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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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gloussements. Tout bougeait autour de lui. Froissement d’étoffe,
bousculade. Dans la quasi-obscurité, il distinguait à peine les corps qui
s’entremêlaient, c’était un véritable sabbat. Il fut bousculé à plusieurs
reprises jusqu’à tomber à terre.
    Tenté de tirer son arme et d’en
faire usage, il arracha son masque mais ce fut à ce moment-là qu’une autre
silhouette s’affala juste à côté de lui.
    — Bonjour, monseigneur. Je t’ai
aperçu tout à l’heure, tu m’as semblé beau et avenant. Pas comme certain. C’est
de toi dont j’ai envie, sans nul doute.
    Il écarquilla les yeux : devant
lui une toute jeune fille avait enlevé son masque elle aussi. À la lumière
incertaine de la lune, il distinguait son regard rieur, sa chevelure claire.
    — Que… que se passe-t-il ?
    Elle ne portait qu’une robe
arachnéenne et lui renvoya un clin d’œil :
    — Mais voyons, c’est le clou de
la soirée. Le moment où tous jouissent de la liberté que nous offre notre
maître. Ne m’emmènes-tu pas jusqu’à un de ces buissons. Il fait bon ce soir et
je me sens prête pour l’amour.
    — Pour la débauche, oui !
Relève-toi !
    — Si les buissons ne te
conviennent pas, je connais d’autres endroits tout à fait douillets non loin.
Allons jusqu’à l’autel de la rêverie et je me donnerai à toi. Ou alors, si tu
préfères, réfugions-nous dans les grottes préhistoriques et dissimulons nos désirs
aux yeux des autres.
    — Tu n’es qu’une créature
dénaturée ! Je veux retrouver Marie-Adélaïde !
    Un voile de tristesse passa sur
le visage angélique de la jeune fille.
    — Alors, c’est vrai que
monseigneur ne veut pas de moi. Mais sais-tu que tu enfreins là une règle
absolue ?
    Elle prenait un ton menaçant.
Si elle appelait les autres, il risquait d’être pris à partie et repéré. Il
tira son pistolet de dessous sa cuirasse et le brandit sous son nez.
    — Tu vas te taire et m’obéir,
sinon je te tue !
    Elle se redressa, plus
intriguée qu’en colère.
    — Tes fantaisies dépassent le
sens commun, monseigneur, mais soit, commande et je t’obéirai.
    — Le maître, Saint-Germain, où
a-t-il emmené la fille qu’il a choisie ?
    Elle haussa les épaules :
    — Alors, c’est cela, tu refuses
de partager. Sais-tu que c’est grand péché. Tu ferais mieux de profiter de moi
puisque tu en as le temps. Ne suis-je pas belle et désirable ?
    Ce disant, elle dégrafa sa robe
et apparut nue à côté de lui. Il resta un instant sans réaction.
    Et s’il attendait quelques
instants pour poursuivre cette mission ?
    Mais non ! Il se morigéna
d’avoir ne serait-ce qu’un instant envisagé de se mêler à l’orgie. Cette fille
était sans doute une de ces prostituées qui grouillaient dans les lieux mal
famés de Paris. Une courtisane d’une certaine classe, s’il en croyait sa manière
de s’exprimer. On avait dû la payer cher… ou lui promettre gros. Saint-Germain
n’était pas avare de bijoux de pacotille, à moins qu’on ne lui ait promis à
elle aussi le secret de la pierre philosophale.
    — Lève-toi et conduis-moi
jusqu’à elle !
    Toujours nue, elle obéit avec
une expression fataliste.
    — Il faut que j’en passe par
tes fantaisies, monseigneur. Suis-moi.
    Et, guidée par la jeune fille
vêtue uniquement de sa longue chevelure, Sénart marcha quelques instants. Les
couples étaient partout et se livraient à la débauche. Parfois à même le sol,
parfois sur des bancs de style antique.
    À la lumière de l’astre
lunaire, il nota avec dégoût que beaucoup de femmes ne possédaient pas la
jeunesse de la tentatrice. Quelques hommes interpellaient la jeune courtisane,
qui leur renvoyait un encouragement joyeux ou repoussait une invite en riant.
Les laquais avaient largement pourvu au confort des débauchés puisqu’ils
avaient parsemé l’endroit de coussins, d’étoffes épaisses. De nombreuses
bouteilles de vin avaient également été disposées un peu partout et, tout en
s’aimant sans aucune licence, les amants du parc buvaient et s’enivraient.
    — Et range donc ton pistolet.
Personne ne te fera aucun mal ici.
    Il se contenta de le dissimuler
sous sa cape.
    Ils contournèrent un bâtiment
qu’il reconnut comme le temple de la philosophie moderne. Derrière, invisible
lorsqu’on restait du côté de l’étang, une tente était dressée.
    Son guide la désigna avec un
air mélancolique :
    — Voici l’endroit que tu
cherches,

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