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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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chrétiens qui, en juillet, les avaient traversées jusqu’à la baie de Kalkara, avec Ludovico. Mais les Turcs ne pouvaient pas marcher sur l’eau non plus. Pour attaquer le Borgo, les réserves devraient se déployer vers le sud et, avec seulement les artilleurs laissés en arrière, la route vers Zonra – et son bateau – serait ouverte. Même pour un groupe de quatre. Tannhauser repéra l’étoile du Nord et, juste au-dessus du sommet de la colline au nord-est, vers Zonra, les cornes du Taureau. Le Taureau guiderait leur bateau vers chez eux. Il pensa à Amparo et se dit que c’était un présage très fort. Il s’étira.
    « L’heure est venue aussi pour moi de m’en aller », dit-il.
    Le visage de Davud ressembla soudain à celui d’un enfant.
    Un fragment du Coran ressurgit dans la tête de Tannhauser.
    Il dit : « En Allah repose la connaissance de la fin du monde ; Il est celui qui envoie la pluie et qui connaît le contenu de la matrice. Aucune âme ne sait ce que demain lui apportera, et aucune âme ne sait sur quelle terre elle va périr. Seul Allah sait, en son entière sagesse. »
    Les quatre jeunes gens firent des gestes de révérence, mais n’en étaient pas moins effrayés.
    « Vous avez déjà été à la bataille ? » demanda Tannhauser.
    Il regarda autour du feu. Tous faisaient non de la tête.
    « Pendant la charge, dit Tannhauser, restez près les uns des autres, et faites attention à la sauvegarde des autres. »
    Tous quatre le fixaient avec vive attention.
    « Dans le vacarme, la fumée, la terreur, vous n’allez penser qu’à vous-mêmes – et à Allah, qu’il soit porté aux nues. C’est naturel, mais également fatal. Quatre paires d’yeux valent mieux qu’une, quatre épées mieux qu’une seule. Regroupez votre courage et votre habileté. Là où va l’un, que les autres y aillent tous, mais ne vous regroupez pas trop serrés à découvert, sinon vous leur fournirez une trop belle cible. »
    Il attendit que cela s’inscrive, et ils hochèrent la tête.
    « Faites attention à leur feu grégeois, à leurs cerceaux volants. Et aux boulets aussi ; ils se relèvent de l’argile comme des cobras, mais si vous êtes vifs, vous pourrez les esquiver. Et évitez les chrétiens portant armure complète. Ce ne sont peut-être pas des diables, mais ils sont diaboliquement durs à tuer. »
    Ils le regardaient comme s’il était Salomon. Leurs visages fervents l’émouvaient. Il fouilla dans sa robe, sortit sa boîte et leur tendit deux pierres d’opium. Pourquoi pas ? Il tira sa dague, sa lame souillée noire et méchante dans les flammes, et ils le regardèrent couper par moitié les deux pilules scintillantes d’or.
    « Il y a peu d’avantages à être dans la première vague, continua-t-il, mais souvenez-vous de celui-ci : votre rôle est d’engager l’ennemi – au pire en mourant – pour que la deuxième vague puisse le submerger. Si vous survivez jusqu’à l’arrivée de la deuxième vague, reculez, mais faites-le sournoisement, comme un vide-gousset dans une foule. Ne paniquez pas. Ne courez pas. Gardez votre grimace martiale. Ramassez un camarade blessé, et ramenez-le vers vos lignes. Ramenez-le avec fierté. Si vous y parvenez, au pire vous serez flagellés, au mieux vous obtiendrez une récompense pour votre valeureuse action. Et maintenant, montrez-moi vos paumes droites. »
    Ils tendirent tous la main. À cet instant, s’il leur avait dit de les coller dans le feu, ils lui auraient tous obéi. Il plaça une demi-pilule dans chaque paume.
    « Avalez-les quand vous avancerez sur la colline, quand votre cœur commencera à taper contre vos côtes. Pas avant. Elles sont un avant-goût du paradis qui vous aidera à bannir votre peur. Et si vous êtes destinés à aller au paradis, elles vous rendront le voyage plus facile. »
    Il se demanda s’il devait s’enquérir d’Orlandu, car il avait souvent à l’esprit la santé du garçon, mais ici, à l’opposé exact du front, il y avait peu de chances qu’ils puissent le connaître. En tout cas, il savait que la cavalerie silahadar n’avait pas été employée, et ce depuis le premier jour. Envoyer des chevaux contre des murailles n’avait aucun sens. Il se leva.
    Ils furent sur pied avant lui et le couvrirent d’une pluie de bénédictions.
    « Ne dites rien de ce qui est advenu entre nous à quiconque », murmura-t-il. Ils inclinèrent la tête.

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