La Révolution et la Guerre d’Espagne
soigneusement préparé son offensive. Le plan trop audacieux
qui, visant Motril, aurait tenté d’encercler les défenseurs de Malaga, a été
abandonné au profit d’une manœuvre convergente : les troupes espagnoles
avancent le long de la côte, tandis que trois colonnes italiennes partant d’Antequera,
où Roatta a installé son quartier-général, de Loja et d’Alhama, se dirigent de
l’intérieur vers la ville. Le long de la côte, les croiseurs Canarias (d’où
Queipo surveille les opérations) et Baleares appuient l’offensive. Les
forces engagées par Roatta sont encore limitées : trois régiments
italiens, deux régiments mixtes, deux compagnies de chars, appuyés par l’aviation
basée à Séville.
L’offensive contre Malaga (février 37)
La bataille de Malaga peut être considérée comme une des
premières opérations-éclair réalisées grâce aux moyens mécanisés dont disposent
les assaillants. L’offensive a commencé le 3 février, mais il n’y a pas eu de
véritable contact avant le 5, preuve de la faiblesse de la défense
républicaine. Dans l’après-midi du 5, les blindés ont profondément pénétré le
long de la route Antequera-Malaga. Malgré le mauvais temps qui retarde les
opérations et empêche l’aviation d’intervenir dans les premières heures, la
victoire est extrêmement rapide. Le 8 au matin, les premières troupes
nationalistes font leur entrée dans Malaga ; le 10, Motril est occupé. Des
milliers de prisonniers, des dizaines de milliers de réfugiés encombrant les
routes et facilitant l’avance des Italiens, la débandade générale de l’armée
républicaine, voilà un résultat encourageant pour le C. T. V. L’occupation de
Malaga est d’une importance considérable sur le plan politique parce qu’il s’agit
d’une ville « rouge », mais c’est aussi une base de ravitaillement
essentielle. Les Italiens vont pouvoir équiper plus facilement leurs divisions,
qui sont maintenant toutes dirigées vers Madrid.
L’importance des forces italiennes rend à peu près
impossible un camouflage de l’aide matérielle et humaine apportée alors à
Franco. Aussi, depuis la prise de Malaga, Rome ne cherche-t-elle plus à cacher
son intervention. L’accent est mis au contraire sur le fait que l’opération a
été réalisée avec les « volontaires », que ce sont les chars d’assaut
et l’infanterie italienne qui ont atteint et dépassé la ville. Même dans la
prudente Angleterre, le Manchester Guardian n’hésite pas à qualifier la
bataille de Malaga de victoire italienne.
Le 9 mars, l’attaque commence dans le secteur de
Guadalajara. Aux quatre divisions entièrement italiennes, commandées par les
généraux Rossi, Coppi, Nuvolari, Bergonzoli, sont venues s’ajouter les brigades
mixtes des « Flèches », Flèches bleues et Flèches noires, dont les
cadres sont fournis par des officiers italiens. Ces contingents espagnols sous
commandement italien subsisteront jusqu’à la fin de la guerre et ne cesseront d’être
en contact avec le C. T. V., au point que, dans les derniers mois, les Flèches
seront incorporées au C. T. V.
Au début de la bataille de Guadalajara, l’offensive est
menée, avec l’appui de la division espagnole Moscardo, par les divisions Coppi
et Nuvolari, munies d’un matériel important comprenant notamment des tanks
légers. Les deux autres divisions italiennes restent en réserve. Mais la
manœuvre prend de l’ampleur, et c’est bientôt l’ensemble des forces du C. T. V.
qui se trouve engagé, avec deux cents chars d’assaut. On en connaît le
résultat. C’est l’échec, la débandade, dont il ne faut pas exagérer les
conséquences militaires, mais qui porte un rude coup au moral des Italiens.
Mussolini attendait beaucoup du C. T. V. « La déroute des forces
internationales. écrivait-il à Mancini, sera un succès de grande portée
politique aussi bien que militaire. » Le 2 mars, le Grand Conseil fasciste
salue la proche victoire qui doit marquer « la fin de tous les desseins
bolcheviks sur l’Occident ». Le 9 mars encore, les Italiens se moquent de
leurs alliés espagnols : « Pourquoi tant de mois pour prendre une
ville sans défense ? »
Mais la résistance acharnée de l’adversaire, sa propagande
par tracts et haut-parleurs, atteignent vite le moral des légionnaires qui se
croient partis pour une marche triomphale. Le 16, les officiers se voient
rappeler leurs responsabilités :
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