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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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fermées souvent par du parchemin huilé qui ne devait laisser
passer qu'une faible lumière, et presque toujours garnies de grilles de fer,
servant moins à embellir l'édifice qu'à en assurer la sécurité contre les
rôdeurs ou... les entreprises galantes.
    En arrivant sur la
Calle Mayor, qui constituait l'artère principale, la puanteur devint insupportable.
Dans le cortège français, toutes les dames sortirent leurs mouchoirs de
dentelle. Zéphyrine comprit la raison de cette pestilence. Les habitants
déversaient le contenu de leurs vases de nuit par les fenêtres et balcons, avec
ce fameux cri destiné à mettre en garde le passant éventuel : «
Agua va (Attention à l'eau) ! » dont Zéphyrine comprenait
seulement la signification. Les pluies avaient amalgamé la terre en bourbier
nauséabond, dans lequel bœufs, chevaux et mulets s'engluaient.
    Après beaucoup d'efforts,
de cris et de coups de fouet des conducteurs d'attelages, les quatre tours
dissemblables de l'Alcazar de Madrid apparurent au bout de l'avenue. La
princesse Marguerite appuya ses mains sur son cœur.
    Forteresse, d'abord
pavillon de chasse, édifiée deux siècles plus tôt à l'emplacement d'une vieille
construction maure, la forme du palais de l'Alcazar était celle d'un rectangle.
Sa façade « noble » en pierre regardait la ville. Des balcons de marbre et des
ornements donnaient à cette bâtisse sans beauté une certaine majesté.
    Zéphyrine passa la
tête à la portière pour remercier l'hidalgo de son aide. Celui-ci s'était
évaporé, ainsi que son caballerizo, sans crier gare. Des
sentinelles gardaient l'entrée de la porte principale. La princesse Marguerite
dut se nommer et montrer son sauf-conduit. Après des palabres menées par
Zéphyrine, un officier au ventre tremblotant arriva enfin. Zéphyrine le
reconnut aussitôt. C'était le gros capitaine Herrera que François I er avait tellement fait enrager à Pizzighettone [18] et que le pape Clément VII avait
quasiment rendu fou au château Saint-Ange [19] .
    Zéphyrine craignit
que l'Espagnol ne la reconnût et n'ameutât toute la garnison. Elle déploya son
éventail. Par bonheur, Herrera ne fit pas attention à elle.
    Après avoir lu,
relu le sauf-conduit, regardé la princesse Marguerite sous le nez, il donna
enfin l'autorisation à la sœur de François I er d'entrer en carroche
dans la citadelle, accompagnée de quelques chariots, dames et écuyers.
    Le reste de
l'escorte devait attendre au-dehors. Visiblement, la nombreuse suite de Madame
Marguerite rendait méfiant le gros Herrera.
    Inquiète du sort de
Corisande et de ses gens, Zéphyrine se mit à la portière.
    —       La
Douceur ! appela-t-elle.
    Le géant eut le
temps de lui crier de sa voix de stentor qu'il emmenait sa petite troupe à l'auberge la plus proche.
    Dans l'affolement, le bruit, les piétinements des chevaux,
Zéphyrine ne comprit pas le nom.
    Déjà, le carroche
entrait sous la première voûte de l'Alcazar.
    Cette fois-ci, le
roi de France méritait son titre de « prisonnier le mieux gardé du monde ». Si
la façade de l'Alcazar était en pierre, la princesse Marguerite et Zéphyrine
s'aperçurent, en roulant au pas dans différentes cours de la forteresse, que
les autres ailes étaient faites de brique ou même de torchis !
    L'endroit était
sinistre, sans confort ni beauté.
    —       Mon
pauvre frère ! murmurait Marguerite, ayant du mal à refouler ses larmes.
    A chaque portique,
des gardes présentaient les armes sur le passage de la princesse Marguerite.
Plus qu'une politesse, cette démonstration paraissait destinée à impressionner
la visiteuse. La garnison devait compter au moins quatre cents hommes.
    Le carroche
s'arrêta enfin dans la troisième cour au pied de la tour sud. Marguerite
tremblait d'impatience. Zéphyrine voulut descendre pour aider la princesse à
mettre pied à terre. Un cordon de gardes entoura l'attelage.
    —       Est-ce
à dire que nous sommes aussi prisonnières ? interrogea la princesse avec
hauteur.
    Commandés par un
officier, les soldats observèrent un mutisme de mauvais augure. Sans vouloir
alarmer la princesse, Zéphyrine considérait ce déploiement de forces avec
inquiétude. Elles étaient coupées de tout. Un seul être pouvait les renseigner.
Les lèvres arrondies, elle modula un sifflement. Gros Léon arriva à
tire-d'aile. Casque levé, les gardes espagnols regardaient avec embarras ce
gros oiseau noir qui entrait sans façon dans

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