La Révolution et la Guerre d’Espagne
Internationaux subissent des pertes
terribles en attendant les renforts espagnols promis. Mais le 14 février sera
pour les rebelles « le jour de la tristesse du Jarama » : les 11 ème ,
13 ème brigades, les restes de la 15 ème , la 14 ème qui vient d’arriver, la division Lister, un bataillon de tanks commandé par
Pavlov cantre-attaquent. Le 15, les troupes sont réorganisées par Miaja et Rojo
qui en font le 3 ème corps d’armée avec les divisions Walter et Gal,
comprenant les brigades internationales, Lister, Güenes et Jubert : le 17,
elles attaquent, mais devront reculer devant l’intervention massive de la
légion Condor. Le 27, sans artillerie, sans blindés, sans avions, le général
Gal lance une folle attaque contre Pingarron et fait décimer Internationaux
américains du bataillon Lincoln et anarchistes de la 7 ème brigade de Sanz sous le feu des mitrailleuses. Le front s’enterre. De part et d’autre,
oncreuse les tranchées 22bis .
La route Madrid-Valence est dégagée, mais les forces en
présence sont épuisées : la bataille a sans doute fait plus de 15 000
victimes. Les défenseurs de Madrid ont évité le pire, mais n’ont pu réduire la
tête de pont adverse sur le Jarama et le front sud et sud-est s’est
dangereusement étendu. Franco peut espérer qu’un effort suprême lui permettra d’achever
l’encerclement de Madrid, dans le seul point resté jusqu’alors calme : le
secteur nord. Il va pouvoir compter pour cela sur les troupes italiennes qui
viennent de prendre Malaga et pour qui le Duce désire un succès éclatant.
Les troupes italiennes, arrivées à la fin de février n’ont
encore joué qu’un rôle secondaire. Il semble que Mussolini ait fait pression
sur Franco pour obtenir leur engagement dans une bataille décisive. Dès la fin
de février, dans la zone de Sigüenza, l’état-major nationaliste concentre une
force de 50 000 hommes pour l’attaque en direction de Madrid et
Guadalajara. L’aile gauche, sur Guadalajara, commandée par le général Roatta,
comprend quatre divisions Italiennes de 5 200 hommes chacune deux brigades
de fantassins Italo-allemands, quatre compagnies de mitrailleurs motorises, 250
tanks, 180 canons et un équipement considérable. Le 3 mars un ordre du jour du
général Mancini exprime aux légionnaires la confiance du Grand Conseil fasciste
pour la victoire qui signifiera « la fin de tous les projets bolcheviks en
Occident et le commencement d’une nouvelle période de puissance et de justice
sociale pour le peuple espagnol » [233] .
Le 8 mars au matin, après trois heures de préparation d’artillerie,
les tanks du général Coppi attaquent. Le 9, elles prennent Almadronez, à 40 km de Guadalajara. La situation est critique. Le colonel Rojo organise la défense, concentre
devant Guadalajara les divisions de Lister et de Mera la 11 ème brigade internationale de Kahle, la 12 ème de Lukacz, avec le
bataillon Garibaldi, les guerrilleros du Campesino. La bataille
se déroule sur deux lignes, le long de la route Madrid-Torija-Saragosse et le
long de la route TorijaBrihuega. Le 9 au soir, le général Coppi prend Brihuega.
Entre le 10 et le 13, son avance se poursuit, et toutes les divisions
italiennes sont jetées dans la bataille. Le bataillon Garibaldi marche
sur Brihuega à la l’encontre des troupes de Coppi. Au Commissariat, Gallo,
Nenni, Nicoletti, le commandant Vidali, les chefs politiques des Internationaux
Italiens ont préparé un plan de propagande auprès de leurs compatriotes du
C.T.V. Des tracts, lancés par avions, des haut-parleurs à travers les lignes s’attaquent
au moral des soldats de Mancini : « Frères, pourquoi êtes-vous venus sur une
terre étrangère assassiner les ouvriers ? Mussolini vous a promis la terre,
mais vous ne trouverez ici qu’une tombe. Il vous a promis la gloire, vous ne
trouverez que la mort » [234] .
A ces hommes, façonnés par la propagande fasciste, exacerbés par les mots d’ordre
nationalistes, venus en conquérants arrogants, les révolutionnaires de
Garibaldi parlent de « fraternité prolétarienne », de
« solidarité internationale ». Ils leur demandent de déserter, de
rejoindre les rangs républicains, de se tourner contre leurs chefs qui sont les
ennemis des travailleurs italiens et espagnols. Le mauvais temps ralentit les
opérations. La neige se met à tomber. Le moral des troupes italiennes commence
à baisser : prisonniers et déserteurs haranguent
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