La Révolution et la Guerre d’Espagne
de leurs équipages. Il
est certain que la présence de ces avions en nombre relativement élevé – on a
pu voir six bombardiers Caproni en même temps sur le terrain de Séville [330] – ainsi que de
sous-marins italiens a contribué efficacement au transport des troupes maures
et de la Légion.
C’est aussi la présence d’avions italiens aux Baléares qui a
permis aux nationalistes de repousser la tentative de reconquête tentée sur
Majorque par des troupes gouvernementales assez bien armées, mais dépourvues de
toute défense anti-aérienne. A partir de ce moment, l’île de Majorque est la
principale base des avions « légionnaires » italiens, qu’il convient
de distinguer des avions directement remis aux franquistes. Les Italiens,
indique Mussolini à Ribbentrop, ont à Majorque trois terrains d’aviation et des
navires en permanence. C’est de cette île que partiront les appareils qui
effectueront à partir de 38 des raids presque quotidiens sur Valence et
Barcelone. Mussolini et Ciano ont certainement vu dans l’occupation de Majorque
l’établissement d’une hase stratégique qui doit, par sa position, renforcer
considérablement la puissance italienne en Méditerranée. Cependant, à aucun
moment, il n’a été question du côté espagnol de céder ce territoire ;
Franco tient au contraire à marquer dans toutes ses déclarations qu’il ne
tolérera aucun empiètement étranger sur le territoire espagnol. Il y a là sans
doute un premier malentendu qui contribue à faire comprendre les nombreuses
plaintes italiennes au sujet des dépenses engagées pour les nationalistes
espagnols et jamais remboursées.
L’Italie ne se borne pas d’ailleurs à l’envoi d’avions,
bombardiers Caproni ou Savoïa-Marchetti, chasseurs Fiat ou Arado – elle en
livrera en tout plus de 700-, dont la présence, pour précieuse qu’elle
soit, ne saurait suffire à donner la victoire aux troupes de Franco. Après les
premiers échecs, Rome portera son effort dans le domaine naval. Sur ce dernier
point, l’aide italienne va s’intensifier considérablement : livraison de
deux sous-marins et de deux contre-torpilleurs fin août 37 , d’après les
Mémoires de Ciano, de quatre nouveaux sous-marins en septembre, etc.… S’il n’est
guère possible, en se fondant sur des sources trop souvent contradictoires, d’établir
un bilan exact de l’aide matérielle reçue par les nationalistes, on peut
retenir comme base certains chiffres cités par le colonel Vivaldi : 1 930
canons, plus de 10 000 armes automatiques, 950 chars. Blindés et artillerie
accompagnent les troupes qui vont pouvoir être engagées à partir de février 37 .
Participation des italiens aux opérations militaires
Le rassemblement des divisions italiennes s’effectue autour
de Séville au cours des premiers mois de l’année 37, avant qu’elles ne soient
dirigées vers les deux fronts séparés du Sud et de Madrid. L’ambassadeur
allemand à Salamanque, Faupel, note le 7 janvier qu’il y a 4 000
« chemises noires » à Séville ; 2 000 autres sont en route vers
ce point de rassemblement. Il escompte que l’ensemble de ces troupes pourra
être engagé dans un délai de quinze jours. En fait, il y aura un léger retard.
Et Roatta ne peut guère mettre plus de 5 000 hommes à la disposition de l’état-major
du Sud pour la première opération à laquelle vont participer des troupes du C.
T. V. Il ne s’agit que d’une petite manœuvre locale, qui aboutit à l’occupation
d’Estepona, dans le secteur de Malaga, le 15 janvier, et de Marbella le 17. La
grande opération envisagée contre Malaga est remise, pour quelques jours
seulement d’ailleurs, car, dès le 18 janvier, Faupel signale autour de Séville
20 000 hommes avec deux groupes d’artillerie et 1 800 camions.
Il est normal que les Italiens, armés et équipés dans le
Sud, aient été placés sous le commandement du général Queipo de Llano pour participer
à la seule opération d’envergure qui ait été entreprise pendant toute la durée
de la guerre dans ce secteur. D’autre part, la manœuvre, projetée depuis
décembre, ne paraît pas devoir présenter de difficultés majeures, malgré le
relief montagneux ; ce sera donc un excellent test pour les forces de
Roatta. Bien que le défenseur de Malaga, le colonel Villalba, ne dispose pas de
troupes solidement organisées, qu’il manque d’armes et spécialement d’artillerie,
l’armée du Sud a
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