La Révolution et la Guerre d’Espagne
de nouveau concentrée dans le Nord. Franco espère
pouvoir faire un gros effort en août-septembre, de façon à en finir avec
Santander et les Asturies à la fin de l’été, avant la mauvaise saison qui
retarderait les opérations dans la région montagneuse.
Du côté républicain, Ulibarri, nommé à la tête des troupes
du front Nord, dispose en principe de quatre corps d’armée. Mais le corps d’armée
basque est composé de troupes très éprouvées par les combats précédents et qui
ont fait retraite vers la province de Santander. Elles ne combattent même plus
pour défendre leur territoire ; elles sont affaiblies moralement et
matériellement. Ce sont elles pourtant qui ont la charge de tout le secteur
oriental. Les corps d’armée asturiens (16 e et 17 e ) ne
seront que partiellement engagés dans les opérations de Santander.
Enfin, la défense de Santander est beaucoup plus difficile à
établir que celle de Bilbao. Si la province est couverte au sud par une
barrière montagneuse au-delà des cols de Los Torros, de l’Escudo et de Reinosa,
par contre aucun obstacle important ne barre lechemin vers la côte. Il
n’y a pas non plus de fortifications semblables à la Ceinture de Fer. Pour
combler cette lacune, on mobilise les hommes nés entre 1913 et 1920 et on les
enrôle dans des bataillons de fortifications, qui sont chargés de construire
une seconde ligne de retranchements derrière celle qu’ont réalisée les
disciplinaires et les troupes de ligne. Cependant le manque d’organisation, l’énormité
du travail à accomplir rendent cette tâche aléatoire.
A défaut de progrès dans les armements, il faudrait du temps
pour s’organiser. Ulibarri a essayé de gagner le délai nécessaire en lançant
une offensive à partir de la poche que dessine le front au sud de Heinosa. Mais
l’attaque, effectuée par un corps d’armée asturien, a été rapidement arrêtée.
Un tel échec, s’ajoutant à l’arrêt de l’offensive de Brunete, ne fait qu’accentuer
l’impression d’isolement qui pèse sur la région du Nord. Sur mer, Santander ne
dispose que des deux destroyers, Ciscar et Jose Luis Diez, pour
protéger ses communications avec l’extérieur. Ces navires n’auront d’ailleurs
aucune efficacité : le blocus, déjà décidé et organisé par le commandement
nationaliste sur la côte de Biscaye, sera plus efficace encore pendant la
campagne de Santander.
Rien d’étonnant si, dans ces conditions, nous assistons à
une campagne-éclair. Les combats n’ont de véritable envergure que dans les
trois ou quatre premiers jours et le sort de la campagne s’est décidé en
quelques heures. Les deux principales positions, celles du col de l’Escudo et
de Reinosa, sont attaquées, la première par le C. T. V., la division Littorio restant en réserve, la deuxième par trois brigades de Navarre. Malgré la
facilité de la défense dans ce secteur montagneux, le succès sera total et
rapide, l’emploi d’éléments motorisés accentuant encore le caractère foudroyant
de l’avance nationaliste.
Dès le premier soir du combat, le 14 août, l’ordre est donné
aux hommes qui se trouvent les plus avancés dans la poche de Reinosa de se
retirer pour éviter d’être encerclés. En quarante-huit heures, les Navarrais
ont pris Reinosa, après avoir brisé la seule résistance sérieuse qu’ils aient
rencontrée et occupé une usine travaillant pour l’artillerie navale, où sont
saisis des canons en cours de fabrication. Reinosa n’a pas tenu ; seul un
bataillon asturien résiste quelques heures dans les rues de la ville, de leur
côté, les Italiens, après une massive attaque de tanks, ont occupé l’Escudo ;
la colonne motorisée qui avance au sud a fait sa jonction avec les Navarrais.
Une fois de plus, la supériorité matérielle a été déterminante ; aucun
obstacle sérieux ne se dresse maintenant devant les nationalistes. Quelques
résistances sporadiques se manifestent, comme celle des Asturiens qui n’abandonnent
à Corconte qu’un amas de ruines. Mais de nombreux bataillons basques se rendent
et contrairement aux ordres d’Ulibarri qui a ordonné le repli sur les Asturies,
les troupes basques commencent à se concentrer autour de Santona.
A partir du 17 août, la deuxième phase de l’opération
commence : une avance rapide, massive, aboutissant à la liquidation des
défenses de la province de Santander en une dizaine de jours. Le 25, le navire
de guerre
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