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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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« Nous n’avons pas discuté de vos émoluments. »
    Il hésita, comme s’il avait déjà fait son prix, mais le pensait exorbitant.
    Il dit : « Si je vous ramène de Malte, vous et votre fils, et en vie, je voudrais que vous m’épousiez. »
    Carla en resta sidérée. Elle crut avoir mal entendu. « M’épouser ? »
    Il eut l’air confus et toussa. « Mariage légitime, mariage consacré, publications des bans. Et ainsi de suite. »
    Pendant un instant ses instincts s’émurent. Des impulsions dormantes s’agitèrent dans son bassin. Elle chancela, prise d’un étourdissement soudain. Elle sentit sa main lui prendre le bras. Elle le regarda. Ses yeux étaient si clairs qu’elle ne pouvait rien y lire. Elle ne savait pas ce qu’il voyait dans son visage, mais il le lisait comme une sorte d’horreur.
    « Cette requête est d’une impertinence grossière, dit-il. Pourtant mes motifs ne sont pas discourtois, et à peine cupides. Même l’ombre du parfum de noblesse qu’une telle union m’apporterait serait inestimable pour mes affaires. Le prix que je demande est élevé, certes. Et si l’on considère nos statuts respectifs, peut-être outrageant. Mais le risque inhérent à notre quête l’est tout autant. Nous pouvons décider par contrat, bien évidemment, que je n’aurai aucun droit sur vos propriétés ni vos revenus, que je ne convoite pas. Bien plus, vous avez ma parole d’honneur que je ne tirerai pas d’avantages malvenus de notre arrangement. »
    La joie de son rêve naïf s’évanouit. Ce n’étaient que des affaires ; rien de plus. Ils étaient aussi éloignés de tempérament, comme de position sociale, que deux individus pouvaient l’être. Elle n’avait pas le droit de penser à mal de lui. À dire vrai, elle n’avait jamais tenu un homme en aussi haute estime. Et en retour de ce qu’il lui offrait, le prix était dérisoire. Mais, même ainsi, quelque chose se fana soudain, quelque chose qui avait bourgeonné en elle durant l’heure qui venait de s’écouler. Elle tenta de garder une voix égale, mais sentit qu’elle sonnait froide.
    « Vous vous méprenez quant aux complexités de la noblesse, dit-elle. Le mariage seul vous apporterait l’apparence d’un titre, mais guère plus.
    – Pourrai-je légitimement me comporter comme un comte, et insister pour être appelé “monseigneur” ou “Votre Excellence”, ou autre obséquieux titre de courtoisie ?
    – Je crois que oui.
    – Alors l’apparence vaut une fortune, même si elle est frauduleuse, et j’en serai plus que satisfait.
    – Très bien, dit-elle. Mon titre a déjà été vendu par le passé. Au moins, cette fois, cela ne dépend-il que de mon propre choix.
    – Alors, nous sommes tombés d’accord ?
    – Voulez-vous qu’un notaire le signifie par contrat ?
    – Une poignée de main suffira pour le moment. »
    Il tendit la main. Elle était large et rude, la paume couverte des durillons de la poignée d’une épée. Elle tendit sa propre main pour la prendre et il recula.
    « Puis-je ajouter un avenant à notre pacte ? » Il y avait de l’espièglerie dans ses yeux.
    Le charme qu’il était capable d’exercer était exaspérant. « Vous pouvez essayer, dit-elle.
    – À notre retour, vous jouerez encore pour moi de votre viole de gambe. »
    Une confusion de sentiments s’éleva en elle. « Pourquoi faites-vous cela pour moi ? »
    Ses sourcils se froncèrent. « Parce que je considère que la transaction est équitable, et que c’est une bénédiction pour mes affaires.
    – Votre foi en mon intuition est sans doute fragile, dit-elle, mais j’ai la sensation que vous entrez dans cette entreprise pour des motifs plus profonds que d’améliorer simplement vos affaires. »
    Tannhauser la considéra pendant ce qui sembla des minutes mais aurait pu n’être que quelques secondes. Il avait l’air de calculer combien il devait révéler de lui-même, et elle perçut qu’au cœur de ce moi existait un chagrin aussi profond et aussi pénible que le sien. Peut-être même plus profond. S’il l’avait prise dans ses bras, elle n’aurait pas résisté.
    Tannhauser dit : « J’ai connu un jour une autre mère qui s’est battue pour son fils.
    – Est-ce tout ?
    – La mère a perdu », dit-il.
    Carla attendait. Mais de cela, Tannhauser ne dit plus rien.
    Il sourit avec sa dent ébréchée et tendit sa main.
    Carla la prit, il la serra, et un

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