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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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une réponse. Guénolé Le Briec lui vante les qualités de sa cadette. Élevée chez les sœurs, Dahuh, dix-sept ans, a appris le français et s’est occupée des enfants de Louis Le Gallo à La Boissière.
    Blanche accepte de la faire venir, se réservant le droit de la renvoyer si elle ne faisait pas l’affaire. Elle loue quatre pièces dans l’aile gauche de son hôtel, là où Émilie enseigna à Louis et à Marguerite de La Tour. Le mercredi des Cendres, Blase lui apporte un courrier à l’effigie royale. Elle le décachette :
    Saint-Germain, le 10 février 1671
    Chère Blanche,
    Nous tenons à vous exprimer notre admiration pour votre jeu dans Bérénice. Vous nous avez charmé, ébloui. Nous espérions vous revoir aux représentations de Psyché, la tragédie ballet de Corneille et Quinault, mise en scène par Molière, crée le 17 janvier aux Tuileries. Vous nous manquez. Que diriez-vous de nous accompagner à nos chasses ? Mademoiselle de La Vallière nous a quittés ce matin pour se retirer au monastère des Dames de la Visitation. Elle nous a laissé une lettre bouleversante. Elle n’aspire désormais plus qu’à la pénitence et à la miséricorde divine. Elle n’a emporté que son petit habit de gris de lin. Nous ferons notre possible pour lui faire entendre raison et votre venue nous serait d’un grand réconfort.
    Vôtre.
    Louis.
    Blanche écarquille les yeux. Le roi ne lui parle ni de sa fille ni de sa charge de suivante ; il se montre très impatient de la revoir. Comment résister à ses avances ? Faudra-t-il céder pour Marquise ? Sans hésiter, elle se prépare à partir. Les ordres du roi ne se discutent pas. Bien sûr.
    Un petit matin brumeux, la voiture s’arrête dans la cour du Château-Vieux. Blanche charge Blase de prévenir Mme de Montespan de son arrivée. Peu après, il revient, satisfait :
    — La marquise vous fait savoir qu’elle est ravie de vous recevoir.
    Blanche traverse des enfilades jusqu’aux quatre appartements d’Athénaïs. Une foule de gens de maison s’agite. Des chambrières portent des panières. Valets et laquais font reluire les meubles, arrangent des bouquets, disposent des sucreries, servent aux chiens de compagnie des gigots dans des plats en faïence. Chapeautée à la hollandaise, Athénaïs repousse du coude ses femmes de chambre et invite Blanche à la suivre dans un studio  :
    — Je viens de vivre un cauchemar, fulmine-t-elle. J’ai cru être débarrassée à jamais de sainte Louise. Lorsqu’il a appris qu’elle s’était réfugiée dans un cloître, le roi s’est mis à pleurer. J’ai fait mine d’être désolée. Pris de remords, il a chargé Colbert d’aller la chercher. J’ai tenté de l’en dissuader. Nous nous sommes disputés. Louis s’est montré faible, comme d’habitude.
    — Mais c’est toi qu’il aime ! la réconforte Blanche.
    — Avec lui, on ne sait jamais !
    — Suis-je toujours en disgrâce auprès de la reine ?
    — J’ai tout arrangé. Tu n’es plus sa suivante : tu es ma dame de compagnie !
    Blanche ne peut s’empêcher de redouter qu’Athénaïs n’ait trouvé là un moyen de mieux la tenir sous sa coupe :
    — Je ne pourrai pas être toujours avec toi, j’ai des obligations au théâtre…
    La marquise s’impatiente, l’embrasse sur les lèvres :
    — On m’attend pour la chasse à l’épervier. À ce soir ! Dépêchons-nous, les filles.
    Louise traverse la terrasse, la démarche détraquée. Elle ébauche un pâle sourire, ses grands yeux gris avides de silence. En velours parme, huppe sur le sommet du front, Aglaé fusille Blanche du regard avant de grimper dans le carrosse doré du roi avec les dames de la faveur. Blanche rentre se réchauffer, déterminée à la laisser mijoter dans son jus.
    Au retour de la chasse, elle aide Athénaïs à se changer. Ses mains bouclent ses cheveux. Elle place une couronne de perles sur sa tête, dispose un camée sur son décolleté. Le roi se fait annoncer. Il offre son bras à la favorite et descend le grand escalier vers la salle à manger. Devant un bouillon de poule, Blanche tend l’oreille aux propos de Lauzun à Primi Visconti, un jeune noble italien :
    — C’est moi qui ai manigancé le faux départ de Louise au couvent afin d’inquiéter le roi. Peine perdue. Cette catin de Montespan a fait capoter mon mariage avec la Grande Mademoiselle. J’avais pourtant embobiné la vieille. Athénaïs me le paiera. Je vais filer

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