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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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    — Repose-toi, maman. Tu n’arrêtes pas. Je voudrais qu’on se parle.
    Blanche caresse les boucles blondes de sa fille.
    — Tu m’as fait croire que papa était mort. Ninon prétend qu’il habite dans un autre pays. Dis-moi la vérité ? insiste la gamine.
    — Ninon a raison ; j’ai longtemps cru que ton père avait été tué à la guerre. Par le plus grand des hasards, j’ai appris qu’il vivait en Russie, à la Cour des tsars. C’est un homme important ; il exerce de hautes fonctions, ment Blanche d’une voix douce.
    — Pourquoi ne revient-il pas ? Pourquoi je ne peux pas y aller ? Comment l’as-tu rencontré ? Vous êtes-vous aimés ? M’avez-vous désirée ?
    — Que de questions ! J’ai aimé ton père, sois-en sûre ; il a disparu trop tôt. Sans doute s’est-il marié.
    Marquise s’assombrit. Blanche l’encourage à dessiner, pour qu’un jour, quand elle sera grande, son père admire ses œuvres.
     
    Le froid a saisi Paris. Blanche pense à Antoine, à ses mises en garde. Se tourmente : qui a commandité la mort du roi ? Athénaïs l’aime trop. Elle est croyante, issue d’une famille illustre. La Des Œillets se serait-elle vengée ? On dit qu’elle aurait eu un enfant du roi. Olympe aurait-elle manœuvré ? Est-ce un attentat politique ? Louvois déteste Colbert. Les dévots ont-ils voulu punir le roi de ses fautes ? À qui étaient destinées ces pièces de tissus ? À la Fontanges ? Pourvu que la Voisin se taise. Faut-il renoncer à ma charge au risque de perdre la protection du roi et d’Athénaïs ? Le plus sage est d’attendre : la Montespan va s’assagir.
     
    Des corbeaux croassent sur la plaine. Au loin, des fumées montent des toits de chaume. Des charrettes passent, des paysans s’inclinent devant un crucifix. Sur la route de Saint-Germain, le nez au vent, Blanche s’imagine dans les bras d’Antoine, ce frondeur qui la connaît mieux qu’elle. Bientôt, je reprendrai le théâtre, se promet-elle. Je serai libre, libre d’aimer. Pelotonnée dans une fourrure de renard, Athénaïs pose sa main sur la sienne :
    — C’est fini ! Sois sans crainte, je vais me repentir, sauver mon âme. Je me montrerai si bonne envers la Fontanges que Louis en sera touché. Il me reviendra, il m’est toujours revenu. Dieu merci, il n’est pas comme son père qui préférait les hommes.
    Blanche souffle sur ses doigts gelés. Au château, elle se précipite devant la cheminée monumentale du salon. Des courtisans jouent à cache-cache. Entourée d’une volée de donzelles, Angélique parade. Athénaïs la salue avec affectation, l’interroge sur sa santé, lui propose une partie de billard. Comme du temps de La Vallière, les favorites semblent les meilleures amies du monde. Plus pour très longtemps…
     
    Le 7 avril 1679, horrifié d’avoir échappé à une tentative d’assassinat, le roi découvre l’ampleur des crimes commis dans la capitale. Par lettre patente, il ordonne la création d’une commission nommée la Chambre ardente. La nouvelle cour s’installe à deux pas de la Bastille, dans l’Arsenal. Les réunions ont lieu dans une pièce tendue de noir et éclairée aux flambeaux. À la tête de cette juridiction extraordinaire, Gabriel Nicolas de La Reynie, assisté de magistrats triés sur le volet et d’avocats enquêteurs, dont Guillaume de La Motte.
    Pour l’heure, rien n’a filtré des interrogatoires de la Voisin et de Lesage. À la Cour, les uns soupçonnent les autres, les plats sont goûtés, des noms circulent. Aux Pâques, beaucoup demandent à se confesser. Dans la chapelle du château, le père La Chaise menace des feux de l’enfer ceux qui se sont tournés vers le Prince des ténèbres.
    En avril, les dames se découvrent d’un fil ou deux. Sur la grande terrasse, chapeautées et gantées, des coquettes s’extasient sur les premières jonquilles. Parmi elles, Athénaïs, Blanche, Olympe, quarante-deux printemps, et la princesse Palatine. À vingt-sept ans, Élisabeth-Charlotte s’est empâtée comme une brioche. Boudinée dans une robe moirée, elle fustige ses compagnes :
    — Louvois m’a laissé entendre que les révélations de la Voisin en épateront plus d’un. Elle aurait donné le nom de dames de qualité qui lui achètent des poudres d’amour et du poison.
    — Fadaises ! glapit Olympe. Qui croira cette sorcière ?
    — Nous en saurons bientôt plus, la défie la Palatine.
    Les

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