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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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pour le prince de la Religion ? »
    Tannhauser le fixait toujours.
    « Doutez-vous qu’un tel cadeau soit en mon pouvoir ? demanda La Valette.
    – Non, dit Tannhauser émergeant enfin de sa stupeur. Je crains seulement ce que cela pourrait m’obliger à faire. Je ne suis pas prêt à faire des vœux que je ne peux pas tenir. J’ai déjà fait de telles erreurs auparavant. »
    La Valette parut impressionné par tant d’intégrité. « Quand l’ordre juge bon d’honorer un homme ayant rendu de singuliers services, il peut lui conférer l’habit de grâce magistrale. Les quartiers de noblesse généralement requis sont écartés – et, en ce cas, c’est apparemment une nécessité. On le dispense de la période de probation, et vous ne serez pas obligé de faire profession complète de nos vœux. Néanmoins, vous appartiendrez à la Religion, et partout où les frères se rassemblent, vous pourrez réclamer votre droit de pension et de cantine. »
    Tannhauser considéra la proposition. « Aurai-je la possibilité de faire du commerce ?
    – Seul le Vatican lui-même est plus riche que la Religion, dit Starkey. Avec cette victoire, les donations que nous recevrons pourraient même bien dépasser les leurs, même si le Saint-Père ignorera toujours de combien.
    – Et je pourrai m’intituler “chevalier”, ou toute autre appellation aussi digne ?
    – Bien sûr, dit La Valette, avec ce sourire de pirate qui plissait ses yeux. Vous serez également doté de l’immunité face au bras de la loi civile. »
    Tannhauser soutint son menton avant que sa mâchoire n’en tombe. Quelle fraternité de criminels était-elle plus ingénieusement conçue que celle-ci ? « La loi n’a pas juridiction sur les frères ?
    « Vous ne répondrez qu’à nos lois, dit La Valette. Et puisque vous êtes le seul homme qui ait résisté à la Gouve, je crois sincèrement que vous les respecterez. »
    Au risque de paraître ne pas apprécier, Tannhauser demanda : « Le célibat est-il requis ?
    – Non, il ne l’est pas. Mais je dirais que je le recommande si vous devez vivre une longue vie. »
    Tannhauser se mit sur un genou et carra ses épaules.
    « En ce cas, Votre Excellence, vous pouvez manier votre épée avec joie.

SAMEDI 8 SEPTEMBRE 1565 – LA NATIVITÉ
DE LA SAINTE VIERGE MARIE
    Mdina
    SANS MURAILLES ni retranchements, ni coups de feu, ni les patrouilles assassines de chaque drapeau, Tannhauser se rendait compte combien Malte était minuscule. Le voyage du Borgo à Mdina, qui parfois avait semblé plus long que l’Odyssée, faisait à peine huit milles. Les chevaux reposés, de la nourriture et du vin dans leurs ventres, Orlandu et lui remontèrent vers les collines au son d’innombrables cloches. Ils croisèrent ou dépassèrent en route toutes sortes de gens jubilants, car c’était comme si les portes d’une énorme geôle avaient été ouvertes et ses prisonniers libérés pour faire la fête comme ils voulaient. Mais Tannhauser était sombre, ignorait les joyeux saluts, et, chevauchant à ses côtés, Orlandu s’en apercevait.
    « Vous êtes en colère contre moi ? » demanda-t-il.
    Tannhauser le considéra. Le garçon était aussi plein d’allant qu’un chien des abattoirs. Si on pouvait dire de quelqu’un qu’il avait réussi à traverser cette folie sain et sauf, c’était bien lui. Il n’avait pas la moindre blessure, il était vif d’esprit et n’avait, à ce que Tannhauser en savait, ni meurtre ni cruautés sur la conscience qui auraient pu ternir son âme immortelle. Et il vint soudain à l’esprit de Tannhauser, comme sortant de nulle part, que lui-même n’était pas tout à fait pour rien dans ce triomphe. À cette pensée, il se sentit mieux.
    « Je vais t’expliquer comment je vois les choses, dit-il. Si j’avais su ce que ton existence allait me coûter, en plus de sang, de sueur, et de larmes que je m’imaginais devoir verser un jour, je serais venu à Malte douze ans plus tôt, et je t’aurais étranglé dans ton berceau. »
    Orlandu eut un mouvement de recul comme s’il avait reçu une gifle, et Tannhauser sourit. « Si nous devons cheminer ensemble dans l’avenir, dit-il, il te faut t’habituer à mes plaisanteries, qui sont parfois sinistres.
    – Donc vous n’êtes pas fâché contre moi ?
    – M’as-tu donné des raisons de l’être ?
    – Alors pourquoi souhaitez-vous avoir pu m’étrangler dans mon

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