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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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moment, votre vie est entre nos mains.
Faites un seul geste suspect, dites un seul mot qui ne soit pas celui que nous
attendons et vous mourrez sur l’heure sans que votre volonté ou votre courage y
puissent quoi que ce soit. Est-ce clair ?
    Sénart hocha la tête, un peu
surpris par les propos du petit homme gris. En une autre occasion il en aurait
ri mais, bizarrement, il prit ces menaces très au sérieux. Il était possible
que des complices armés soient dissimulés à seulement quelques pas. Soit à
l’intérieur de la cathédrale, soit même aux alentours, parmi les badauds et les
prostituées.
    — Bien, nous attendons de vous
un caractère ferme, une stricte obéissance et des intentions noires. Aussi
noires que la loge dans laquelle vous aspirez à entrer. Nous pouvons vous apporter
la richesse et une jouissance telles que vous ne les avez jamais imaginées. Les
épreuves pour accéder à un tel honneur sont périlleuses et mettront votre vie
en danger. Les acceptez-vous ?
    Gabriel-Jérôme haussa les
épaules :
    — Je suppose que je n’ai pas le
choix. De toute manière, quoi que je fasse je mourrai.
    Pour la première fois, le petit
homme sourit :
    — Il est plusieurs manières de
mourir. Certaines sont rapides et miséricordieuses. D’autres tellement lentes
que les victimes appellent la fin de tous leurs vœux. Quel âge avez-vous ?
    Il se souvint du mot de
reconnaissance au jardin d’Ermenonville.
    — Trois ans.
    — Connaissez-vous les
versets ?
    « Les
versets » ? Marie-Adélaïde lui avait appris des suites de mots, mais
pas de phrases.
    — Je ne connais que les mots,
répondit-il prudemment.
    La réponse devait être la bonne
puisque l’homme approuva.
    — Vous êtes encore dans
l’ignorance mais nous vous apprendrons à utiliser ces mots pour en faire des
phrases. Ces phrases feront des versets, et les prononcer réjouira notre maître
à tous. Je vais vous en dire le début et vous prononcerez le mot sacré.
    Et puis, après avoir regardé
par-dessus son épaule si quelqu’un écoutait, il murmura :
    — « Je vis ensuite
s’élever de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses
cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms… »
    Un silence, Sénart entendit les
paroles familières. « Mais oui, comment n’ai-je pas fait le
rapprochement ? »
    — Et des noms de blasphème,
compléta-t-il.
    Aucune expression ne se lut sur
le visage de son interlocuteur qui continua simplement :
    — Cette bête que je vis, était
semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme des pieds d’ours ;
sa gueule, comme la gueule d’un lion ; et le dragon lui donna sa
force… »
    — Et sa puissance.
    Comment n’avait-il pas reconnu
l’Apocalypse de saint Jean, même avec ces quelques mots qui finissaient les
versets ? L’épreuve continua et il poussa un soupir intérieur de soulagement :
au moins la franchirait-il avec facilité.
    — « Et il lui fut donné
une bouche qui se glorifiait insolemment, et qui blasphémait ; et le
pouvoir lui fut donné durant quarante-deux mois de faire… »
    — De faire la guerre.
    — « Elle ouvrit donc la
bouche pour blasphémer contre Dieu, en blasphémant son nom, son tabernacle, et
ceux qui habitent… »
    — Dans le ciel.
    Tous les mots furent ainsi énumérés
jusqu’aux deux derniers versets :
    — « Et que personne ne
puisse ni acheter, ni vendre, que celui qui aura le caractère ou le nom de la
bête, ou le nombre… »
    — De son nom.
    — « C’est ici la
sagesse : Que celui qui a de l’intelligence compte le nombre de la
bête : car son nombre est le nombre du nom d’un homme ; et son nombre
est… »
    — Six cent soixante-six, finit
Sénart en un soupir.
    Tous les mots sacrés y étaient
passés. Il avait réussi.
    Un long silence suivit.
Finalement, l’homme se dirigea vers l’entrée de la cathédrale et lui fit signe
de le suivre. Ils marchèrent côte à côte dans le sombre bâtiment. Au milieu du
chœur trônait l’autel consacré à la déesse Raison. Il n’était éclairé que de
quelques cierges ; cette pauvre lumière tremblait et avait bien du mal à
repousser les ombres qui s’élevaient un peu partout et faisaient mine
d’absorber toute chose.
    — Que ce premier succès ne vous
fasse pas relâcher vos efforts, continua l’homme. D’autres épreuves vous
attendent bien plus terribles encore. Et votre connaissance des textes sacrés
ne vous sera plus

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