La Révolution et la Guerre d’Espagne
russe avait demandé l’envoi d’une commission d’enquête
sur la frontière hispano-portugaise ; mais sans l’acceptation du Portugal,
une telle mesure, serait-elle adoptée par le Comité de Londres, est
inapplicable. Le délégué russe demande alors une surveillance des côtes
portugaises. Cette nouvelle prétention se heurte à la réponse négative de Lord
Plymouth. Dans ces conditions, il est difficile d’entrevoir une solution
diplomatique.
L’aide apportée à partir du mois d’octobre par le
gouvernement soviétique aux républicains espagnols servira de prétexte aux
puissances de l’Axe pour relancer la discussion. A partir de ce moment, les
séances du Comité de non-intervention seront occupées essentiellement par les
accusations que se lancent les délégués de l’Allemagne et de l’Italie d’une
part, le représentant russe de l’autre. Et, conclusion inattendue à ces
discussions, le 10 novembre, le Comité de Londres décide que ces accusations ne
sont pas prouvées. Qui pourrait prendre au sérieux une telle attitude ? Il
suffit de lire les journaux pour y trouver de nombreuses informations sur les
débarquements de troupes italiennes, l’arrivée des volontaires internationaux,
l’emploi d’armes et de munitions aux deux partis. La non-immixtion est devenue
une farce tragique.
Plans de contrôle
Pour essayer de reprendre le problème, le gouvernement
britannique soumet au Comité un projet de contrôle du matériel de guerre
destiné aux deux partis, qui prévoit une surveillance des chargements par terre
et par mer. Ce projet, étudié le 12 novembre, sera finalement adopté le 2
décembre malgré l’abstention du Portugal. La longueur des négociations s’explique
par une nouvelle manœuvre de l’Allemagne et de l’Italie ; utilisant une
tactique déjà employée avec succès, elles déclarent que les propositions
britanniques sont insuffisantes et demandent, par surcroît, un contrôle aérien,
dont il est inutile de souligner la vanité en l’absence de représentants de la
commission de contrôle sur les aérodromes. Encore fallait-il, une fois le
principe du contrôle accepté par les grandes puissances, et puisque la
surveillance devait s’exercer aux frontières terrestres et dans les ports
espagnols, obtenir l’accord des deux gouvernements espagnols, ce que l’on ne
pouvait guère escompter.
Du reste, au cours de cette même séance du 2 décembre, un
nouveau problème est soulevé, qui va désormais passer au premier plan des
négociations, celui des volontaires. Il faut arrêter d’urgence, dit Blum à
Welczeck, « l’afflux des combattants et du matériel de guerre » [326] . Ce caractère d’urgence
ne doit pas être si évident aux grandes puissances, puisque les discussions
vont durer tout le mois de décembre. Ce n’est certes pas la faute du
gouvernement français ; au contraire celui-ci se déclare prêt à consentir
à « un contrôle non seulement de la frontière pyrénéenne, mais aussi bien
de ses emplacements de troupes et de ses aérodromes, de ses fabriques d’armements
et autres installations » [327] .
Proposition inutile, car la France est bien la seule puissance à envisager un
pareil sacrifice.
Pour en finir, le gouvernement britannique abandonne alors
provisoirement son idée de contrôle et se borne à demander que chaque
gouvernement interdise à ses nationaux, à dater du 4 Janvier 37, un engagement
militaire en Espagne : même ce projet, si limité dans son application, ne
parvient pas a être approuvé. La Russie refuse d’accepter une décision sans
contrôle. L’Allemagne l’Italie et le Portugal déclarent qu’il ne faut pas
résoudre partiellement le problème de l’intervention. A lafin de l’année
36, l’échec des pourparlers est tel que même lesBritanniques renoncent
à les poursuivre au sein du Comité de Londres et que le ministre des Affaires
étrangères allemand envisage de « renoncer d’une façon générale à
maintenir lesystème du comité ».
Cette lassitude générale n’empêchera pas les négociations de
reprendre, lorsque, le 8 janvier, l’Allemagne et l’Italie, agissant en plein
accord, adressent une réponse dans laquelle elles se disent « disposées à
accepter que la question des volontaires forme l’objet, comme il était demandé
d’un accord spécial qui en interdise le recrutement et le départ à une date
prochaine » : en fait, le gouvernement Italien, seul,
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