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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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fleurs, ombrelle et gants verts, Athénaïs lui fait signe de la rejoindre sur-le-champ. Elle pose un doigt sur sa bouche :
    — Louis est occupé, je suis curieuse de savoir quels sont ses nouveaux projets.
    Les jeunes femmes s’approchent des architectes.
    — Messieurs, vos plans ne me satisfont pas, déclare le roi. Je souhaite que vous vous inspiriez de Vaux. Je veux un palais idéal, voué à l’éternité. Trois plats à terrasses associés aux trois hauts à la française avec des galeries de circulation, comme à Chambord. Au cours de mes voyages, j’ai pu observer de nombreux châteaux. J’exige que le mien soit le plus magnifique qu’on ait jamais imaginé. Les bâtiments devront envelopper le pavillon de mon père. Inspirez-vous de l’antiquité, mais aussi de l’Italie.
    Les joues creuses, Louise boitille vers le roi. Du haut de ses talons blancs, Aglaé martèle la pierre.
    — Allons boire un chocolat et nous protéger du soleil, décrète Athénaïs qui entraîne les suivantes dans ses appartements.
    Dans son salon meublé à l’italienne de cabinets, chaises légères et guéridons, d’immenses bouquets de lys embaument. Les laquais servent des gâteaux, du chocolat. La Montespan agite son éventail :
    — La reine est grosse de trois mois. Hier soir, elle a vomi son souper sur ses draps. Elle jurait en espagnol : «  Es una niña , une puta de señorita !  »
    Louise ébauche un sourire, claudique vers une crédence. Blanche remarque son petit ventre rond. La Vallière le couvre vite d’une étole d’argent :
    — J’espère que la reine n’a rien vu : j’accoucherai en octobre. À quoi bon avoir des enfants ? Charles est mort l’hiver dernier, Philippe m’a été enlevé…
    — Ne soyez pas chagrine : le roi n’aime pas les humeurs, s’adoucit Athénaïs.
    — Ma chère Louise, n’est-il pas question qu’il vous fasse duchesse ? caquette Aglaé dévoilant une dent d’or. N’est-ce pas une preuve d’amour ? Vous le méritez : tout le monde vous aime.
    — La Cour m’aime peut-être, mais le roi me délaisse. Il ne m’a pas honorée depuis huit jours, se désole Louise. J’espère qu’il ne me fait pas duchesse pour me consoler.
    — Vous devriez le charmer, l’étonner, frétille Athénaïs. La mélancolie n’invite guère au désir. Tu pourrais lui apprendre à ruser, Blanche, toi qui es comédienne.
    — Je n’oserais, murmure Blanche.
    — Athénaïs a raison. La concurrence est rude. Méfiez-vous de cette demoiselle de Poussé. Elle est poussée par madame de Choisy ! pouffe Aglaé.
    — Cette nouvelle venue a la grâce d’une oie et l’esprit d’un moineau, grimace Athénaïs.
    — Si le roi me quittait, j’en mourrais, gémit Louise.
    Blanche n’en revient pas : après sa visite à la Voisin, Athénaïs semble faire fi des projets maléfiques d’Aglaé. Que cache-t-elle sous le masque de l’amitié, les flatteries ?
     
    Après le coucher de la reine, les suivantes rejoignent la Cour au grand salon. Les violons de Lully s’envolent. On joue au lansquenet, au hoca, au billard, on chuchote, on piaffe, on déguste des huîtres. Louise s’assied près de Louis. Athénaïs lui fait face. Placée entre Jean-François de La Baume Le Blanc, marquis de La Vallière, et son épouse, Gabrielle Glé de La Cotardais, Blanche se sent mal à l’aise.
    — Deux Bretonnes à cette table, quel honneur ! Décidément, Majesté, vous attirez les filles du bout du monde, plastronne le marquis.
    — Elles ont un je-ne-sais-quoi d’espagnol qui leur vient de leurs ancêtres conquérants de ces terres qui excitent les sens et l’esprit. Les brunes seraient-elles plus sensuelles que les blondes ? À vous de juger, messieurs. Je joue cœur, déclare le roi en découvrant son pli.
    Louise laisse entrevoir ses quenottes jaunes. Gabrielle pérore. Vingt ans, de grands yeux noirs, trois rangs de perles au cou : elle est l’une des plus riches héritières de Bretagne. Sa rente de quarante mille livres lui a donné l’embarras du choix : elle a refusé le marquis de Coëtquen, fils du gouverneur de Saint-Malo, pour épouser, il y a trois ans, le frère de la favorite, cornette dans la compagnie des chevau-légers du Dauphin.
    — Ainsi, vous êtes de mon pays ? s’avance Blanche intimidée par le port altier, la corpulence de Gabrielle.
    — Je suis baronne de Bécherel et de Médréac et vous ?
    — Baronne de Locronan, prétend Blanche

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