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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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servante qui me l’a dit. Si mon père l’apprend, il me conduira au
couvent et nous ne nous reverrons plus jamais.
    — Je connais quelqu’un qui peut
régler ce problème. Je vais te donner l’adresse, vas-y de ma part, tiens, voilà
un louis pour la payer… »
    Et elle vivait la mort affreuse
de la jeune fille au ventre déchirée par les soins de l’avorteuse.
    « Le comte a osé dire du
mal de moi à la Cour. À cause de lui, j’ai perdu une partie de mon crédit et je
risque de me faire suspendre ma pension.
    — Il se rend tous les
soirs chez sa maîtresse. Je connais quelques spadassins. Postons-les sur son
passage. »
    Et elle voyait le comte,
transpercé de multiples coups de poignard, le corps mutilé, traîné dans les
ruisseaux bourbeux des rues de Paris.
    De telles visions la hantaient
sans cesse et le travail dans la modeste boutique de son beau-père ne parvenait
pas à lui faire oublier ces cauchemars.
    « Je dois rester là, se
disait-elle. Cette ville est le paradis pour qui veut s’enrichir ! Ces
gens sont tous plus mauvais les uns que les autres ! »
    De fait, elle avait fini par
mépriser ceux dont elle apercevait le destin. Elle aurait voulu précipiter leur
chute, les détruire plus sûrement mais, coincée dans son atelier de couture,
elle ne pouvait pas faire grand-chose.
    C’est alors qu’elle eut enfin
une vision la concernant. Son beau-père, un homme maussade, la regardait d’une
manière un peu trop insistante depuis qu’elle commençait à devenir femme et,
sans avoir besoin de son pouvoir, elle savait très bien quel sort l’attendait
si elle restait ici. D’un autre côté, une fille jeune et désargentée comme elle
n’avait pas trop le choix dans les carrières que Paris pouvait lui proposer.
Dans le meilleur des cas, elle se retrouverait dans un atelier encore plus
sordide, mal payée et maltraitée par une contremaîtresse acariâtre. Mais, plus
probablement, elle finirait comme quelques-unes de ces amies dont elle avait
par avance deviné le sort funeste : obligées de se donner pour quelques
sous à des hommes, battues, brutalisées, mal nourries. La prostitution, voilà
le sort qui attendait la plupart. Mais cela ne lui arriverait pas. Elle le
savait.
    Elle patienta jusqu’à ce que le
jour arrive. Ce matin-là, elle se leva, rangea ses quelques effets dans un
panier et sortit discrètement de la boutique tandis que son beau-père dormait encore,
embrumé par le vin ingurgité la veille.
    Dans le quartier du Marais
vivait la citoyenne Louise Françoise Gilbert, connue comme tireuse de cartes,
et un nommé Flammermont, garçon boulanger, son amant et aussi son aide, garde
du corps, majordome et homme à tout faire. Elle se présenta à la boutique.
    La femme habillée comme une
bohémienne la reçut d’assez mauvaise grâce : encore une petite sans argent
qui ne lui donnerait que de ridicules piécettes pour connaître son avenir dérisoire.
    — Que veux-tu ma fille ?
Je te préviens, je n’ai pas beaucoup de temps pour toi.
    Marie-Adélaïde avait déjà vécu
cette scène en pensée, elle s’assit sur un tabouret alors qu’on ne l’y invitait
pas et dit simplement :
    — Je ne suis pas venue pour que
vous me lisiez l’avenir, madame. Je suis venue pour apprendre votre métier.
    La Gilbert et Flammermont
éclatèrent de rire :
    — Voyez-vous cela ! La
pucelle qui veut devenir voyante !
    — C’est vraiment trop drôle et
j’en rirais si seulement j’avais le temps. Mets cette péronnelle dehors.
Apprendre à lire l’avenir ! Trouve-toi un autre métier !
    Mais Marie-Adélaïde ne renonça
pas et, alors que Flammermont s’avançait pour lui prendre le bras, elle
s’exclama :
    — Vous vous trompez, madame, je
ne suis pas venue là pour apprendre à lire l’avenir. En fait, cela, je sais
déjà le faire. Seulement, pour pratiquer le métier, il faut des connaissances,
des ruses, une présentation : les cartes, le marc de café je n’en sais
rien. Car si je dis tout de bon leur avenir aux gens, personne ne me croira.
Apprenez-le-moi et vous ne le regretterez pas !
    La Gilbert se gaussait en se
tapant sur les cuisses.
    — Alors comme ça, tu lis
l’avenir ? Je n’ai jamais rien entendu d’aussi ridicule. Et, madame la
Sibylle, peux-tu me dire quel est le premier client qui va franchir cette porte
ce matin ?
    La jeune fille ne se démonta
pas :
    — Bien sûr. C’est un notaire.
Il vient vous voir car il hésite à capter

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