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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bien que ce fut un mensonge.
    Elle savait peu de chose de la vie privée de
Deverell mais était intriguée. C’était un bon charpentier, un maître artisan,
dont même Furrell louait le travail.
    — Pourquoi un homme fortuné comme vous n’a-t-il
ni apprenti, ni domestique, ni servante ? interrogea-t-elle.
    — Parce que cela me convient ainsi.
    — Pourquoi ? Que cachez-vous ?
    — J’aime être tranquille, expliqua Deverell
en s’installant au coin de la table comme s’il voulait lui dissimuler quelque
chose. Bon, de quoi s’agit-il, en réalité ? Pourquoi êtes-vous venue céans
m’importuner ?
    — J’ai vu le clerc, messire ! Il est
tout œil vif et bouche cousue. Il va se mettre à enquêter...
    — Alors je lui narrerai en détail ce que j’ai
dit sous serment à la cour. Que la nuit où la veuve Walmer a été tuée, j’ai
aperçu Sir Roger Chapeleys qui s’enfuyait dans Gully Lane. Il semblait
bouleversé et préoccupé.
    — Votre vue est donc si perçante, la nuit ?
    — Il faisait clair. Et selon la façon dont
un homme chevauche, dont il porte sa chape, on peut dire s’il y a quelque chose
qui ne va pas.
    — Et que faisiez-vous là-bas ce soir-là ?
ironisa Sorrel.
    — J’apportais du bois à l’atelier.
    — Je croyais qu’on vous livrait les poutres ?
    Deverell tenta de maîtriser son ire.
    — Je suis charpentier et loyal sujet du
roi, rétorqua-t-il. Si je veux aller quérir une certaine espèce de bois, c’est
mon affaire !
    — Et c’est alors que vous avez vu Sir Roger ?
Furrell prétendait que vous ne pouviez l’avoir entrevu, tout affolé, fuyant
dans Gully Lane.
    — Eh bien, il n’est point présent pour me
contredire, n’est-ce pas ?
    — Non, mais Furrell aussi a témoigné devant
la cour. Il a affirmé avoir lui aussi aperçu Sir Roger, pas du tout l’air
accablé, cette nuit-là !
    — Bah ! s’exclama le charpentier en
faisant un geste désinvolte. Je croyais que vous aviez quelque chose à me révéler !
    — C’est vrai. Le clerc va poser les mêmes
questions. Où vous trouviez-vous ? Comment avez-vous vu Sir Roger ?
Que faisiez-vous en fait ce soir-là ?
    Sorrel se pencha en avant.
    — Et pourquoi, vous qui aimez garder vos distances
avec vos semblables, vous êtes-vous empressé de prêter serment, ce qui a coûté
la vie à un autre homme ?
    — Sir Roger a occis la veuve Walmer,
trancha Deverell en se levant. Et les autres femmes. N’oubliez pas, ma commère,
qu’il y avait moult preuves et que c’est les juges et non moi qui l’ont déclaré
coupable !
    — Ouais ! rétorqua-t-elle. Un jury
dirigé par Molkyn et Thorkle, et vous savez ce qui leur est arrivé. J’ai vu le
cernel, reprit-elle en faisant un geste du pouce par-dessus son épaule. Et la
porte verrouillée.
    Son attention fut distraite par les mains de
Deverell quand ce dernier désigna l’huis. Elles étaient tachées et couvertes de
sciure, mais elle nota que les doigts en étaient minces et longs.
    — Ce sont mes affaires. Et à présent, vous
devriez partir.
    — Dormez-vous bien la nuit ? se
gaussa-t-elle. La tête de Molkyn flottant sur le bief vous donne-t-elle des
cauchemars ?
    Le charpentier l’attrapa par le bras.
    — Vous feriez mieux de vous en aller.
    Sorrel se dégagea. Elle retraversa la cour
pavée. La porte était encore ouverte et elle se faufila dehors. Elle se
retourna pour lancer une dernière repartie mais Deverell ferma l’huis qu’il
verrouilla derechef.
    Il écouta s’éloigner la femme, soupira et se
signa. Puis il fît le tour du cortil pour s’assurer que tout était normal et
sentit ses cheveux se hérisser sur sa nuque. Il fallait absolument qu’il soit
prudent. Son autre mystérieux visiteur était-il parti sans plus de bruit qu’il
était arrivé ?
    Un sifflement étouffé provint de l’atelier.
Deverell se hâta de revenir sur ses pas. Il s’assit sur un tabouret et son
regard traversa la pièce vers un coin sombre. Son cœur se mit à battre à tout
rompre et il déglutit avec peine. Il devrait tout barricader avec plus de soin.
Il avait été piégé avec tant d’aisance ! Son hôte clandestin était-il
toujours là ? Il sursauta quand la silhouette encapuchonnée et emmitouflée
sortit du recoin et se tint immobile, mains enfoncées dans les manches de son
ample robe. Deverell se mordit les lèvres. Il était alors en train de scier un
morceau de bois dans son atelier ; en relevant la

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