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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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enfant Jésus Notre-Seigneur dans ses bras. J’ai reçu à cet instant une profonde consolation. Je me suis rendu compte que retrouver mon fils n’était pas une lubie. C’était la volonté de Dieu. Si je ne parvenais pas à revendiquer cette vérité de ma propre existence, alors le reste de ma vie se poursuivrait comme une imposture. Car je vais vous dire, capitaine Tannhauser, ma vie n’a été qu’une imposture depuis le jour où je les ai laissés me prendre mon enfant, et que je n’ai même pas levé la main pour les arrêter. »
    Des larmes brouillaient sa vision. Elle eut peur qu’il ne pense qu’elles étaient des larmes d’apitoiement sur elle-même, alors qu’en vérité c’étaient des larmes de rage. Elle les essuya. Tannhauser la considérait en silence.
    « Voilà, dit-elle, je vous ai tout raconté. Maintenant dites-moi si vous acceptez ma proposition, et à quel prix. Quel que soit le montant, je paierai.
    – Le moine qui vous a fait cet enfant, qui était-il ? demanda Tannhauser.
    – Je ne vous ai pas livré assez de scandales à raconter dans votre taverne ? »
    Tannhauser éclata du même rire franc qu’auparavant et elle eut soudain terriblement envie de le frapper.
    « Il en faudrait bien plus pour amuser cette racaille, dit-il. Non, ma question est pertinente. La fornication n’est peut-être pas à la mode, mais il y a plus d’un bâtard de chevaliers dans les ruelles de Malte. Si votre amant – j’emploie ce mot avec tout mon respect – était un hospitalier, et s’il fait partie de ceux qui se sont rassemblés là-bas, il serait aussi bien de le savoir.
    – Ce n’était pas un moine soldat, mais un simple frère, d’un autre ordre monastique. Il a fui Malte, sans prévenir, avant même que je me rende compte que j’étais enceinte. » Elle s’arrêta pour retenir une autre vague de colère. « Je n’ai plus jamais entendu parler de lui.
    – Il vous a brisé le cœur », dit Tannhauser.
    Carla attendit d’être certaine que sa voix serait posée. « Il m’a fallu des années pour oublier son visage. Et j’oublierais son nom, si je le pouvais. Mais demandez-moi de le prononcer, et je le ferai. »
    Il refusa d’un geste de la main. « Vous parlez avec la colère de blessures non refermées, dit-il, mais tant que ce n’est pas le bailli de Lango, ou quelque autre éminent chevalier, l’homme est sans conséquence pour moi. Oubliez-le du mieux possible. »
    Il se leva du banc et fit une douzaine de pas autour du massif de roses. Puis il s’arrêta et revint vers elle.
    « Si je comprends bien tout, la tâche consiste à aller jusqu’à Malte, en échappant au blocus turc, à trouver un garçon de douze ans dont nous ignorons le nom et l’apparence, et, avec son accord – ce qui, soit dit en passant, n’est pas forcément garanti –, revenir en Sicile sans nous faire pendre comme déserteurs par les chevaliers, ou comme espions par le Grand Turc. »
    Elle le fixait, à peine capable de parler. Sa consternation l’intrigua.
    « J’ai mal représenté l’entreprise ? demanda-t-il.
    – Non. Vous l’avez élargie au-delà de mes attentes.
    – Comment cela ?
    – Vous ramèneriez mon fils en Sicile ? »
    Il écarta les paumes. « Pourquoi y aller, sinon ?
    – Je n’avais jamais rêvé au-delà de le retrouver et de lui avouer que j’étais sa mère. » Carla sentit sa gorge se serrer. Elle déglutit. « Un passage pour Malte et un moment de réunion – peut-être, avec l’aide de Dieu, un moment de pardon –, c’était tout ce que j’imaginais.
    – De tels moments pourraient très bien expier vos péchés et apaiser votre conscience. Ils pourraient même sans doute vous apporter consolation et joie. Mais ils ne vous permettront pas à vous ni à votre fils d’échapper à l’acier turc. À cet âge, il fera partie des combattants, ne vous leurrez pas. Les Maltais constituent le gros de la garnison de La Valette. Ils vont faire le plus gros des combats. Et le plus gros des morts. »
    Carla se sentit mal. « Vous croyez que le combat est sans espoir ?
    – Je ne dirais pas cela, mais c’est un sacré coup de dé pour n’importe quel amateur de jeu. Cinq faces en faveur du Turc, je dirais, et une seule pour les chevaliers de la Religion. Mais quel que soit le vainqueur ou le vaincu, mon évaluation se tient. Vainqueurs et vaincus vont le payer très cher en sang. À moins que vous

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