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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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n’aura
plus jamais la possibilité de lancer une opération militaire importante.
    Emilio Mola a, par son passé et par sa valeur, beaucoup plus
de prestige. Jusqu’à sa mort dans un accident d’avion, pendant la campagne du
Nord, il est le seul chef militaire doté d’une grande autorité, ayant sur la
conduite de la guerre et sur la politique des idées personnelles qui l’opposent
souvent à Franco ; selon celui-ci, il est trop entêté pour se soumettre à
une autre volonté. Son influence dans la zone Nord, fief des requetes, fait
de lui le point de convergence des intrigues monarchistes. Aussi, après sa
mort, pour bien montrer que personne ne prendra la place du chef disparu,
Franco tiendra-t-il à exercer personnellement la direction des opérations sur
le front Nord et Davila, qui a le commandement effectif, restera toujours un
sous-ordre.
    Les chefs politiques du soulèvement ont également disparu ou
se sont montrés incapables d’imposer leurs vues. Le monarchiste Calvo Sotelo
est mort dans les conditions que l’on sait. Des autres chefs monarchistes, Gil
Robles parait timoré et sans forces devant la violence des événements, auxquels
il n’a d’ailleurs pas pris une part active. Manuel Fal Gonde, le chef de la
« Communauté traditionaliste », est trop marqué politiquement pour
espérer faire l’union autour de son parti. Les premiers dirigeants de la
Phalange ont également disparu : Jose Antonio Primo de Rivera, qui a été
fusillé à Alicante, reste pour ses partisans l’« Absent » – l’Ausente
– ce qui est une manière de le considérer comme irremplaçable. L’aviateur
Ruiz de Alda est mort également. Onesimo Redondo a été tué dans les premiers
combats. Fernandez Cuesta est dans une prison républicaine. Il ne reste pour
diriger la Phalange que des « seconds plans », comme Manuel Hedilla,
qui préside la Junte provisoire, ou le secrétaire, Francisco Bravo ; l’un
et l’autre sont des Camisas viejas, d’anciens militants, par opposition
aux milliers de gens qui se sont révélés phalangistes entre février et juillet
36, pour y trouver un cadre d’action contre la gauche, ou, au lendemain de l’insurrection,
pour obtenir ce précieux sauf-conduit qu’est la carte du Parti.
    S’ils n’ont pas de chefs capables de s’imposer, les
phalangistes constituent, comme les requetes, et souvent contre eux, une
des forces dynamiques du Movimiento. L’union des deux groupes est
évidemment difficile à réaliser et nécessite, pour durer victorieusement dans
une guerre longue, la présence d’un arbitre politique ; de même la
rivalité entre les chefs militaires doit-elle faire place à un commandement
militaire unique.
    Cet arbitre, qui s’impose vite comme un chef autoritaire et
obéi, c’est le général Franco. Cela s’est fait progressivement de juillet 36 à
juin 37.
    Le 1 er octobre 1936, après la fonction des forces
du Nord et du Sud, Franco devient généralissime et chef d’Etal. Ces pouvoirs
lui ont été confiés par les autres chefs militaires, après une réunion tenue à
Salamanque le 29 septembre 36 [409] .
Sans doute, ne s’agit-il que d’un pouvoir limité et provisoire, qui sera étendu
au début de l’année 37, après l’échec devant Madrid. Mais l’autorité qui lui
est conférée dès octobre 36 est politique autant que militaire : « Je
vous confie », dit Cabanellas, lors de la cérémonie officielle de
transmission des compétences, « les pouvoirs absolus de l’État. »
Le gouvernement provisoire nationaliste
    Le système qui fonctionne alors en Espagne nationaliste
reste un système provisoire. Il répond aux impératifs du moment. Il est utile,
parce qu’il réserve les problèmes qui pourraient être cause de division et qu’il
permet aux énergies des dirigeants et des troupes de se consacrer entièrement à
la tâche primordiale qu’est la conduite de la guerre. Il est nécessaire, parce
que les fonctionnaires et les techniciens permettant d’assurer la bonne marche
d’un appareil gouvernemental sont trop peu nombreux ; certains d’entre eux
sont restés fidèles au gouvernement républicain, beaucoup sont destitués,
condamnés ou simplement suspects ; seul le corps diplomatique est en
majorité favorable à l’insurrection. Un nombre considérable d’officiers
occupent des postes de fonctionnaires.
    Ce système politique doit normalement prendre fin lors de l’entrée
des troupes nationalistes à

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