La Révolution et la Guerre d’Espagne
Mais
l’entrée en vigueur du contrôle dans la nuit du 19 au 20 avril 1937 démontre
rapidement l’inutilité de cette politique. Il y a neuf mois que la guerre d’Espagne
est commencée. Il a fallu huit mois et demi de négociations pour arriver à un
résultat dont les limites n’échappent à personne, et qui sera remis en question
dès le mois de mai : huit mois et demi de discussion inefficace pour
aboutir à un accord qui durera moins d’un mois et demi !
Derrière ces vaines palabres, il y a une réalité diplomatique
beaucoup plus inquiétante. Nous en avons vu deux aspects : la formation de
l’axe Rome-Berlin, bientôt suivi de la signature du pacte Anti-Komintern,
auquel adhèrent, l’Allemagne, l’Italie et le Japon ; l’isolement de la
France, qui hésite à suivre l’alliance russe, et qui cherche un appui anglais
souvent réticent. Dès le 7 décembre, Blum reconnaît : « Un certain
nombre de nos espérances et de nos prévisions ont été, en effet,
trompées » Après le mois de décembre l’erreur politique française devrait
apparaître encore plus nette, dans la mesure où l’intervention italo-allemande
ne fait que s’affirmer davantage.
L’intervention italo-allemande
En Espagne, dès le moment où un complot a été organisé pour
renverser le régime républicain, les monarchistes et les militaires ont
naturellement pensé à l’aide que pourrait leur apporter l’Italie
fasciste : cela malgré la répugnance que peuvent ressentir les
monarchistes et les catholiques espagnols pour un régime qui s’est imposé par
la force à la royauté, et dont l’accord avec l’Église reste toujours précaire.
Il ne s’agit pas là d’une sympathie de principe, mais d’une communauté d’intérêts,
c’est-à-dire quelque chose de bien plus fort.
Les premiers contacts remontent à plusieurs années [329] . L’aviateur
Ansaldo, qui pilotait Sanjurjo lors de sa première tentative de
pronunciamiento, comme il le fera le 20 juillet 36, a eu en 1932 une entrevue avec Balbo, et celui-ci a promis alors l’appui italien. Après l’échec
du coup de force, Ansaldo va de nouveau à Rome en 1933, accompagné de Calvo
Sotelo.
La même année, le parti nazi prend le pouvoir en Allemagne.
A la veille du Movimiento, Sanjurjo fait un voyage à Berlin pour s’assurer
également du soutien d’Hitler. Des encouragements sont certainement venus de
Berlin ; mais le réarmement allemand n’en est encore qu’à ses
débuts : il semble que le gouvernement du Reich, prudent, n’ait promis son
appui que dans un délai de quelques jours après le début de l’insurrection.
Malgré le désir qu’ont Rome et Berlin de voir s’installer à Madrid un régime
sympathisant, il est évident que les deux gouvernements mesurent le risque d’un
échec. Même le Portugal de Salazar, plus intéressé encore à la disparition de
la République espagnole, dont le voisinage permet à la propagande de gauche de
s’exercer dangereusement contre le gouvernement présidentiel, respecte
certaines formes ; et le terrain d’aviation d’où l’avion de Sanjurjo doit
décoller au début de l’insurrection est un aérodrome de fortune, ce qui
explique en partie l’accident dont le chef du Movimiento sera victime.
L’intervention italienne
L’Italie, cependant, a donné dès 1934 des assurances plus
sérieuses. Le 31 mars, un accord a été conclu entre les chefs monarchistes
espagnols et les représentants du gouvernement fasciste, et des promesses ont
été faites concernant des fournitures de matériel. Dès le moment où une
réussite, si partielle soit-elle, est assurée aux militaires rebelles, l’aide
promise ne se fait pas attendre.
L’intervention italienne est donc, dès le début, rapide et
massive. Par la suite, tout sera fait au cours de la guerre pour aider Franco
et assurer sa victoire. Les chefs fascistes ont considéré en effet l’entreprise
nationaliste comme une affaire personnelle. Mussolini voit dans une action en
Espagne l’occasion d’exercer ses talents de chef militaire. Il multiplie les
conférences militaires, donne ses ordres à la marine italienne pour que les
« sous-marins empêchent les navires d’arriver dans les ports
rouges ». Son propre fils, Bruno, ira exercer ses talents d’aviateur aux
Baléares.
Le gouvernement du Duce fait de la victoire en Espagne une
question de prestige. Cette guerre est à la fois l’occasion de faire triompher
les armes
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