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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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arrière, regardant le ciel. Ses yeux noirs étaient voilés par l’émotion. « Oh Dieu, dit-il. Oh Seigneur Dieu ! »
    Dans ces mots se trouvait un regret trop monumental pour être mesuré. Tannhauser s’étonna même que cela ne le tue pas. Il dit : « Cela en dit assez. Est-ce qu’Orlandu sait qui tu es ?
    – Non.
    – Pourquoi ne pas le lui avoir dit ?
    – Je laisse ce choix à Carla.
    – Tu crois qu’elle mentirait ? »
    Les lèvres de Ludovico étaient entrouvertes, il haletait à petits coups. Sa bouche ne remuait pas, mais un reflet dans ses yeux suggérait un sourire.
    « Peut-être a-t-elle un sage pour ami, dit-il.
    – Je pensais dire au garçon que tu étais un lâche et un traître, dit Tannhauser, mais le premier serait mensonge, et, dans un monde aussi dégénéré que celui-ci, quel homme n’est-il pas traître à ses propres promesses ?
    – Dites à Carla que je regrette.
    – Je sais, dit Tannhauser. Je le ferai. »
    Ludovico cligna des yeux. « La mort d’Amparo n’était pas dans mes intentions. »
    Tannhauser l’étudia un instant, puis dit : « Je sais cela aussi.
    – Je me demande si Dieu me pardonnera.
    – Le Christ le fera.
    – Vous parlez du Christ, enfin ? »
    Tannhauser sourit. « Une religion qui laisse une place au troisième larron ne peut attirer que la sympathie des gens comme moi. »
    Les yeux de Ludovico se braquèrent sur les siens et pendant un instant il redevint l’inquisiteur de jadis, l’homme à la recherche des vérités cachées chez les autres hommes. Il dit : « Ainsi beaucoup de choses ont changé depuis la Gouve.
    – À Messine, tu m’avais affirmé que le chagrin ouvre la porte à la grâce de Dieu. Et tu m’avais demandé, si c’était le cas, quel droit l’homme avait-il de l’éviter. »
    Les yeux de Ludovico remuaient, comme s’il cherchait à se remémorer cette lointaine conversation.
    « Ce n’étaient que des mots, dit-il, des mots savants.
    – La vie tend à donner de la chair à de tels mots », répliqua Tannhauser.
    Ludovico acquiesça. Il posa les paumes de ses mains sur sa poitrine et inspira profondément l’air chaud et poussiéreux. Il le relâcha par la bouche. Il essaya de sourire, regardant Tannhauser. Leurs yeux se verrouillèrent au-dessus de l’immense gouffre qui les avait divisés. Ludovico avait trouvé sa paix.
    « Tu avais raison, dit-il. Cela fait comme un printemps. »
    Tannhauser le poignarda en plein cœur et Ludovico mourut immédiatement.
    La lame trempée dans le sang d’un démon avait trouvé sa destination finale. Et elle y resta.
     
    TANNHAUSER JETA le fourreau si précieusement orné. Sa gorge était serrée d’émotions impossibles à nommer, et il les avala. Il prit Ludovico dans ses bras. Même usé jusqu’à la corde par le siège – et ils l’étaient tous –, le moine demeurait grand et lourd. Il le porta dans une tranchée turque profonde de quelques pieds, et l’y allongea. Il le roula dans un morceau de toile arrachée à des réserves abandonnées. Il le couvrit de morceaux de charpente, de boulets de pierre et de morceaux de roche. Il ne laissa aucune marque hormis la dague logée dans son cœur. Il remonta jusque sur la piste. Il emballa l’armure de Negroli et l’attacha à la selle du cheval de Ludovico. Au moment où il allait monter en selle, le grand maître, Jean Parisot de La Valette, et son distingué secrétaire, Oliver Starkey, émergèrent de sous la crête. Ils virent tous deux l’armure noire du moine.
    « Capitaine Tannhauser, dit La Valette, comment se passe cette journée ?
    – Cette journée est tout à vous. »
    La Valette descendit de cheval en hochant la tête. Il prenait soin de ne pas s’appuyer sur sa jambe blessée, mais sa vigueur demeurait étonnante. Il tira son épée. Tannhauser le regarda.
    « Vous voudriez aussi vous débarrasser de moi ? » demanda-t-il.
    La Valette éclata de rire. Tannhauser ne l’avait jamais entendu rire auparavant. C’était un rire de pirate. Et plus encore. Le rire de qui est capable d’envoyer tous ceux qu’il aime à la mort, et tout cela pour un idéal monstrueux. La Valette fit non de la tête.
    « Il n’existe pas mieux qu’un champ de bataille pour adouber un chevalier », dit La Valette.
    Tannhauser le fixait.
    « Je sais qu’il y a peu de gens devant qui vous vous agenouilleriez, dit La Valette, mais le feriez-vous

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