La Révolution et la Guerre d’Espagne
se
trouvent dans la zone de Santona se trouvent ainsi pris dans un véritable
piège, sous la surveillance des Basques, qui « maintiennent l’ordre »…
La capitulation entre en vigueur le 25 août. Les Italiens
occupent Laredo le 25 et Santona le 26. L’embarquement des responsables
commence le 27 sur deux bateaux anglais, le Bobie et le Seven Se as
Spray, sous le contrôle direct des Italiens. Un officiel espagnol arrive
alors, porteur d’ordres de Franco qui interdisent tout départ ; les
dirigeants basques, les membres de la « junte de défense » qui ont
organisé « la capitulation en ordre » sont arrêtés. Le pacte est
déchiré ; Franco ne tiendra pas compte de la parole des officiers italiens [401] . C’est aux
Basques, à leur tour, d’être pris au piège…
Il ne reste plus alors qu’un semblant d’armée dans la
province de Santander, que les milices asturiennes évacuent à la hâte ; en
cinq jours, les troupes nationalistes dépassent Santander de 40 kilomètres.
La fin des Asturies
Pourtant un front se reconstitue sur la zone littorale, qui
s’élargit de Santander à Gijón ; de plus, la zone montagneuse constitue un
solide rempart que les miliciens des Asturies savent admirablement utiliser [402] .
Aussi l’avance des Navarrais ne tarde-t-elle pas à se
ralentir. Il leur faudra plus d’un mois de combat pour franchir les 40 kilomètres qui séparent Ridesella de Villaviciosa ; à ce moment-là, le 19 octobre, Gijón est
directement menacée. La résistance peut-elle continuer, et surtout, comme le
demande le gouvernement de Madrid, peut-elle permettre d’atteindre l’hiver ?
Le correspondant du New York Times écrit :
« Les Asturiens en retraite semblent décidés à ne laisser derrière eux que
ruines fumantes et désolation, quand ils sont finalement obligés d’abandonner
une ville ou un village… Les rebelles les trouvent généralement dynamités et
brûlés au ras du sol. « Le 19 octobre, Franco n’hésite pas, devant cette
résistance tenace, à demander par télégramme à Mussolini l’envoi d’une nouvelle
division pour liquider ce front avant l’hiver.
Pourtant, cette résistance va s’effondrer en quarante-huit
heures. Devant le Conseil des Asturies, réuni le 20 octobre, à 2 heures du
matin, le colonel Pradas fait un rapport sur la situation militaire, qu’il juge
très compromise et presque désespérée. Le matériel et les munitions réclamés à
Madrid ne sont pas arrivés, le moral des combattants est bas, aggravé par le
pessimisme de l’arrière. Toute résistance est à ses yeux impossible. On peut
tenir, si l’on veut tenir jusqu’à l’écrasement, et, dans ce cas, les membres du
Conseil n’ont plus qu’à partir au front. Il croit cependant possible de sauver
une partie de l’armée en ordonnant le repli vers les ports de Gijón, Aviles et
Caudas, à condition de le faire le jour même : « Demain, il sera trop
tard ». Le Conseil se divise. L’ordre de Negrin est formel ; il faut
tenir jusqu’au bout. Mais seuls les communistes Ambou et Roces plaident pour l’obéissance.
La majorité décide le repli ; le Conseil proclame sa souveraineté, qui le
délie du devoir d’obéissance envers Madrid, et ordonne le départ par mer, par
tous les moyens possibles [403] .
Le colonel Pradas pense pouvoir mener à bien cette opération
en vingt-quatre heures. Une partie seulement en sera réalisée. Cinq avions
atterrissent à Bayonne dans la journée du 20 ; ce sont des officiers, qui
disent avoir reçu l’ordre d’évacuation de l’état-major. Des officiers russes
arrivent aussi à Bayonne dans un avion d’Air-Pyrénées. A 5 heures, les
dirigeants communistes partent dans une vedette à moteur. A 8 heures, Belarmino
Tomas s’embarque sur un bateau de pêche, L’Abascal, avec les autres
membres du Conseil, dont Segundo Blanco revenu la veille en avion de la zone
centrale.
Dans la nuit éclate une révolte, dont on peut supposer que
le colonel Pradas avait eu vent. Le colonel Franco [404] , chef de la
garnison de Gijón, appuyé par la garde civile et les carabiniers, prend le
contrôle de la ville et entre aussitôt en contact avec les Navarrais, qu’il
supplie d’accélérer leur marche vers la cité, où il redoute « un
soulèvement anarchiste ». Le 21, à 10 heures, la radio annonce :
« Nous attendons impatiemment… Viva Franco ». Des milliers de
miliciens, abandonnés par leurs chefs, désarmés
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