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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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italiennes devant un autre adversaire que les tribus éthiopiennes et
de créer des bases stratégiques importantes en Méditerranée. Ainsi apparaît la
double politique italienne qui cherche à s’imposer dans les Balkans et en
Espagne, en Méditerranée orientale comme en Méditerranée occidentale. La
puissance de l’intervention italienne ne s’explique pas par des considérations
idéologiques. Certes le combat contre le « bolchevisme » se poursuit
en Espagne et la lutte des soldats italiens y est présentée comme celle des
« croisés de l’idéal ». Mais ce n’est là qu’une façade. Pour
Mussolini, la suprématie, en Méditerranée est vitale. Et l’axe Rome-Berlin ne
pourra se former qu’après l’assurance donnée par les Allemands qu’ils n’ont
aucune ambition dans cette région.
    L’enjeu est d’importance. Un effort considérable a été fait
pour en convaincre la population italienne ; mais celle-ci reste
visiblement réticente. Même de hauts fonctionnaires, comme le ministre de la
Marine Cavagnari, ne montrent pas l’enthousiasme que le Duce voudrait leur
communiquer. Si le fascisme s’est lancé sans réserve dans l’aventure espagnole,
la masse italienne n’a pas suivi.
    Les troupes envoyées en Espagne ont pu être composées en
partie de volontaires, pris en particulier parmi les officiers d’active. Les
mémoires de Ciano sont là pour en témoigner : « Cupini m’a demandé un
commandement en Espagne, et je lui ai donné satisfaction sur-le-champ. »
Mais le nom donné aux forces italiennes de Corpo truppe volontarie (C.
T. V.) ne doit pas abuser : un recrutement est organisé très
officiellement dans les bureaux militaires et les sièges des fasci, où
il n’est jamais question que de départ vers l’Abyssinie ou pour une
« destination inconnue ». Et la plupart des soldats destinés à l’Espagne
sont vraisemblablement désignés d’office parmi les troupes déjà
entraînées : au début il s’agit en majeure partie de celles qui ont fait
la campagne d’Ethiopie.
    En tout cas, il ne s’agit pas de groupes isolés, mais d’un
véritable corps expéditionnaire, avec ses drapeaux, ses chefs : c’est d’abord
le général Roatta qui exerce le commandement ; il le cédera pendant la
campagne de Biscaye à Bastico, que remplaceront plus tard Berti, puis Gambara.
Bien que son utilisation au combat soit toujours du ressort du quartier-général
de Salamanque, le C. T. V. garde sa personnalité.
    Les soldats italiens ne sont arrivés en grand nombre en
Espagne qu’à partir de novembre 36, lorsque leur présence s’est révélée
nécessaire pour assurer un succès rapide aux nationalistes. Mais, dès ce
moment, l’effort réalisé est considérable. Le 29 décembre, Hassel signale le
départ de 3 000 « chemises noires », précédées et suivies d’un
contingent de 1 500 spécialistes. Le 14 janvier 37, il annonce un nouveau
renfort de 4 000 hommes. On prépare en même temps l’envoi d’une division, qui
doit partir entre le 22 et le 26 janvier.
    Ces expéditions vont amener en Espagne, avant le début de
février 37, plus de 50 000 hommes et permettre de former et d’équiper quatre
divisions. Plus tard, le nombre des Italiens combattant en Espagne sera
légèrement inférieur : Mussolini parle à Gœring, fin janvier 1938, de 44
000 hommes ; le 1 er juillet 38, d’après l’ambassade allemande,
ils sont 40 075, auxquels il faut ajouter quelques jours plus tard 8 000 hommes
envoyés en renfort : au total, nous retrouvons un chiffre voisin de 50 000
hommes. Si on y ajoute les spécialistes non dénombrés et si on pense que les
quatre divisions présentes à Guadalajara ont été réduites à deux par la suite,
il faut admettre qu’en mars 37, époque où les Italiens ont été les plus
nombreux, ils ne doivent pas être moins de 70 000. Eden a parlé de 60 000, et
il est certainement au-dessous de la vérité. Cet appoint apparaît d’autant plus
important qu’à la même époque les forces que Franco et Mola peuvent mettre en
ligne ne doivent pas dépasser 250 000 hommes.
    Les techniciens ont été nécessaires au début du conflit pour
l’utilisation du matériel aérien destiné à permettre aux troupes de Franco de
passer le détroit de Gibraltar. Il faut aller vite et le temps manque pour
instruire des aviateurs espagnols. Les avions de transport et de bombardement
qui affluent au Maroc, puis à Séville, sont accompagnés

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