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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Louis
connaissait sans nul doute la réputation de Molkyn tout comme le peu d’amitié qu’on
éprouvait dans les parages pour votre père.
    Corbett s’interrompit.
    — Puis les meurtres ont repris. Cela a
profondément ébranlé la certitude qu’avait Sir Louis quant à la culpabilité de
votre père. Il s’est peut-être douté aussi que le véritable assassin avait pu
être responsable, Dieu sait comment, de l’exécution injuste de Sir Roger. Il a
donc décidé de prendre la situation en main. Il rendrait sa propre justice.
    — Que voulez-vous dire ? interrogea
Sir Maurice qui avait blêmi et ne cessait de tirer sur le col de sa chemise.
    — Sir Louis, je crois que c’est vous qui
avez assassiné Molkyn le meunier, Thorkle, Deverell et je parierai que vous
savez où se trouve le corps de maître Blidscote, énonça le clerc en s’adressant
directement au juge.
    — Vous dites que je suis un juge, releva
Sir Louis. Et j’en suis bien un. Quelles sont donc vos preuves ?
    — Vous êtes un homme honnête, répondit
Corbett. Vous vous êtes trompé, mais vous êtes bon de nature. Vous avez
soupçonné une erreur judiciaire. Vous étiez navré pour Sorrel, la veuve de
Furrell, aussi lui avez-vous alloué une rente, une pièce d’argent que vous lui
donniez à certaines périodes de l’année. Pourquoi ces cadeaux anonymes à des
dates spécifiques ? Toujours l’homme de loi, n’est-ce pas, Sir Louis ?
Elles marquaient le début des sessions de juridiction dans les cours de
Westminster. C’était votre façon de vous souvenir. Vous vous êtes occupé de
Sorrel, comme vous vous occupiez de Sir Maurice.
    Le juge sourit et caressa sa moustache d’un
doigt.
    — Seul un juge pouvait se montrer aussi
généreux, précisa Corbett. Quant à l’agression que vous avez subie à Falmer
Lane le jour où vous êtes venu à Melford pour me rencontrer, c’était étrange !
Pourquoi chevaucher seul ? Pourquoi présenter des excuses pour votre
retard ? Vous n’avez pas voulu que Sir Maurice vous accompagne, n’est-ce
pas ? Vous désiriez jouer les hommes menacés, craignant un assaut à cause
de cette épouvantable erreur judiciaire. Vous vous arrêtez sur le chemin et
observez les alentours. Personne. Vous coupez alors un jeune arbre pour bloquer
le passage, entrez dans le bois, ôtez vos bottes et tirez les flèches. Puis
vous reprenez votre route.
    — On aurait pu me voir, objecta Tressilyian.
    — Non, l’endroit est désert. Deux faits m’ont
intrigué à propos de cette agression. D’abord, qui était cet archer aux pieds
nus ? Il a frappé une fois, mais jamais plus par la suite. Sorrel, qui
connaît ces bois comme sa main, n’a jamais aperçu de mystérieux archer.
Ensuite, si l’assaillant avait pris tant de peine, pourquoi n’a-t-il pas réussi
son coup ? Molkyn, Thorkle, Deverell et vraisemblablement Blidscote sont
morts. Vous n’avez que des écorchures, infligées par vous-même, bien entendu.
Vous vous débarrassez de l’arc et du carquois, et vous vous assurez que tous
les signes d’une attaque sont flagrants. Puis vous repartez. Pour compliquer la
situation, vous placardez aussi une marque grossière sur le gibet et griffonnez
un message semblable sur la pierre tombale de Sir Roger. Ce jour-là, vous n’avez,
sans doute, point eu de difficulté pour agir : il y avait une brume
épaisse. Le cimetière est un endroit peu fréquenté et, quand vous avez été
prêt, vous avez fait irruption dans la crypte en jouant les juges affolés et
blessés.
    — Et les assassinats ? questionna Sir
Maurice.
    Corbett se rendait compte que le jeune seigneur avait
à moitié admis la vérité de ce qu’il disait.
    — Oh, ce fut fort simple ! L’habitude
qu’avait Molkyn de boire le samedi soir était notoire. Sir Louis se rend au
moulin et tranche la tête du meunier aussi aisément qu’on cueille une fleur.
Même chose pour Thorkle. Melford, surtout en automne quand la brume enveloppe
la campagne déserte, est un endroit idéal pour ce genre d’attaque. On s’était
aussi intéressé à Deverell, le charpentier. Sir Louis savait qu’il y avait un
cernel...
    — Où sont les preuves pour tout cela ?
coupa le juge.
    Corbett cacha sa surprise devant le calme de son
interlocuteur. «Il veut qu’on l’attrape, pensa-t-il. Il s’attendait à être pris
au piège. »
    — Elles sont ténues, Sir Louis. D’abord la
note trouvée chez Deverell. Vous souvenez-vous de la

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