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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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les U.
S. A., tout en refusant de signer un document quelconque, se sont déclarés
prêts à appliquer l’embargo. Reste l’Italie qui cherche à différer la
conclusion de l’accord, mais finit par admettre, en multipliant les réserves,
le projet français. Son acceptation de principe est remise à l’ambassadeur de
France le 21 août. Ainsi la plupart des puissances européennes ont souscrit au
principe de non-immixtion, et même officiellement proclamé l’interdiction d’exporter
des armes à destination de l’Espagne. Les modérés français comme les
conservateurs britanniques peuvent s’estimer satisfaits : les risques de
conflit général diminuent.
    Mais il faut encore répondre à l’objection italienne
concernant les modalités de contrôle. A la vérité, le gouvernement italien
tient assez peu à un contrôle sérieux. Aussi se borne-t-il à demander l’institution
d’une commission formée de délégués des puissances et chargée de surveiller l’application
de l’embargo. Personne ne songe à faire remarquer que cette commission prend là
une autorité qui revient de droit à cet organisme international qu’est la Société
des Nations. Peut-être l’échec de cette assemblée dans l’affaire éthiopienne
est-il trop proche. C’est, en tout cas, un signe évident du discrédit dans
lequel elle est tombée.
Le Comité de Londres
    Toutes les puissances se déclarent d’accord sur le principe
de la création d’un comité. Mais son rôle exact n’est pas défini. Pour le
gouvernement français, il doit permettre d’établir entre les différents pays un
contact permanent, et par conséquent un contrôle réel : il est donc
nécessaire de le doter de pouvoirs politiques. Pour les gouvernements italien
et allemand, qui n’ont pas l’intention de respecter les déclarations sur l’embargo,
il faut éviter selon l’expression de Dicckhoff, « que cette institution ne
devienne un organe politique permanent susceptible de nous créer des
ennuis » [321] .
Il y a contradiction entre les deux conceptions, mais l’intervention anglaise
permettra d’arriver à un accord. L’entente est réalisée sur la définition du
Comité comme « une simple réunion de fait des représentants diplomatiques »,
et, comme tel, n’ayant pas pouvoir de décision. Il est admis par les puissances
intéressées que les délégués se contenteront « d’échanges de vue »,
qui pourront, dans certains cas, se transformer en examen plus précis des
plaintes déposées. Enfin une satisfaction supplémentaire est donnée à l’Italie,
avec le consentement formel de la France : le siège du Comité de
non-intervention se trouvera à Londres, et non à Paris ou à Genève. Il est
remarquable que l’initiative diplomatique prise par le gouvernement français
dans les premiers jours d’août lui échappe à la fin du mois pour revenir aux
Britanniques. « Le Comité et ses compétences, d’après le chargé d’affaires
français à Berlin, sont plutôt d’invention anglaise » [322] .
    Malgré la volonté d’apaisement dont ont fait preuve les
gouvernements occidentaux, les négociations ont traîné pendant un mois, et c’est
seulement le 9 septembre qu’a lieu à Londres la séance inaugurale du Comité sur
l’embargo, dans la salle au nom symbolique de Locarno. Vingt-cinq puissances y
sont représentées, dont la Lettonie et le Luxembourg, mais non le Portugal, qui
avait pourtant accepté le principe de non-intervention.
    Cette première séance a comme seul résultat pratique de
donner au Comité sa dénomination définitive de « Comité international pour
l’application de la non-intervention en Espagne ». Le chargé d’affaires
allemand à Londres le prince Bismarck, en a gardé l’impression que ce qui
importe à la France et à l’Angleterre n’est pas tant « de faire œuvre
pratique que d’apaiser les esprits dans les partis de gauche des deux
pays » [323] .
Encore cette œuvre d’apaisement devait-elle être assez facile en Angleterre où,
dès le 10 septembre, les Trade-Unions s’étaient prononcés contre toute
intervention en Espagne, sur proposition de sir Walter Citrine, secrétaire
général des Trade-Unions, et de Bevin, secrétaire de la fédération des
transports. Au début du mois d’octobre, la conférence du parti travailliste,
réunie à Edimbourg, approuvera cette prise de position, le vote par mandats
permettant de dégager une majorité

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