La Révolution et la Guerre d’Espagne
divise en deux
périodes : du 5 au 13 juillet se déroule l’offensive républicaine ; à
partir du 15 jusqu’à la fin du mois, la contre-offensive nationaliste.
Dès le 5 juillet, les attaques vers Aranjuez préludent à l’offensive
générale. Dans la nuit du 5 au 6, l’assaut est lancé avec succès : la
percée envisagée est réussie ; au centre, la division Lister, progressant
profondément, a occupé Brunete. Les avantages obtenus sont tels qu’ils
permettent d’envisager une grande victoire.
Mais, à partir du 7 juillet, l’offensive se ralentit, et les
nouveaux progrès réalisés sont purement locaux et sans grande portée ; l’essoufflement
est visible. L’occupation de Villafranca del Castillo, à l’extrême-est du
dispositif, ne dure guère plus d’une journée, les tabors marocains parvenant à
reprendre le village le 12. A partir de cette date, les républicains se bornent
à limiter dans la mesure du possible les contre-attaques nationalistes. Somme
toute, sur le plan opérationnel, c’est un échec. Pour l’expliquer il faut tenir
compte à la fois du manque de moyens et des maladresses des gouvernementaux.
L’erreur évidente est de n’avoir pas exploité le succès
initial en donnant à la manœuvre plus d’ampleur. Alors que la division Lister
est maintenue sur les positions conquises le 6 et le 7, le commandement
républicain s’acharne sur des villages que des nationalistes peu nombreux
défendent avec l’énergie du désespoir. En perdant quatre jours sur ces
positions, les républicains permettent aux renforts franquistes d’arriver ;
d’autre part, en s’obstinant, ils subissent des pertes très lourdes et
affaiblissent d’autant leur potentiel militaire. On retrouve constamment au
cours de la guerre ces deux traits : d’une part le caractère timoré et le
manque de large conception d’ensemble du commandement [393] , de l’autre la
lenteur des opérations, qui ne s’explique pas seulement par la résistance
rencontrée, mais aussi par les réactions brutales et inattendues des troupes
engagées. Ainsi a échoué notamment l’attaque secondaire qui devait permettre l’encerclement
des nationalistes au sud de Madrid ; les avant-gardes furent soudain
prises de panique et obligèrent l’ensemble des forces groupées dans ce secteur
à se replier sur leurs premières positions. Ces brusques reculs, si fréquents
dans les grandes opérations républicains, ont souvent rendu impossible, et à
Brunete notamment, une manœuvre importante.
Ici, cela faillit même tourner au désastre le front se
trouvant soudain complètement dégarni sur un point à la suite d’une nouvelle
panique. Finalement cependant, la contre-offensive lancée par le général Varela
est enrayée.
En définitive, Brunete est une demi-réussite pour les
gouvernementaux. Une faible partie de leurs objectifs initiaux ont été
atteints. On ne peut compter comme une avance substantielle la poche créée au
nord de Brunete, qui n’aboutit qu’à allonger le front. Plus important est le
déplacement de troupes auquel a été contraint Franco. Il lui a fallu rappeler
du front nord deux brigades de Navarre et la quasi-totalité de l’aviation [394] . C’est d’ailleurs
la supériorité aérienne des franquistes qui a été en définitive l’élément
déterminant de la lutte. Les mitraillages presque incessants de jour, les
bombardements de nuit [395] ont brisé l’offensive et achevé d’annihiler la manœuvre républicaine.
Sans doute un répit a-t-il été donné pour organiser la
défense de Santander. Mais ce répit est de courte durée. Dès la fin du mois de
juillet, une partie des troupes engagées à Brunete peut regagner le front nord [396] pour participer
à un nouvel et décisif assaut, qui prépare l’effondrement du front nord et la
chute de la zone industrielle des Asturies.
La campagne contre Santander
En fait, il n’y a pas eu plus de quinze jours de calme entre
la fin de la bataille de Brunete et le début de la nouvelle offensive sur Santander.
C’était à peine le temps nécessaire pour achever de mettre en place un
dispositif d’attaque. Les deux éléments essentiels en seront, comme à Bilbao,
les brigades de Navarre et l’ensemble des troupes italiennes, C. T. V. et
Flèches, maintenant réorganisées ; toutes ces forces sont placées sous le
commandement du général Davila. La dotation des bataillons en artillerie est
renforcée et l’aviation est
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