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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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berceau ?
    – Quand nous nous sommes rencontrés dans l’horreur de Saint-Elme, je t’ai dit que tu m’avais fait mener une drôle de danse. Je ne savais pas alors que la gigue venait à peine de commencer. Mais maintenant qu’elle est presque finie, je dirais que rien que de te voir fait que chaque étape sanglante en valait la peine. »
    Il songea à Amparo. Et Bors. Non, pas vraiment toutes les étapes. Mais on ne pouvait pas les mettre sur le compte du garçon. Si Orlandu ne parvenait pas à voir tous les tenants et les aboutissants de tout cela, ce n’était pas par manque de perspicacité. À la place, il alla droit à l’essence des choses.
    « Donc, nous sommes toujours amis.
    – Oui, garçon, dit Tannhauser. Tu es sans doute le dernier véritable ami qui me reste.
    – Je suis désolé pour l’Anglais, Bors de Carlisle. Il disait aussi qu’il était mon ami.
    – Et il l’était. Son dernier combat devait être un sacré spectacle.
    – Oh, mon Dieu, dit Orlandu, avec de grands yeux. Quatre contre un ? Quatre chevaliers  ? C’était terrible. Fantastique. Mais pourquoi cela ?
    – Parce qu’ils étaient de faux chevaliers, des frères perfides et pourris, pas moins, et des ennemis de La Valette autant que de nous-mêmes.
    – Comment ça, faux et perfides ?
    – C’est une histoire que je te raconterai plus tard. » Il lui lança un regard solennel. « Tu dois garder tout ce que tu as vu absolument secret. Peu d’hommes sont capables de relever un tel défi, même si cela semble assez simple, mais c’est un talent qui te rendra de grands services.
    – Comme de faire semblant ? demanda Orlandu.
    – Exactement, exactement.
    – Mais des amis ne devraient pas faire semblant l’un envers l’autre, dit Orlandu.
    – Non. Ils ne devraient pas.
    – Vous dites que fra Ludovico était un faux chevalier ? »
    Tannhauser soupira. « Sous la grande tente du pouvoir, ses allégeances étaient divisées. De telles rivalités prospèrent sous toutes les grandes tentes, car les hommes sont rarement heureux de l’état des choses et, en essayant de les améliorer, ils sont intolérants envers les idées contraires aux leurs, ou à peine différentes. À cet égard, la vie est souvent une énigme et je suis le dernier homme sur terre qui jetterait la pierre. Il est certain que Ludovico était brave, et qu’il était possédé par des convictions puissantes. Mais, d’après mon expérience, toute conviction fortement brandie est une épée à double tranchant, tous deux très affûtés.
    – Il m’a dit d’honorer ma mère. »
    En équilibre, Tannhauser sentit la corde raide se balancer sous ses pieds. « Une splendide notion.
    – Il voulait m’emmener à Mdina pour la rejoindre.
    – Il m’a confié ce joyeux devoir. »
    Orlandu dit : « Fra Ludovico était mon père ? »
    Ils y étaient. Tannhauser tira les rênes de Buraq, ils s’arrêtèrent, et il feignit de rajuster quelque chose sur la bride. C’était étrange, mais jusqu’à ce qu’il ait commis l’acte, il n’avait jamais pensé à la complexité de dire à Orlandu que le père qu’il espérait tant retrouver était mort de sa propre main. Et lui-même n’avait sans doute pas compris non plus combien il tenait à l’affection du garçon. Il se retourna pour lui parler en face, les yeux d’Orlandu plongèrent dans les siens et, en eux, cette même affection était si nue que Tannhauser chancela. Après tout, Ludovico avait décidé de laisser cette tâche à Carla, et il lui avait même donné sa bénédiction pour dire un mensonge. Mais la honte de Ludovico n’était pas celle de Tannhauser. L’âme de Tannhauser n’appartenait qu’à lui.
    Il dit : « Oui. Frère Ludovico était ton père. »
    Les lèvres d’Orlandu se crispèrent.
    Tannhauser dit : « Je l’ai achevé. »
    Orlandu cilla, deux fois. Il dit : « Parce qu’il était… faux ?
    – À la toute fin, il était aussi vrai que tout homme peut espérer l’être.
    – Alors pourquoi ? »
    Pour Tannhauser ce n’était pas l’heure de faire la liste des crimes de Ludovico. Le garçon apprendrait tout cela un jour, mais pas aujourd’hui. Il dit : « Je l’ai tué parce que le destin l’ordonnait. »
    Orlandu était tout ouïe, et peut-être Tannhauser l’avait-il sous-estimé, car la réponse sembla adéquate, du moins pour l’instant. En tout cas, sa déclaration était bien

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