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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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Tiziano allait répéter ses
intentions à doña Hermina, Zéphyrine recomptait l'or qui lui restait. Comme une
avare, elle regrettait ses 1000 réaux. Elle pensait qu'elle aurait mieux fait
d'écouter La Douceur et de le laisser égorger le Vénitien.
    Elle en était là de
ses réflexions, lorsque après dix-huit jours d'un voyage beaucoup plus
éprouvant que le vaisseau, le cortège se trouva en vue des murailles de
Guadalajara.
    Zéphyrine
apercevait la croix dressée sur une haute tour de l'Alhambra.
    Gros Léon vola vers
les corbeaux qui tournoyaient dans le ciel bleu.
    La nuit tombait sur
l'auberge, lorsque Villiers de L'Isle-Adam fit passer par le chevalier Volker
un mot à Zéphyrine.
    « Ce soir aux douze
coups de minuit, devant la poterne sud du palais de 1'infantado. »

Chapitre VII
SŒUR ET PRINCESSE
     
     
    Guadalajara,
Zéphyrine le savait, avait été un point d'appui romain occupé par les musulmans
qui l'appelèrent « Rivière de Pierre », Ouad Al Adjah, d'où
dérivait son nom espagnol.
    Disputée pendant
tout le xii siècle entre chrétiens et Maures, la cité avait été prise par Alvar
Fânez, compagnon d'armes du Cid, puis il la reperdit. Ayant enfin obtenu, en
1441, une charte d'affranchissement, Guadalajara était entrée dans la mouvance
de la puissante famille de Mendoza, ducs de l'Infantado, de la grandesse d'Espagne,
dont elle était devenue la principale résidence.
    A la demie de onze
heures, Zéphyrine, encapuchonnée et suivie de Piccolo, montait à pied vers le
palais en ne sachant pas ce qui l'y attendait.
    Gros Léon, méfiant,
voletait au-dessus de sa maîtresse. Celle- ci avait préféré laisser La Douceur
garder Corisande, car on pouvait tout craindre, y compris un coup du Vénitien.
    La nuit était
fraîche. En attendant contre la muraille, Zéphyrine regrettait de ne pas avoir
mis un châle sous sa mante. Au douzième coup de minuit, une porte basse,
dissimulée derrière un muret, s'entrouvrit.
    Un porteur de
lanterne fit signe à la jeune femme et à son écuyer de le suivre. Gros Léon
voulut entrer à son tour. L'homme lui claqua la porte au bec. Gros Léon, vexé,
vola au- dessus des murailles. Il vit sa maîtresse traverser une cour à galerie
et pénétrer par une autre porte dérobée dans le palais.
    Sans un mot, le porteur de lanterne précédait Zéphyrine et
Piccolo dans un escalier de pierre en colimaçon. Le palais semblait
vide de tout garde, à moins que le porteur n'empruntât un chemin connu de lui
seul.
    —       Nous
allons voir le grand maître? chuchota Zéphyrine.
    L'homme mit un
doigt sur ses lèvres et continua son ascension.
    Arrivé en haut, il
gratta à une porte. Un laquais sans livrée lui ouvrit. Le porteur chuchota
quelques mots à son oreille. Le laquais fit signe d'entrer dans un corridor
dont il gardait l'accès.
    Le porteur de
lanterne reprit sa route. Il emprunta le couloir, ouvrit une autre porte qui
donnait dans une antichambre déserte.
    —       Restez
ici, murmura-t-il à Piccolo.
    L'écuyer fit un
mouvement pour protester. Zéphyrine le calma d'un geste de la main.
    Le porteur de
lanterne souleva une tapisserie séparant l'antichambre d'un oratoire.
    —       Ne
bougez pas, Madame... on vient..., assura le porteur de lanterne en très bon
français.
    Zéphyrine voulut
lui poser une question. Déjà, l'homme s'était esquivé.
    Zéphyrine
commençait à être agacée par tous ces mystères. Elle attendit quelques instants
qui lui parurent une éternité. La patience n'était pas sa vertu première. Elle
tapotait du pied avec énervement.
    Elle allait
rejoindre Piccolo quand une main féminine souleva la tapisserie, laissant le
passage à une dame tout de blanc vêtue.
    Zéphyrine la
reconnut aussitôt.
    —       Votre
Altesse Royale.
    Zéphyrine
s'effondra en une profonde révérence. Elle voulut baiser le bas de la robe
blanche, mais la princesse l'en empêcha.
    —       Relevez-vous,
ma chère, chère Zéphyrine...
    Avec affection,
Marguerite d'Angoulême la prenait dans ses bras. Après lui avoir donné un
baiser sur le front, la princesse l'entraîna vers un banc.
    Zéphyrine voulut
rester debout, mais Marguerite la força à prendre place à ses côtés.
    —       Pas
de cérémonies dans notre situation. Qui eût dit, voici seulement cinq ans à
Blois, que nous nous retrouverions ainsi, chère Zéphyrine. Je sais tout.
Villiers de L'Isle-Adam m'a conté vos malheurs... et je désire vous

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