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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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sentier que les orages ravinaient en été.
    Yvette pensait à tout cela en marchant derrière le père de Paulette qui enroulait la corde autour de son poignet pour donner moins de prise à la bête récalcitrante. Après quelques écarts et bonds spectaculaires, le veau cessa de gesticuler et suivit sagement son meneur. De temps en temps, une envie d’indépendance le faisait sauter en un effort désespéré qui précipitait Yvette à ses côtés. Ses tentatives avortées allaient l’épuisant et, arrivé en vue de la ville, il se calma tout à fait.
    Paul et Yvette se séparèrent à l’entrée de Mende et se donnèrent rendez-vous pour le retour, quelques heures, plus tard. La jeune fille se dirigea à la hâte vers l’hôpital, serrant dans son sac le gâteau qu’elle avait pétri pour Clémence et qui avait un peu brûlé sur les bords.
    La mère, couchée dans le lit, était aussi pâle que les draps et que les murs badigeonnés à la chaux, dans cette salle commune où gémissaient une dizaine de patientes. Yvette s’approcha, impressionnée. D’une démarche mal assurée, elle se dirigea vers le lit. La mère la regardait approcher en proie à une émotion qu’elle n’essayait pas de cacher. Quand la jeune fille fut tout près, elle l’attira violemment et l’embrassa lui mouillant le visage de ses larmes.
    Yvette, très émue aussi, ne comprenait pas les réactions de Clémence. Jusque-là, elle ne lui avait manifesté que de l’indifférence si ce n’était de l’hostilité.
    « Ma petite Yvette, comme c’est gentil de venir me voir ! »
    Yvette restait debout, muette, époustouflée par cet accueil inattendu. Elle était incapable aussi bien d’y répondre que de proférer une parole. La mère la tira d’embarras. Elle la noya sous un flot de questions sur la marche de la maison, sur les voisins et sur des vétilles qui paraissaient à la jeune fille parfaitement anodines. Elle répondait pourtant, un peu au hasard, quelquefois à contre temps. La mère ne semblait pas s’en apercevoir. Elle n’y attachait aucune importance, continuant à poser « question sur question comme si Yvette était rentrée dans le jeu.
    Elle se demandait combien de temps allait durer cette comédie quand entra un flot de visites qui se dispersa dans tous les coins de la salle. Presque toutes les malades avaient une ou plusieurs personnes qui venaient leur rendre visite.
    Alors la mère cessa ses questions et changea totalement d’attitude. Elle prit l’air indifférent qu’elle avait d’habitude quand elle parlait à Yvette et tomba dans un mutisme quasi complet. Elle ne répondit que par des monosyllabes aux efforts d’Yvette pour la faire parler et refusa de goûter au gâteau, disant qu’elle n’avait pas faim et qu’elle n’aimait pas le goût de brûlé !…
    Elle s’allongea, ferma les yeux, dans une attitude d’épuisement extrême. Yvette n’insista pas et, après quelques minutes, la quitta, excédée par ses excentricités. Elle était très contrariée d’avoir fait tout ce chemin pour rien. Et plus encore de ne pouvoir comprendre les raisons de Clémence de demander sa visite. Elle avait l’impression que cette dernière jouait avec elle comme le chat avec la souris, qu’elle tirait les ficelles d’un jeu que la jeune fille ne suivait pas du tout !
    Voulait-elle l’ennuyer ? Se moquer d’elle ? Ou avait-il une raison cachée qu’Yvette ne soupçonnait pas ?
    Portée par la colère, elle marchait d’un bon pas indifférente au spectacle de la petite ville qui s’agitait en cette fin de matinée de toutes ses ruelles étroites et de ses boulevards encombrés. Elle attendit, au pied d’un platane que Paul veuille bien revenir. Mais, se disait-elle, il pense que je vais rester longtemps à l’hôpital et il ne va pas se presser. Malgré elle, elle fut attirée par l’animation du boulevard. Des voitures passaient et repassaient dans un sens, dans l’autre. Des gens se croisaient, s’interpellaient, s’appelant d’un bout à l’autre de la rue...
    Cette agitation surprit Yvette. Elle avait souvent entendu dire que la ville était “morte” en hiver. C’était d’ailleurs, ce que prétendait Jacques. Il lui avait dit un jour :
    « Encore l’été, mais l’hiver, il n’y a rien de plus à Mende qu’à Venède. »
    Puis elle se rappela que ce samedi était le premier grand marché de printemps. De tous les villages environnants, les gens s’étaient

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