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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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sa jeunesse, il avait la moustache et la barbe effilochée en
assez mauvais état.
    —       A donde lleva esta carretera ? répéta Zéphyrine, puis elle ajouta
aussitôt : Comprende usted ? (Comprenez-vous ?)
    —       Muy...
bi... bien (Très bien), répondit l'hidalgo avec un léger hoquet.
    Il paraissait
curieux de voir l'intérieur du carroche. La chevelure rousse de Zéphyrine lui
dissimulait la princesse Marguerite sur la banquette arrière.
    —       Cuas
es el camino mas corto para Uegar a Alcazar (Quel est le
chemin le plus court pour l'Alcazar) ? reprit Zéphyrine.
    —       A...
ala... iz... quier.. da... da... el... el... puente (A gauche, le pont), fit l'hidalgo avec difficulté.
    Il se retourna vers
son caballerizo, celui-ci acheva très vite en marmonnant dans sa
barbe poivre et sel :
    —       A
la derecha, la subida. (A droite, la montée.)
    Zéphyrine fit entendre
un léger rire. Elle n'avait pas bien compris.
    —       Puedo
pediste un favor, caballero ? (Puis-je vous demander un service ?)
    A ces mots, les
yeux du cavalier lancèrent un éclair, puis il inclina de nouveau la tête en
silence.
    —       Hable
despacio. No entiendo, Señor (Parlez lentement, je ne vous comprends
pas, Monsieur), dit Zéphyrine avec une expression charmeuse.
    Le cavalier
s'attendit-il à une autre demande ? Il daigna laisser errer l'ombre d'un
sourire sur sa grosse bouche puis il demanda :
    —       Ha...
habla Francés? Vous pa... parlez... fra... français?
    —       Oui,
nous sommes de pauvres Françaises égarées aux portes de Madrid !
    —       Je...
je appré... cie... vo... votre langue... Nous... nous... a... allons...
aussi... dans ce... cette di... direction, ce n'est plus... loin... Sui...
suivez-nous.
    Si l'hidalgo était
médiocre orateur, il paraissait, en revanche, très bon cavalier. Sans rien
ajouter, il exécuta une savante volte- face. D'un geste de sa main gantée, il
fit signe au cortège de le suivre. Derrière lui, son caballerizo semblait mécontent de la tournure des événements. Il
suivait son maître comme son ombre et décocha au passage un regard aussi noir
qu'insolent vers Zéphyrine. La jeune femme se rejeta en arrière.
    —       Que
ces Espagnols sont donc ombrageux ! se moqua-t-elle.
    Madame Marguerite
s'éventait nerveusement.
    —       Votre
Altesse est-elle incommodée ? interrogea Zéphyrine.
    —       Simplement
impatiente de retrouver mon cher frère. N'avez-vous point trouvé cet hidalgo
étrange ?
    Par la portière du
carroche, la princesse Marguerite d'Angoulême suivait des yeux la silhouette
noire du caballero.
    —       Bizarre...
Simple d'esprit et... bègue, sans aucun doute, Madame! surenchérit Zéphyrine en
riant. Mais il connaît le chemin.
    La princesse
Marguerite mêla son rire à celui de sa compagne. Pendant quelques secondes,
elles ne furent que deux jeunes femmes moqueuses.
    —       J'ai
déjà vu son visage quelque part, reprit Marguerite. Je n'arrive pas à me
rappeler où...
    Le beau front blanc
de la princesse était barré d'une ride soucieuse.
    —       Allons,
Madame, courage, nous approchons du but.
    Zéphyrine désignait
les rues de Madrid. Une grande animation régnait. Derrière l'hidalgo et son caballerizo, le cortège avait du mal à se frayer un chemin. Moins
grande que Paris, la ville de Madrid, n'ayant point la chance de posséder une
rivière facilement navigable, devait se ravitailler par la terre sur des ânes,
des chars à bœufs et mulets. De longues caravanes formaient d'interminables
files devant l'octroi, aux portes de l'enceinte fortifiée. A l'intérieur des murailles,
les cris des marchands de colifichets, de parfums et broderies se mêlaient à
ceux des habitants vaquant à leurs occupations, rapportant du bois, des
volailles ou des jarres d'eau.
    —       Adios
! (Au revoir !)
    —       Hasta
luego ! (A tout de suite !)
    —       Una
botella de vino ! (Une bouteille de vin !)
    —       Precaución
! (Attention !)
    —       La
mañana ! (Demain !)
    —       Agua
va ! (Attention à l'eau !)
    Au milieu de cette
agitation, Zéphyrine remarquait que peu de maisons possédaient un étage. Même
les édifices importants gardaient une apparence médiocre. Ils étaient
construits de torchis ou de brique. Seules les façades de pierre signalaient
les demeures seigneuriales.
    Les fenêtres
étaient petites,

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