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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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entre les partis ouvriers,
une période de trêve. Représentants des partis et syndicats collaboraient sans
réticence dans les Comités de quartiers et de maisons. Les anarchistes
saluaient les combattants communistes des brigades avec le même enthousiasme
que les communistes avaient manifesté pour la colonne Durruti Toutes les
milices avaient été également utilisées dans le combat commun, la colonne du
P.O.U.M. recevant comme les autres, armes et munitions pour tenir le secteur
qui lui avait été assigné. A partir de la fin du mois, ces bonnes relations se
gâtent. La Junte, par décret, retire toutes les attributions laissées en cette
période décisive aux Comités populaires et à ceux des organisations. Les
secrétaires de cellule, de rayon, d’arrondissement du parti communiste
travaillent à la dissolution des Comités, qui doivent cesser leur initiative
révolutionnaire et laisser place libre à la seule administration de la Junte.
Des heurts violents se produisent à nouveau entre troupes de la C.N.T. et
hommes du P.C. Le 12 décembre [232] la Junte a décidé la militarisation immédiate de toutes les unités de milices
sous l’autorité de Miaja et des responsables communistes de la Junte. Le 24,
est décidé le retrait des fonctions de police, de garde et de contrôle de
toutes les formations de milices de l’arrière qui les assuraient depuis le
début du siège. Le port des armes longues est interdit dans la capitale. Les
fonctions de police sont à nouveau restituées aux formations spécialisées de la
sécurité et des gardes d’assaut sous l’autorité de l’état-major et de la
direction de la Sécurité. Le 26 le conseiller au Ravitaillement de la Junte, le
commissaire Pablo Yagüe, est grièvement blessé par des miliciens de la C.N.T.
qui prétendaient contrôler l’identité des occupants de sa voiture. Cet attentat
provoque des déclarations indignées de la presse communiste, socialiste,
républicaine. Le Journal C.N.T. ,qui veut répondre, est censuré :
mais les coupables, arrêtés, sont acquittés par le tribunal populaire. La
presse de la C.N.T. accuse les hommes du P.C. d’avoir, en représailles, abattu
trois des siens dans un faubourg de Madrid.
    Mais c’est surtout le P.O.U.M., relativement faible à Madrid
qui semble devoir devenir la cible de la Junte. Avec la militarisation, ses
milices se voient refuser soldes, armes et munitions : Baldris et ses
hommes n’ont plus qu’à s’engager dans les milices confédérales. L’offensive se
déchaîne contre sa presse, l’hebdomadaire P.O.U.M., puis le quotidien El
Combatiente rojo sont suspendus. La Junte refuse l’autorisation de paraître
à l’hebdomadaire de la J.C.I. madrilène, La Antorcha ,au moment
où son secrétaire, Jesus Blanco, vient, à 21 ans, de tomber au front, à la tête
de sa compagnie. Les locaux du P.O.U.M., son émetteur, sa permanence, celle de
son Secours Rouge, sont fermés, le parti et ses jeunesses pratiquement
interdits. Le danger immédiat passé, les règlements de compte ont repris :
l’avertissement de la Pravda semble se réaliser. Un tournant a été pris.
    Tournant dans la situation militaire également. Certes, les
chefs rebelles ne semblent pas avoir mesuré immédiatement l’étendue de leur
échec : Voelckers écrit encore, le 24 novembre, que les milieux militaires
sous-estiment visiblement les difficultés de la prise de Madrid. C’est pourtant
sur ce secteur critique – le seul, vraisemblablement, où les républicains
soient à ce moment en état de résister effectivement – que Franco continue à
diriger tous ses efforts. L’explication réside sans aucun doute dans le fait
que la défense de Madrid est devenue le symbole de la résistance républicaine
pour le monde entier. L’enjeu est énorme : selon l’expression même de
Franco, faire cesser la résistance de Madrid serait faire en même temps
capituler toute l’Espagne.
    Seulement, méthodes et effectifs engagés jusque-là
paraissent insuffisants. L’échec de novembre prouve qu’il est presque
impossible d’arriver à briser de front la résistance madrilène. La supériorité
matérielle et stratégique des nationalistes perd toute son efficacité dans les
combats de rue face au moral et l’initiative des combattants ouvriers. Le
nouvel objectif sera donc de placer le combat sur un terrain favorable, celui
de la rase campagne, où l’armée nationaliste retrouve sa supériorité, et sur

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