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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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le carroche. Ils avaient reçu des
ordres pour les humains, pas pour les volatiles.
    —       Saint
! Siméon ! Sardine ! croassa Gros Léon.
    Zéphyrine poussa un
soupir de soulagement. Elle avait vu au passage, près de l'Alcazar, l'auberge
de San Siméon.
    —       Corisande
et nos compagnons sont-ils bien installés ?
    —       Sérénité
! Sérénissime ! Saucisse ! affirma Gros Léon.
    —       Quel
oiseau merveilleux, gémit Marguerite. Si seulement il pouvait me donner des
nouvelles de mon frère.
    —       Gros
Léon, vole voir... Le roi... roi de France. François... Tu te souviens...
cherche-le... dans la tour... et reviens... Tu as compris ? chuchota Zéphyrine.
    —       Sire
! Serment! Saucisse ! croassa Gros Léon.
    Les deux jeunes
femmes attendirent avec nervosité son retour. Quelques minutes plus tard, le
choucas se posa de nouveau à la portière.
    —       Sire
! Santé ! Saigner ! Saumon ! Succomber ! Séquestré ! Sermon ! Sagouin !
    —       Que
dit-il ? s'enquit la princesse, ayant du mal à comprendre le langage de Gros
Léon.
    —       Je
crois qu'il veut nous prévenir que... le roi est un peu souffrant, dit
Zéphyrine avec prudence.
    Marguerite réprima
un cri.
    Zéphyrine s'interrompit,
bouche bée. Le jeune hidalgo à qui elle avait demandé le chemin de l'Alcazar
venait d'apparaître sur les marches du perron. II était entouré de la garde
d'honneur noire à demi-cuirasse de poitrail, du capitaine Alarcon, commandant
la forteresse, et du vice-roi de Naples, messire Lannoy, celui-là même à qui
François I er avait rendu son épée à Pavie.
    Zéphyrine les
connaissait fort bien et... ils le connaissaient aussi. Sans vouloir se laisser
effrayer, elle reporta son attention sur l'interlocuteur du matin. Toujours
suivi de son caballerizo, l'hidalgo avait ôté sa casaque et son feutre à
plume. Dans son vieux pourpoint noir et ses chausses bouffantes, il semblait
plus grand, mais aussi plus frêle et jeune qu'à cheval. Dégagés du feutre noir
à plume, ses traits apparaissaient au soleil, montrant la pâleur cireuse de son
teint, ses cheveux roux, des yeux assez grands couverts par la paupière
supérieure ; son nez aquilin au- dessus d'une bouche déformée lui donnait cet
air étrange et mystérieux.
    —       Dieu
du ciel, Zéphyrine, gémit Marguerite dans le carroche. Regardez ce que nous
avons fait...
    Zéphyrine n'avait
plus besoin d'explications. Son regard était attiré jusqu'à la fascination vers
la poitrine de 1' « hidalgo ». Sur son pourpoint noir brillait une chaîne,
composée de briquets en forme de B, pour « Bourgogne », et de « cailloux » à
étincelles, au bout de laquelle était suspendu l'ordre le plus haut de la
chevalerie, une T oison d’or !

Chapitre IX
« CHERS FRÈRES »
     
     
    —       Soy...
soyez... la bien... venue... ma cou... cousine! bégaya l' « hidalgo ».
    —       Sire...
Votre Majesté!
    La foudre serait
tombée au beau milieu de la cour de l'Alcazar que Madame Marguerite et son
escorte n'auraient pas eu la même expression pétrifiée.
    Aidée de Silvius,
la princesse jaillit du carroche pour venir s'effondrer au pied du perron
devant l'empereur, dans la grande révérence de cour.
    Si la situation
n'avait pas été aussi dramatique, Zéphyrine aurait eu envie de pouffer. Ainsi,
elle avait apostrophé le souverain le plus puissant du monde comme un simple
mortel : Hep,
caballero! « A-t-on idée de se promener sans escorte et attifé de
vieux oripeaux? » pensa Zéphyrine, ployée avec les autres dames d'honneur dans
le même grand salut.
    Le coup d'œil était
joli. La princesse Marguerite et ses dames avaient l'air de fleurs blanches aux
corolles inclinées vers le Dieu noir, le potentat, la terreur de l'Occident : C harles Q uint.
    Si les demoiselles
d'honneur baissaient leurs paupières, Zéphyrine relevait les siennes pour ne
rien perdre de l'entrevue historique. Ainsi, elle avait sous les yeux, presque
à portée de la main, 1' « Antéchrist », le « Suppôt de Satan », le « Buveur de
sang » de l'Europe. L'ennemi mortel, l'être qui avait séquestré le pape à Rome,
vaincu François I er à Pavie, peut-être enlevé son propre mari le
prince Farnello, le « complice » de doña Hermina de San Salvador, l'ami du
traître Bourbon était là à deux pas devant elle.
    Zéphyrine avait du
mal à maîtriser son tremblement. N'eût été une certaine morgue

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