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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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pensée. Orlandu dit : « Si mon père était un perfide et un membre pourri, et que je suis de son sang, deviendrai-je moi aussi perfide et pourri ?
    – Je t’ai déjà expliqué une fois que ce n’est pas le sang qui compte, mais la manière dont nous avançons dans la vie. Nous avons parcouru pas mal de milles ensemble, toi et moi, et, crois-moi, il n’y a rien de perfide ni de pourri dans ton âme. »
    Une fois de plus Orlandu absorba ses mots. Puis il dit : « Marcherons-nous quelques milles de plus ? »
    Tannhauser sentit son cœur se serrer, parce qu’il voulait dire : « Jusqu’à la fin. » Mais il ne pouvait pas faire une promesse qu’il n’était pas certain de pouvoir tenir. Il dit : « Nous verrons. »
    Puis il sourit, et le garçon sourit aussi. Et donc tout allait bien.
    Au-dessus du sommet de la colline, des fusées explosèrent dans le ciel, et le carillon des cloches retentit. D’un mouvement de tête Tannhauser désigna l’autre direction. « À Mdina, car Carla attend. » Une pensée le frappa. « Dis donc, tu as toujours ma bague ? Mon anneau d’or ? »
    Orlandu acquiesça. « Bien sûr. »
    Tannhauser tendit la main. « Alors sors-le. Sans or, je me sens à moitié nu. »
     
    CARLA ÉTAIT ASSISE dans la pénombre de la casa Manduca. Malgré les festivités dans les rues, elle se sentait seule. Don Ignacio était mort. Il avait été enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul. Une seule personne l’avait pleuré, Ruggiero, le vieil intendant ; comme il avait pleuré ensuite devant Carla. Ruggiero avait imploré son pardon pour des actes et des péchés commis longtemps auparavant, et elle le lui avait accordé, plein et entier, car trop d’horreurs dans le présent étaient nées des horreurs du passé. Il était tombé à genoux, avait embrassé ses mains, et elle l’avait congédié. Elle avait pardonné à son père aussi, et la tristesse l’emplissait, car il était mort sans amis, seul. Or tout aurait peut-être pu se passer autrement… Ruggiero lui avait expliqué que la maison, les terres fermières de son père dans la vallée de Pawles, ses intérêts d’armateur et son or lui appartenaient désormais. La nouvelle l’avait surprise, mais ne l’avait pas émue.
    La maison l’oppressait. Les fantômes qui avaient dilapidé leurs vies dans une tristesse dénuée d’amour hantaient ses halls et ses couloirs. Vers la fin du jour, elle se rendit dans le jardin clos de murs et s’installa à l’ombre grandissante des orangers. C’était la fête de la Nativité de la Madone, et un samedi. Pendant la première décade du rosaire, elle allait méditer sur le mystère de l’Annonciation, quand l’archange Gabriel apparut à Marie pour lui annoncer qu’elle porterait le fils de Dieu. C’était l’un des mystères les plus joyeux, sans doute cela l’aiderait-il. Elle s’agenouilla dans l’herbe et embrassa le crucifix de son rosaire. Elle fit le signe de croix et entama le Credo.
    « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre. Et en Jésus-Christ, son fils unique, qui fut conçu par le Saint-Esprit, porté par la Vierge Marie, et qui souffrit sous Ponce Pilate, fut crucifié, mourut et fut enterré. Il descendit en enfer. Le troisième jour, il ressuscita des morts. Il monta aux cieux et alla s’asseoir à la droite de Dieu, notre Père tout-puissant. De là, il reviendra juger les vivants et les morts. »
    Elle entendit la porte de la casa grincer. Puis des pas. Et une toux discrète dans le jardin derrière elle. Elle se signa et regarda par-dessus son épaule. Elle s’attendait à voir Ruggiero.
    Mattias était debout sous la tonnelle.
    Le cœur de Carla manqua s’arrêter. Elle se releva. Il avait les joues marquées par l’épuisement. Quelque chose qui n’avait pas de nom, quelque chose d’angoissant, hantait ses yeux. Il avança dans l’allée et, comme la première fois qu’elle l’avait vu, dans un autre lointain jardin, très longtemps auparavant, il lui fit penser à un loup. Elle se hâta, courant vers lui, il ouvrit ses bras et elle se jeta contre lui. Il la tint serrée pendant qu’elle reprenait son souffle, la tête si pleine de questions que sa langue était paralysée.
    « Ludovico et ses sbires sont morts », dit Mattias.
    Elle ne ressentit rien hormis une vague de soulagement. Puis elle vit les yeux de Mattias.
    Il dit : « Bors aussi. Et

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