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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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la table.
    — C’est regrettable que Lucy ne soit pas
là, remarqua le clerc en se levant et en fermant l’huis à grand fracas. Elle
aussi a beaucoup à dissimuler, non ? On a appris d’autres secrets à
Molkyn. Que Lucy lorgnait le jeune Ralph, son fils. Thorkle était plus souple.
Aucun homme n’a envie d’être traité de cocu. Molkyn voulait la mort de Sir
Roger et on l’avait renseigné sur Thorkle. J’imagine ce qui s’est passé. Le
meunier a menacé Thorkle : « Fais ce que je te dis, sinon on te
plantera des cornes sur la tête toute ta vie. » Je ne pense pas qu’il en
ait fallu davantage à Thorkle. Lui, comme tous les autres, n’aimait pas Sir
Roger.
    — Vous n’avez pas de preuve, affirma Ursula
en essayant de se ressaisir.
    — Si, il en a, mère !
    Margaret en chemise de nuit, sandales à la main,
enveloppée d’une mante, s’était glissée en silence au bas de l’escalier et
tapie dans l’ombre. Elle s’avança et s’accroupit près du feu vers lequel elle
tendit les bras.
    — Vous portez-vous bien, Messire ?
    Elle jeta un regard par-dessus son épaule, son
pâle visage éclairé d’un sourire. Dans la lumière matinale, avec ses cheveux
blonds cascadant sur ses épaules, sa beauté paraissait fragile.
    — Quand vous êtes venu ici, la première
fois, je me suis dit que vous reviendriez. Le corbeau du roi, prêt à picorer la
pourriture de nos vies ! Oh, oui, c’est comme ça qu’on vous appelle,
sourit-elle. Le corbeau du roi : yeux noirs et bec dur !
    Elle se releva et s’installa sur le banc entre
Corbett et sa mère.
    — Notre Père qui êtes aux cieux,
entonna-t-elle. Savez-vous ce qu’est un père pour moi ?
    Les yeux bleus de la jouvencelle s’emplirent de
larmes, ses lèvres tremblèrent, mais elle parvint à se maîtriser.
    — À quoi ressemblait le vôtre, Corbett ?
Venait-il vous border dans votre lit, le soir ? Mon père me rejoignait
dans le mien. Molkyn, avec son gros corps costaud et ses mains épaisses.
    — Et vous l’avez confessé ? s’enquit
le magistrat, qui cacha son propre chagrin en lisant la douleur sur le visage
de la jeune fille.
    — Je me sentais sale. Quand Molkyn a épousé
Ursula, je lui ai tout avoué. À qui d’autre pouvais-je le narrer ?
    — Et je t’ai protégée, rétorqua Ursula.
Chaque fois que je le pouvais, j’envoyais Margaret de-ci de-là. La veuve Walmer
nous a aidées. Je crois qu’elle se doutait de quelque chose.
    — J’aimais aller là-bas, expliqua Margaret
d’un ton rêveur. Elle était très jolie. Je pense qu’elle était éprise de Sir
Roger, et lui d’elle.
    — Vous estimez donc qu’il était innocent ?
    — Oui.
    — L’avez-vous dit à votre père ?
    — Je n’adressais jamais la parole à mon
père. Nous étions des étrangers. Quand on lui a coupé la tête, j’ai été
heureuse que cet étranger terrifiant soit mort.
    — La veuve Walmer...
    Corbett essaya de détendre l’atmosphère.
    — ... qui l’a assassinée, à votre avis ?
    — Le jour de sa mort, répondit Margaret,
elle m’a fait dire de ne pas aller chez elle le soir. Je me suis à moitié
doutée de la raison. Je savais aussi que Sir Roger lui avait offert un cadeau.
Après son assassinat, j’ai seulement pensé que Melford était un endroit où
régnait le mal, où les gens commettaient des péchés mortels.
    Corbett scruta la jouvencelle. Il se demanda si
l’horrible abus qu’elle avait subi ne lui avait pas un peu troublé l’esprit,
dérangé la cervelle.
    — Molkyn est mort, murmura-t-il. Il
répondra de ses crimes devant Dieu. A qui en avez-vous parlé ?
    — J’ai failli l’avouer au prêtre, au jeune,
celui qui s’est suicidé hier soir.
    Elle secoua la tête.
    — Mais qui m’aurait crue ?
    — Moi, déclara Ursula.
    Corbett s’accouda à la table.
    — Et... ?
    — Je vous laisse imaginer, Messire, mes
relations avec mon époux : un ivrogne, une brute, un rustre qui souillait
sa propre fille. J’avais parfois l’impression que j’allais lui vomir dessus.
    — C’est pour cela que vous refusiez d’aller
au moulin le samedi ?
    — Bien sûr ! Qu’il boive, qu’il dorme
comme un porc ! Savez-vous, clerc, que j’ai parfois envisagé de le tuer de
mes propres mains et de mettre le feu à cet endroit ? Je priais pour qu’un
soir il culbute et tombe dans le bief.
    — À qui l’avez-vous conté ? Avez-vous
jamais accusé votre mari

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