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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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La
campagne lui rappelait comment il martyrisait et rudoyait les fils des
bohémiens. Quelqu’un avait-il été témoin de son odieux péché secret ? Il
jeta un nouveau coup d’œil sur la rivière. Il ouït derechef un martèlement de
sabots. Se retournant il gémit d’horreur. Un cavalier vêtu de noir, chape
virevoltante, une silhouette sortie des profondeurs de l’enfer, était immobile
au sommet de la colline. Il semblait avoir du mal avec sa monture. Était-ce le
clerc ? Ce maudit Corbett l’avait-il fait venir ici pour l’interroger ?
Le cavalier talonna son cheval. L’animal, encensant, fonçait dans un bruit de
tonnerre, la cape gonflée de l’homme lui faisant comme des ailes. Le bailli se
remémora ses cauchemars d’enfance. La mort fondait sur lui. Il était pétrifié
sur place. Il n’avait conscience ni du bruit de succion de la boue contre ses
bottes éculées, ni du cri strident des oiseaux, ni du chuchotement fantomatique
de la rivière qui coulait sans hâte. Il ne voyait que ce cavalier venu de l’enfer,
ce cauchemar vivant qui se précipitait tout droit sur lui.
    Blidscote s’attendait à ce que son agresseur
ralentisse, mais ce dernier n’en fit rien. Le bailli opéra un écart à droite,
puis à gauche. En vain. Il recula en titubant. Il se trouvait au milieu des
roseaux à présent, s’enfonçant à chaque pas dans la vase qui maintenant
dépassait la tige de ses bottes. Le cavalier le suivit. Blidscote tenta de
saisir les rênes, mais reçut en échange un méchant et douloureux coup de pied.
L’homme l’obligeait à battre de plus en plus en retraite. Le bailli leva les
yeux sur son visage mais il était masqué et encapuchonné.
    — Mon vieil ami Blidscote !
    Ce dernier était terrorisé. Il était à la limite
des roseaux. Le courant de la rivière le bousculait. L’assaillant abattit avec
force le gourdin qu’il brandissait sur le crâne du bailli. Blidscote tomba sur
le ventre dans les eaux froides et sales qui lui remplirent bouche et nez. L’agresseur
mit pied à terre et, laissant sa monture se débrouiller pour regagner la berge,
tira le corps de sa victime sur les bas-fonds. Il explora en hâte la rive et
revint chargé de lourdes pierres qu’il fourra dans le justaucorps et enveloppa
dans la chape fourrée de vair de Blidscote. Puis il repoussa le corps comme il
l’eût fait d’une petite embarcation. Le bailli, inconscient, fut emporté au
mitan de la rivière. Il flotta quelques instants puis s’enfonça avec lenteur
sous la surface. Le cavalier attendit. Il jeta un regard alentour pour s’assurer
qu’il était seul et, enfourchant son cheval, repartit à travers la prairie.
    Au Guildhall le banquet se révéla fastueux.
Corbett et Ranulf, dans leurs vêtements quelque peu crottés, se sentaient
déplacés parmi les bourgeois et leurs épouses aux riches atours. Sir Louis
Tressilyian, en cotte-hardie pourpre sombre et heuses souples, les accueillit
en haut du large escalier et les escorta jusqu’à la pièce principale. Corbett
se serait cru dans une église tant on avait allumé de torches et de chandelles.
Les hautes fenêtres étaient, pour la plupart, garnies de verre coloré. Sur la
table d’honneur dressée sur une estrade trônait une splendide salière d’argent
frappée aux armes de la ville. La charte royale, qui avait octroyé ses
privilèges à Melford, était placée au centre de la salle sur une table drapée
de tissu de Turquie. On présenta les bourgeois qui entraient : suite
confuse de noms et de visages. Le magistrat serra des mains et, Ranulf à ses
côtés, se dirigea vers la table sur l’estrade.
    Sir Maurice, portant une robe bleu et or sur une
chemise blanche à col ouvert, arriva. Il introduisit Aliénor, la fille du juge,
une petite damoiselle au frais minois. Blonde aux yeux bleu clair comme des
bleuets, elle était ravissante dans sa robe rouge foncé et sa guimpe blanche.
Ranulf l’impressionna fort et le magistrat dut écraser les orteils de son
compagnon pour lui rappeler sans ménagement qu’elle était presque promise à Sir
Maurice. Ranulf chuchota qu’il serait sage, mais qu’il entendait emporter
quelques morceaux de choix à l’intention de Chanson : le palefrenier, à l’instar
des autres serviteurs, était livré à son sort sous l’escalier.
    Le père Grimstone et Burghesh les rejoignirent
sur l’estrade. Le prêtre entonna les grâces, bénit l’assemblée et tout le monde
s’assit. On servit

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