aucune intention de lui en dire plus. Sans avertissement, il sortit son foulard trempé de sueur de sa manche et lui tamponna le cou.
    « Je vous ai salie », dit-il.
    Son sourire triste étincela dans son visage noirci de suie.
    Puis elle le vit partir en boitillant vers la ligne de front.
     
    CARLA TROUVA AMPARO endormie sur le lit de camp. Elle s’allongea auprès d’elle. La fille se retourna sans se réveiller et Carla l’enveloppa de ses bras. Elle ne ressentait aucun remords car son cœur était trop plein d’amour. D’amour pour tous ceux qu’elle aimait. Elle remercia Dieu pour la richesse de leur compagnie. Elle pria Jésus de comprendre et de lui pardonner, même si elle n’était pas bien certaine de ce qui requérait son absolution. Certainement qu’au milieu de tant de cruautés toute forme d’amour était bonne. Celui de Mattias pour les deux femmes ; et même celui de Ludovico pour elle. Elle pria pour Mattias et Amparo. Elle pria pour Orlandu. Elle pria pour que Ludovico guérisse de sa folie et de sa douleur.
    Elle sombra dans un sommeil épuisé et profond. Elle rêva en spasmes vivides et fantastiques, dans lesquels son esprit flottait dans des royaumes célestes inconnus, et elle traversa des tourbillons mystiques insondables qui, quand elle reprit ses sens, la laissèrent haletante, en proie à une crainte teintée de respect, et avide de mondes dont la découverte interdisait

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