La Révolution et la Guerre d’Espagne
un
front assez étendu pour permettre le déploiement des blindés et d’amples
mouvements stratégiques.
Les batailles d’encerclement
Il s’agit dorénavant, non plus de prendre Madrid d’assaut,
mais, en l’attaquant par les ailes, de l’encercler et d’obtenir ainsi sa
capitulation. L’aide en matériel italien et allemand est suffisante pour
réaliser l’opération projetée. L’armée rebelle sur le front de Madrid comprend
maintenant plus de 60 000 hommes bien équipés.
La première attaque se situe dans le secteur du nord-ouest
et se déclenche le 29 novembre à Pozuelo. Son objectif est de réduire le
saillant nord, de couper les défenseurs de Madrid de la Sierra en supprimant le
ravitaillement en eau et la fourniture d’électricité de la capitale. Le premier
jour les lignes républicaines, que tient la 13 ème brigade de
Francisco Galan, sont enfoncées, mais l’intervention des tanks russes puis des
avions contre les Stukas, rétablit la situation. L’armée nationaliste souffle
alors, Orgaz prenant le commandement général et massant ses réserves : la
12 ème brigade internationale a victorieusement résisté dans Pozuelo
aux assauts des Marocains, mais la contre-attaque dirigée par Rojo contre les
hauteurs de Garabitas a échoué sous le feu d’une artillerie lourde habilement
camouflée. La partie est remise : elle va reprendre le 16 décembre, après
qu’une vague de froid ait ralenti les communications : 17 000 hommes
attaquent les troupes du colonel Barcelo qui plient sous le choc et doivent
évacuer Boadilla del Monte. Là encore, les tanks russes et le bataillon
Dombrowski de la 11 ème brigade internationale arrêtent l’offensive.
Après quatre jours et quatre nuits de combats acharnés où les internationaux
subissent de lourdes pertes, Orgaz arrête une offensive devenue trop coûteuse
pour ses troupes...
C’est dans le même secteur ouest que vont se dérouler des
combats du mois de janvier, dans des conditions climatiques effroyables qui ont
permis à Colodny de les appeler « la bataille dans le brouillard ». L’attaque
qui se déclenche le 3 janvier avec des effectifs renforcés a été préparée par
les généraux allemands : elle pousse en direction de Villanueva del
Pardillo, Las Rozas, Majadahonda. Là encore l’offensive connaît initialement de
gros succès. Villanueva del Pardillo tombe, tandis que les Internationaux sont
placés aux points névralgiques, Commune de Paris dans le secteur de
Pozuelo face au flanc droit des attaquants, Edgar André et Thälmann à
l’est de Las Rozas. Le 5 janvier, le gros de l’armée Orgaz enfonce le front
ouest de Manzanarès et, exploitant ce succès, poussent à fond dans la direction
de l’est, en vagues successives : avions tanks et artillerie légère, infanterie
suivie d’un deuxième échelon de tanks. L’état-major républicain concentre des
troupes fraîches à El Pardo sous le commandant Lister, fait venir les 13 ème et 14 ème brigades internationales. Pendant quarante-huit heures, les
troupes républicaines reculent, pied à pied. Le 10 janvier, les 13 ème et 14 ème brigades sont lancées contre Majadahonda et Las Rosas. Miguel
Martinez et Pavlov ont pris en main le secteur où, pendant trois jours, se
succèdent attaques et contre-attaques. Finalement, Orgaz renonce : il a
avancé de 20 kilomètres et perdu 15 000 hommes. Miaja en a perdu autant et
peut-être le tiers des Internationaux engagés. L’offensive est arrêtée une fois
de plus, par l’épuisement des troupes et le manque de réserves.
C’est la bataille de Jarama qui occupe le mois de février. L’opération
a pour but immédiat d’atteindre et de traverser la rivière, pour but lointain d’ouvrir
un large front au sud-est de Madrid et de couper les communications avec
Valence. D’énormes pluies la retardent, et elle ne se déclenche que le 6
février. La prise du fortin de la Maranosa permet aux nationalistes de tenir la
ligne de chemin de fer de Valence sous leurs canons. La défense républicaine
semble flotter. Des pluies diluviennes ralentissent l’avance des nationalistes
qui parviennent cependant, le 10, à franchir le Jarama, malgré la résistance
désespérée du bataillon André Marty , qui se fera finalement presque
entièrement exterminer entre l’artillerie de la Maranosa et les charges de la
cavalerie marocaine. Le 11, les troupes nationalistes atteignent la route de
Valence devant Arganda del Rey. Les
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