Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
Vom Netzwerk:
n’entrepreniez ce voyage uniquement pour le voir mourir, nous devons l’escamoter de là.
    – L’escamoter ? » L’expression l’excita. « Est-ce faisable ? »
    Il revint s’asseoir près d’elle sur le banc.
    « J’ai fait sortir des cargaisons bien plus grosses de ports bien plus fermés. Mais nous devons d’abord le trouver.
    – Je le reconnaîtrai quand je le verrai, croyez-moi, dit-elle.
    – Bien sûr, dit-il sans le moindre brin de confiance. Mais nous pouvons difficilement demander à La Valette de mettre en rangs tous les gamins du Borgo pour que vous puissiez choisir. »
    Son cœur se plomba aussi vite qu’il s’était enflammé. Elle avait fait tout ce chemin sur la base d’un conte de fées, si absorbée par son aventure dans le vaste monde qu’elle avait oublié les détails pratiques les plus évidents. Elle était idiote. Mais Tannhauser, c’était de plus en plus clair, était loin d’être stupide.
    « Les Maltais ont l’Église romaine chevillée au corps, dit-il. Le garçon a dû être baptisé, bâtard ou pas, et son nom dûment répertorié dans un registre des naissances. Si votre information sur l’orphelinat est bonne, il devrait également y avoir des traces dans l’Infirmerie sacrée.
    – Mais, comme vous le faisiez remarquer, nous ignorons son nom. »
    L’effort qu’il fit pour dissimuler son expression lui fit ressentir sa stupidité encore plus profondément. « Bien sûr. Mais vous vous souvenez au moins de sa date de naissance.
    – Le dernier jour d’octobre 1552. »
    Comme pour l’âge du garçon, sa date de naissance sembla le frapper d’une signification particulière.
    « La veille de la Toussaint, dit-il. Le Soleil dans le Scorpion. » Il secoua la tête. « D’étranges chemins, madame la comtesse, de bien étranges chemins nous ont menés dans ce jardin au-dessus de la mer. »
    Il n’en dit pas plus et, avant qu’elle ne puisse lui demander ce qu’il entendait par là, il serra le poing.
    « Mais pourquoi n’êtes-vous pas venue me voir plus tôt ? Vous êtes ici depuis six semaines ! Nous aurions largement fait l’aller et retour, et sans autre danger que de nous noyer pendant la traversée. »
    Une nausée lui monta dans la gorge. « Jusqu’à ce matin, j’ignorais votre existence. »
    La suspicion lui plissa le front. « Et qui vous a mise au courant ?
    « Frère Oliver Starkey, de la langue anglaise. »
    Elle vit la colère étinceler dans ses yeux, comme le bleu au cœur d’une flamme, et elle craignit qu’il ne l’abandonne. Pourquoi le nom de Starkey l’énervait ainsi, elle ne le savait pas.
    « Frère Starkey a été très élogieux sur vos talents.
    – J’en suis certain.
    – Sa lettre…
    – Sa lettre ?
    – Sa lettre disait que vous êtes un homme d’une habileté remarquable, qui n’a peur de rien et qui a pour toute autorité – morale, légale et religieuse – un mépris absolu. » Pourquoi cela devait-il le flatter, elle n’en était pas bien sûre, mais elle croyait que cela le ferait. « Il disait, surtout, que vous êtes un homme de parole.
    – Cet Anglais est plus ingénieux que je ne l’imaginais. »
    Elle sentit enfin qu’elle avait un renseignement utile à offrir. « Frère Starkey disait aussi qu’il pouvait nous embarquer sur la Couronne . »
    Son humeur ne semblait pas s’améliorer le moins du monde. « Je n’en doute pas.
    – La  Couronne part ce soir à minuit.
    – Elle partira sans nous. »
    Il ravala sa colère et sourit.
    « La guerre a le bras long, et ses doigts sont serrés autour de ma gorge, mais je lui fausserai pourtant compagnie.
    – La  Couronne ne serait pas le moyen le plus sûr de nous rendre là-bas ?
    – Peut-être. Mais il vaut mieux réserver un pacte avec le diable pour une heure plus désespérée que celle-ci. »
    Il s’arrêta, comme s’il était au bord d’une falaise escarpée. Puis il hocha la tête.
    « Laissez-moi m’occuper de tout et oubliez frère Starkey. Vous aurez de mes nouvelles d’ici deux jours tout au plus. »
    Il lui fallut un moment pour réaliser que, avec ces mots, il avait accédé à sa requête. Elle voulut parler, mais ne trouva pas ses mots. Tannhauser se leva du banc et s’inclina avec une galanterie manifeste. Il désigna la maison.
    « Maintenant, si je puis, je serais curieux de voir l’engin divinatoire de la jeune fille. Son… cristal ? »
    Carla se leva.

Weitere Kostenlose Bücher