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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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écrasante en faveur de la non-intervention.
    Cependant, dès les premiers jours de ce même mois d’octobre
36, la situation internationale va se tendre de nouveau, en dépit des
précautions prises par le Comité pour édulcorer les débats et ne pas provoquer
des querelles trop vives. Les rapports se sont accumulés, qui tendent à prouver
l’intervention constante dans le conflit de l’Italie et du Portugal, en dépit
des engagements pris. C’est d’abord – et essentiellement – le dossier constitué
par le gouvernement républicain espagnol et transmis à la Société des Nations.
C’est le rapport publié le 4 octobre par une commission que dirigent trois
députés britanniques, et concluant à une aide de l’Italie et du Portugal,
postérieure à la formation du Comité. C’est enfin la décision prise par le
gouvernement soviétique de rendre publique une violente attaque contre l’Allemagne,
l’Italie et le Portugal, accusés de violer l’accord de non-intervention et
menaçant de se retirer du Comité : « Le gouvernement soviétique ne
peut en aucun cas, consentir à laisser transformer par certains participants l’accord
de non-intervention en un paravent destiné à cacher l’assistance militaire aux
rebelles… En conséquence, le gouvernement soviétique se voit dans l’obligation
de déclarer que, si ces violations ne cessent pas immédiatement, il se
considérera comme libéré des engagements découlant de l’accord de
non-intervention » [324] .
    Cette déclaration russe est la première d’une série de notes
rédigées officiellement à l’intention du Comité de Londres ; elle va
provoquer une vive émotion. Rien pourtant d’injustifiable dans ce communiqué.
On ne peut nier les accusations qu’il renferme, et sa conclusion est
parfaitement logique. Mais il était admis que les travaux du Comité de Londres
devaient se poursuivre à huis-clos pour éviter l’animation et les dangers d’une
discussion sur la place publique : en publiant son communiqué, Moscou
rompe cette consigne du silence, et le fait sciemment.
    D’un autre côté, les violations faites par les puissances
fascistes au traité de non-immixtion sont déjà connues par les documents
espagnols. Les Russes n’apportent rien de nouveau. Pourquoi ont-ils donc
attendu pour faire cet éclat alors qu’ils étaient depuis longtemps au courant
des faits ? Cela ne peut s’expliquer que si on admet au cours de la
première quinzaine d’octobre un changement radical de la politique russe à l’égard
du problème espagnol.
    Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas de rupture au cours de
la séance « chargée et orageuse » [325] du 10 octobre. Le président du Comité de non-intervention, Lord Plymouth,
présente en son nom et en celui du gouvernement britannique les documents qui
lui ont été remis. Il se heurte à une fin de non-recevoir des puissances mises
en accusation qui se bornent à déclarer par la voix de leurs délégués que les
faits contenus dans les déclarations espagnole et soviétique relèvent de la
plus haute fantaisie. Le représentant portugais, qui siège maintenant au
Comité, adopte une attitude encore plus brutale : il quitte la salle des
séances, en précisant d’ailleurs qu’il ne cesse pas pour autant de faire partie
du Comité… Si les Russes ont voulu démontrer la totale impuissance de la
commission de non-intervention ils ont pleinement réussi.
    Une fois de plus, c’est le délégué français, Corbin,
ambassadeur à Londres, qui sauve le Comité par sa modération ; Il demande
au gouvernement russe de proposer « les procédés qu’il envisage pour
rendre le contrôle effectif ». « L’ardeur du premier ministre
français à maintenir l’accord de non-intervention n’est l’objet d’aucun doute
et son représentant a joué un rôle particulièrement salutaire dans les récentes
discussions du comité », écrit le Times le 13 octobre. La séance
est ajournée sans qu’il soit précisé quand devra avoir lieu la rencontre
suivante, car il convient d’obtenir auparavant les réponses des trois
gouvernements incriminés.
    Or ces réponses se font attendre. C’est le moment des plus
grands succès militaires de Franco, et un contrôle quelconque, notamment sur la
frontière portugaise, en gênant l’arrivée des renforts et des armes, risquerait
de compromettre la rapide victoire escomptée par les nationalistes. Dès le 6
octobre, le gouvernement

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