Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
Vom Netzwerk:
envisage alors de démissionner et ne renonce à son projet que sur
l’insistance de ses amis espagnols de Los Rios et Asua.
La non-intervention
    C’est dans ces conditions que le président du Conseil
français prend l’initiative d’une proposition de non-immixtion dans les
affaires intérieures de l’Espagne, proposition qui doit être soumise à toutes
les grandes puissances ainsi, qu’aux petites puissances directement
intéressées.
    L’idée même de la non-immixtion ou plus exactement de la
non-intervention est sans doute une idée généreuse, un principe libéral opposé
au début du XIX e siècle par l’Angleterre à l’interventionnisme actif
de la Sainte-Alliance et du système de Metternich. Dans l’esprit du président
du Conseil français, c’est aussi une idée politique : lier l’Allemagne et
l’Italie par un accord international, auquel il leur sera difficile de se
dérober, et les empêcher d’apporter à Franco un secours efficace. La
proposition faite par le gouvernement français ou bien manifesterait au grand
jour la mauvaise volonté des puissances centrales et donnerait à la France par
contrecoup une bien plus grande liberté d’action, ou bien arrêterait en fait l’intervention
italo-allemande.
    Si de plus on est décidé à ne pas faire la guerre ou si on
ne se sent pas capable de la faire, ne faut-il pas l’empêcher de toute
manière : « Quand on a la responsabilité de la paix et de la guerre,
dit Delbos le 6 décembre, on n’a pas le droit de céder à des impulsions
sentimentales, » Blum précise le lendemain : « Je crois qu’au
mois d’août dernier l’Europe a été au bord de la guerre, et je crois qu’elle a
été sauvée de la guerre par l’initiative française. »
    En fait, le problème d’un accord international sur la
question espagnole s’était posé dès le 1 er août. Le comte Welczeck
envisage le 2 août, dans une lettre à son gouvernement, une action commune des
quatre puissances européennes, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne et France,
« pour inviter les groupes combattants espagnols à déposer les
armes ». Cette proposition n’aura pas de suite, mais, le 1 er août,
le gouvernent français a lancé un appel aux autres pays pour les inviter à
conclure un accord de non intervention dans le confit espagnol. Cet appel était
suivi de démarches diplomatiques auprès de chacune des capitales intéressées.
    L’appui de la Grande-Bretagne à cette proposition était
acquis d’avance ; elle y voyait une approbation de l’attitude :
stricte neutralité qu’elle avait observée jusque-là. Le mémorandum adressé à ce
sujet par le gouvernement conservateur précisait : « Le gouvernement
britannique verrait avec plaisir la conclusion rapide d’un accord entre les
puissances susceptibles de fournir des armes et des munitions à l’Espagne, afin
qu’elles s’abstiennent de le faire et qu’elles empêchent la fourniture d’armes
et de munitions au départ de leurs territoires respectifs. Le gouvernement
britannique est toutefois d’avis qu’un accord de ce genre doit à l’origine,
être accepté simultanément par des gouvernements comme ceux de France, d’Allemagne,
d’Italie, du Portugal et de Grande-Bretagne, qui ont de grands intérêts
matériels en Espagne ou une situation de proximité géographique. »
    Mais pour aboutir à une déclaration simultanée, il faut l’accord
sans réticence de l’Allemagne et de l’Italie. Or, contre toute évidence, le
comte Ciano affirme le 3 août qu’il n’y a eu « aucune ingérence, même
indirecte, du gouvernement fasciste », et se retranche, pour refuser de
signer la déclaration française, derrière la nécessité de consulter le Duce,
précisément absent. Le ministre allemand Neurath répond, de la même manière,
que, ne s’immisçant pas dans les affaires intérieures de l’Espagne, le
gouvernement allemand n’a à faire aucune déclaration et que, de toute façon, il
faudrait inclure l’U. R. S. S, dans un accord éventuel. Ces réponses
immédiates, et peut-être déjà concertée, préludent à une série de négociations
confuses et de manœuvres dilatoires destinées en fait à gagner du temps et à
permettre à l’Allemagne et à l’Italie de fournir aux nationalistes l’armement
nécessaire pour remporter une victoire que l’on peut imaginer rapide à ce
moment-là. Dans la réponse communiquée le 6 août par le ministre des

Weitere Kostenlose Bücher